Critiques

Mad Max Fury Road : le désert des damnés

Par Aetherys
4min 12 décembre 2022
Mad Max Fury Road : le désert des damnés

Le paysage de Hollywood est, depuis des décennies, parsemé de figures iconiques du cinéma, concentrées sur une période tant idéalisée : les années 80/90. Parmi ces personnages, tantôt héros, tantôt méchants, celui de Max est un cas isolé, dont la balance entre le bien et le mal est complexe à mesurer, tant l'univers dans lequel il évolue est totalement dépourvu de valeurs morales.

La célèbre trilogie le mettant en scène, Mad Max, réalisée par George Miller, était l'occasion de découvrir un futur post-apocalyptique à forte teneur en combi cuir, où l'eau et le pétrole étaient devenus des denrées extrêmement convoitées, propres à provoquer guerres et conflits. Mel Gibson, dans la peau d'un ancien policier au volant de sa Interceptor, devenait ainsi l'avatar d'une justice impitoyable, sillonnant les plaines arides d'un monde à l'agonie.

Après un Thunderdome satisfaisant, Tina Turner rangeait sa perruque blonde et Max retournait vers le soleil couchant, en quête d'aventure...

 

Fury Road



Et nous revoilà, trente ans plus tard, avec l'arrivée d'un nouveau chapitre dans la vie de Max, toujours aussi torturé, désormais incarné par Tom Hardy. Le monde, toujours en proie à un chaos destructeur, sert de théâtre à des affrontements haineux pour récupérer les rares ressources restantes.

Parmi les derniers bastions du genre humain, la Citadelle d'Immortan Joe fait figure de refuge dictatorial, avec un contrôle absolu sur toutes ressources, qu'elles soient humaines ou matérielles. Les quelques femmes aptes à procréer sont gardées sous-scellé, le lait maternel pompé à même leurs seins de manière industrielle, et face à tout ça, aucun espoir ne peut être entrevu.

Pourtant, parmi les dunes, on raconte qu'une Interceptor gronde, et qu'à son volant s'y trouve un homme ayant perdu tout ce qu'il aimait. Enchaîné aux fantômes de son passé et déterminé à vaincre tout ceux qui l'empêcheront d'avancer, Max est de retour.

 

Notre avis


Dès sa séquence d'ouverture, le réalisateur mise sur une chose : une action frénétique et ininterrompue, rarement entrecoupée de quelques légers dialogues afin que la tension, tel un moteur poussé dans ses derniers retranchements, ne puisse jamais refroidir. Accompagné par l'incroyable bande son de Junkie XL, Mad Max Fury Road nous embarque dans une symphonie d'acier broyé, de pneus brûlés, et de déserts sillonnés.

 

Les rares instants de répit sont l'occasion de contempler les vastes plaines hostiles recouvertes tantôt d'un orange âcre, tantôt d'un bleu nuit glacial. La photographie soignée permet d'offrir à ce lieu de perdition une aura visuelle indélébile, que ce soit lorsque nous foulons les dunes à bord d'engins de guerre rouillés comme lorsque nous entre-apercevons les limites du désert de Sel.

Pourtant, la force du métrage, au-delà de miser sur une action chorégraphiée avec brio, réside aussi dans ses personnages, incarnations de leur environnement destructeur, parfois victimes d'un système impitoyable -comme avec les femmes servant de pondeuses- parfois guerriers désireux de survivre à tout prix.

Si Max ne parle que peu, l'opposition entre sa rage de vivre et sa volonté de fuir un passé douloureux se voit au travers de ses rêves fiévreux - rarement par ce qu'il dit. Quand on voit Furiosa et son bras mécanique, c'est aussi et surtout dans son regard charbonneux que l'on comprend les douleurs d'une femme arrachée de force à son ancienne vie, rongée par le besoin de rédemption. Et bien sûr, c'est en regardant les visages extatiques des fidèles d'Immortan Joe, prêts à mourir pour lui afin de le retrouver dans un Valhalla chromé, que l'on voit les ravages qu'un faux prophète peut faire.

C'est avant tout par l'image que Miller développe ses personnages et son univers, ainsi que ses règles, et la signification de cette aventure. Au travers d'un road-movie palpitant, le réalisateur australien offre une lettre vibrante d'amour au cinéma d'action, tout en faisant renaître une franchise qu'il a lui-même conçu.

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