Critiques

Les Gueules Noires : entre Germinal et Lovecraft, il n'y a qu'un pas

Par Aetherys
4 min 28 février 2024
Les Gueules Noires : entre Germinal et Lovecraft, il n'y a qu'un pas

Si le cinéma d'horreur occupe une place de choix dans le paysage cinématographique étatsunien, en France, c'est une autre histoire. Les propositions sont régulières et ce, depuis le revival gore des années 2000, sous l'impulsion de Pascal Laugier, Xavier Gens, Bustillo et Alexandre Aja, mais la flamme ne s'est que rarement allumée ces dernières années, soyons honnêtes. 

Pourtant, au cœur d'une mine du Nord de la France, le jeune réalisateur Mathieu Turi aurait creusé jusqu'à trouver une pépite, du nom de Gueules Noires. Cette incursion horrifique prend ainsi cadre aux tréfonds de la terre, dans la France des années 50, aux côtés de gueules toutes de charbon recouvertes.

Lutte sociale, horreur bestiale

Dans un esprit très Germinal, Turi initie d'abord son spectateur à l'ambiance des mines à charbon durant une splendide trentaine de minutes dont on ressent la documentation antérieure afin de construire une ambiance maîtrisée.

Mais quand enfin démarre l'exploration d'une mystérieuse cavité aux côtés d'un groupe de mineurs aux personnalités marquées (voire stéréotypées) affublé d'un professeur convaincu d'une découverte historique capitale, l'horreur pointe le bout de ses griffes. La rencontre se fait d'ailleurs, malheureusement, très rapidement, et se fera régulière quitte à perdre un peu de l'aura cryptique Lovecraftienne que Turi construit progressivement.

 

La créature se révèle cependant efficace dans son design, gigerienne même, et offre quelques séquences horrifiques réussies. L'ensemble de cette excursion est d'ailleurs accompagnée d'une bande son composé par le talentueux Olivier de Rivière (la B.O du jeu Plague Tale, rappelez-vous !) qui use de chœur et de contrebasse afin de concevoir une ambiance pesante réussie. 

 

L'audace de mêler contexte social et horreur fantastique pure a cependant ses limites. Limites qu'on trouve essentiellement dans un scénario simple, truffé de facilités (le personnage du professeur est un cas d'école de l'horreur, précipitant les événements en permanence) et d'incohérences énormes ( SPOILER ALERT : si les premiers mineurs ont ouvert le caveau, comment la bête est-elle rentrée de nouveau dedans ?).

 

Mais que cela ne vous gâche pas l'envie d'aller découvrir ce petit joyau du cinéma d'horreur français, gorgé de bonnes idées, d'un esprit années 80 et d'une photographie somptueuse qui mérite absolument le détour !