Critiques

Métal Hurlant 12, Spécial Lovecraft : le MOOK ultime sur l'héritage du reclus de Providence

Par Aetherys
3 min 1 septembre 2024
Métal Hurlant 12, Spécial Lovecraft : le MOOK ultime sur l'héritage du reclus de Providence

Le célèbre MOOK trimestriel dédié à la bande-dessinée Métal Hurlant arrive déjà à son douzième volume. Après quelques numéros old-school où ils auront pioché dans les classiques tels que Moebius et Druillet, ce MOOK est, depuis le volume 7, entièrement consacré aux nouvelles voix de la bande dessinée et à des dossiers, essais et articles autour d'une thématique centrale différente à chaque numéro. Pour ce douzième volet des aventures du Métal, le magazine pose ses valises en terres lovecraftiennes et offre un tour d’horizon d’un des plus grands auteurs de la littérature fantastique, HP Lovecraft. 

 

Dans sa demeure de R'lyeh la morte, Cthulhu rêve et attend.

 

Ce numéro, centré sur la vie et l'œuvre de Lovecraft, convie son lot d’experts pour discuter (et dessiner) autour du vaste panthéon d’horreurs indicibles créés par celui que l’on appelle le maître de l’horreur cosmique. Que ce soit l’expert absolu de Lovecraft, S.T Joshi qui nous parle de la vie du reclus de Providence, ou encore l’artiste François Baranger qui évoque son rapport à l’illustration de récits lovecraftiens, les entretiens proposés dans ce numéro se révèlent complets et éclairants sur bien des points, que ce soit la tribune de Marc Obregon, qui évoque l’athéisme de Lovecraft, ou l’aventure de Guillaume Renouard, créateur du jeu de rôle Call of Cthulhu ayant popularisé le mythe lovecraftien de manière impressionnante dans les années 80. 

L’autre grand point fort de ce numéro , c’est aussi l’arsenal graphique déployé, qui risque de rendre le lecteur avide de yogshotheries fou en très peu de temps : dans Mater, le talentueux Jorg de Vos déploie une créature infernale nommée Baal pour massacrer ses confrères au travers d’une succession de tableaux chaotiques digne de John Martin. Dans L’Antithèse des Créations, l’artiste Salvador San arrive, en à peine quelques pages, à illustrer l’avènement de Cthulhu face à Azatoth (une entité lovecraftienne), le tout avec un coup de crayon précis et somptueux. 

Il y en a pour tous les goûts dans ce Métal Hurlant douzième du nom, au point qu’on pourra passer du rire aux larmes de terreur cosmique aisément. Tandis que Fred Vignaux écrit une histoire d'aventure autour de Yog Sothoth avec moults combats et scènes épiques, Pixel Vengeur emmène Cthulhu à la plage.

 Pendant que le duo Matthew Allison/Vincent Bonavoglia évoque Innsmouth et Les Montagnes Hallucinées dans un trip hallucinatoire coloré et très pulp, Juliette Pinoteau fait un parallèle improbable et touchant entre l’horreur indicible et une maladie humaine terrifiante. Mais il y aussi de la réflexion derrière le vernis graphique, comme quand Thomas Gilbert, avec sa Tâche, évoque la vie urbaine aseptisée en nous ramenant dans les bras de Shub-Niggurath. 

 Encore une fois, le line-up de Métal Hurlant se révèle foisonnant et riche d’une diversité graphique qui n’hésite pas à expérimenter tout et n’importe quoi autour d’un thème central. Ce douzième volume ne fait pas que simplement fureter dans l’ombre d’un géant de la littérature : il s’approprie son mythe et ses créations pour proposer un panel d’oeuvres graphique vaste et innovant, sachant faire le pont entre passé et futur au travers de récits philosophique, hilarants, horrifiques et dramatiques. Indispensables pour les fans de Lovecraft comme pour celles et ceux qui désireraient prendre des vacances sur les rivages d’Innsmouth. 

 

Metal Hurlant T12 est disponible juste ici !