Critiques

Critique - Les Ténèbres hurlantes (Christopher Ruocchio) : Une suite exceptionnelle comme une Odyssée dans l'espace

Par Louis - CINAK
3 min 12 août 2021
Critique - Les Ténèbres hurlantes (Christopher Ruocchio) : Une suite exceptionnelle comme une Odyssée dans l'espace
On a aimé
- L'imagination foisonnante
- La beauté du style
On n'a pas aimé
- L'ellipse de 30 ans dans les 70 premières pages

J’avais dépassé le bord du monde. J’étais à la recherche d’un lieu légendaire sur les conseils d’une créature de cauchemar. J’étais devenu le pirate fou de la Vieille Terre, obsédés par des histoires de cités d’or et d’eaux foisonnantes. Comme ces pirates, j’avais perdu tout ce que j’avais en cherchant mon Graal.

Le premier volet du Dévoreur de soleil, L’Empire du silence, nous avait semblé être un excellent début de saga et la suite, Ténèbres hurlantes, transforme l’essai ! Ce deuxième tome est bien meilleur que le premier volume, malgré un début qui nous a totalement perdu ! 

Après ces lignes, je considère que vous avez lu le tome 1 ! Spoiler alert ! Si vous cherchez à vous faire une idée du tome 1, voici l’avis de Syfantasy !

Hadrian Marlowe s’est donné la mission de faire la paix avec les Cielcins, ces aliens qui ravagent la frontière de l’Empire de la Fondation. Pour cela, il doit trouver Vorgossos, un monde mystérieux dont la seule occurrence se trouve dans les légendes. Et c’est à la tête d’une bande de mercenaires, de légionnaires et d’alliés de l’Empire qu’il doit mener son enquête à travers la galaxie. Du moins, c’est ce que l’on s'attendait à découvrir dans ce volume 2. Sauf que l’on retrouve Hadrian des décennies plus tard, après avoir renversé un tyran sanguinaire et sans la moindre trace de Vorgossos à l’horizon !

De prime abord, l’on se sent perdu dans l’intrigue. L’ellipse est immense : la compagnie a réellement combattu comme une compagnie de mercenaires aux confins de l’espace, des relations se sont nouées. Hadrian n’a jamais conclu avec la xénologue … et est tombé amoureux d’une commandante étrangère et les relations avec les anciens membres du Colossus se sont renforcées. Mais tout cela s’est écrit sans nous. Ce qui fait extrêmement peur au début du roman. Mais en y réfléchissant, Christopher Ruocchio n’a fait qu’utiliser son bon sens : il est logique qu’une planète de légende capable d’éteindre le feu de la guerre ne se trouve pas en un claquement de doigt. Il nous a fait économiser 200 pages d’un récit qui n’aurait pas servi l’histoire, en plus d’introduire de nouveaux personnages qui viennent étoffer la légende d’Hadrian. Cela n’empêche pas que cela soit un peu frustrant. Mais rapidement (aux alentours de 70 pages), on reprend les rails car Hadrian doit quitter l’Empire (qui désirait mettre fin à la mission) et cela avec l’équipe qu’on lui connaissait dans le premier tome !

Hadrian s’enfuit dans l’espace Extra-solariens, que sa religion considère comme des monstres, mi-homme mi-machine. En ce sens, Hadrian Marlowe devient le nouveau Marco Polo ou le nouvel Ulysse. Dans l’espace, il va faire la rencontre de xénobites qui ont peuplé les récits de son enfance, entrevoir un oracle machine, découvrir des cités à l’échelle de planètes… Autant de merveilles qui bouleversent son âme déjà fortement éprouvée et qui sont autant d’épreuves pour un palatin élevé dans la piété et la bien-pensance de son éducation impériale. A travers l’écriture de l’auteur, on ressent tout le dégoût d’Hadrian pour ces cultures trop proches de la machine, mais on sent aussi d’infimes changements dans sa personnalité. Durant l’ellipse narrative, il a été confronté à de nombreux obstacles qui l’ont fait mûrir et rendre plus responsable des autres. Le premier volume était un récit de survie, tandis que celui-ci est davantage tourné vers ses camarades, qui l’aident à construire sa légende. De plus, l’auteur n’avait eu de cesse de titiller notre curiosité avec cet espace extra-impérial et il nous sert dignement avec notamment la confrontation inévitable avec les Cielcins avec qui Hadrian va enfin interagir ! (Cielciens qui, selon moi, sont un véritable hommage aux Dirdirs de Tchaï de Jack Vance)

La particularité du cycle du Dévoreur de Soleil est qu’Hadrian nous raconte lui-même sa légende. Il a donc un recul de plus de mille ans sur ses actes et sait quand est-ce qu’il a mis le doigt dans un engrenage qui a conduit à la fin de la guerre, dans le sang et la destruction quasi-totale des Cielcins. L’auteur se permet des traits d’humour en faisant tacler son propre personnage par son moi du futur, ce qui est très savoureux et instille l’impression que nous écoutons un conte raconté au coin du feu

Les Ténèbres hurlantes est encore meilleur que l’Empire du Silence. Après avoir posé le décor, l’histoire ne fait qu’avancer et prendre des proportions de plus en plus épique, en abordant des situations presque magiques et des rencontres de plus en plus impactantes sur toute l’histoire et la personnalité d’Hadrian. En plus d’approfondir les relations avec les personnages secondaires qui prennent de l’ampleur et une réelle importance pour le récit ! Avec Ténèbres hurlantes, on a le sentiment d’avancer dans la légende d’Hadrian. Les noms et les titres qui lui seront attribués se dévoilent peu à peu et clairement on ne s'y attend pas !

Christopher Ruocchio signe une véritable Odyssée dans l’espace, où son héros est admirable, touchant et n’aura de cesse de voler d’épreuves en épreuves. Après avoir lu la dernière page, on en redemande encore. La saga du Dévoreur de soleil mérite d’être lue pour toutes ses raisons !

Chez l’éditeur (Grand Format)

Où le trouver