- Féministe, écologisme et bottage de culs !
- Des artistes particulièrement talentueux pour illustrer et mettre en couleur ce comics.
Personnage à succès de la franchise Batman, elle est pourtant moins iconique que Catwoman ou Harley Quinn. La faute à l’ambivalence de Poison Ivy dûes à ses nombreuses évolutions et reboot depuis sa création en 1966.
D’abord présentée comme une méchante de seconde zone, doublée d’un interêt romantique pour le chevalier noir, elle se fait discrète pendant plusieurs années après sa première apparition. Il faut dire que la plupart des adversaires iconiques de l’homme chauve-souris ont un charisme plus développé et que Catwoman bénéficie d'un succès auprès du publique, qui l'impose en tant que séductrice rebelle.
Il faudra attendre les années 80 pour que la rouquine se voit affublée de nouvelles origines, de son pouvoir de séduction liés aux phéromones toxiques générées par son corps et de son pouvoir sur la flore. C’est aussi à cette époque que naitra son image de femme fatale vénéneuse, qui lui collera à la peau durant plusieurs décennies.
Dans les années 90, l’excellentissime série animée Batman épaissie encore le personnage de Poison Ivy : l’émergence des discours écologistes font d’elle une militante en faveur de la nature, obsédée par l’idée de punir l’humanité qui pollue la Terre.
Aujourd’hui, à l’heure où la question environnementale est sur presque toutes les lèvres, Poison Ivy s’impose comme un personnage moderne, complexe, égérie d’une lutte contemporaine.
Avec cette nouvelle série intitulée Poison Ivy Infinite, les éditions Urban Comics transforment la plus sexy des empoisonneuses en incarnation de la revanche de Mère Nature.
Tome 1 : Cycle vertueux.
Pamela Isley, dite Poison Ivy, a perdu une partie de ses pouvoirs suite au fractionnement de son âme et à son éveil en tant que Queen Ivy (Batman Infinite T3 : l’état de terreur partie 2.)
Commence alors une longue quête, un retour aux origines, une histoire qui s’annonce à la fois comme un début et une fin.
Après s’être volontairement infecté à l’ophiocordyceps lamia (un champignon que les fans de The Last of us connaissent bien !) Ivy quitte Gotham et Harley Quinn pour se lancer dans un voyage à travers les États Unis. Si elle répand l’infection sur son passage dans le but d’éliminer l’humanité et de sauver la planète du désastre écologique, elle n’est pas motivée par la colère mais par la résignation. Le constat est simple : les humains sont des parasites et la seule manière de sauver le reste du vivant est de détruire ce parasite.
Pourtant, les différentes rencontres qu’elle fera durant son voyage vont faire vaciller ses convictions. Bien loin de la meurtrière de masse fanatique, Ivy s’interroge souvent sur le bien fondé de ses actions. Il ne s’agit plus là d’une méchante, mais plutôt d’une anti-héroïne tiraillée entre son amour, son devoir et ses désirs.
La rose et l’épine
Scénarisé par Gwendolyn Willow Wilson cette histoire est celle d’une Poison Ivy résignée, déchirée, mais déterminée. Ni potiche, ni faire-valoir et loin du ridicule dont certaines adaptations l’ont affublée, on tient ici la mouture la plus crédible du personnage.
Sublimée par les dessins de Marcio Takara, qui excelle autant quand il s’agit de traduire les sentiments des personnages que de mettre l’action en scène, le comic prend ici des allures d'œuvre d’art. Mention spéciale aux superbes aquarelles de Jessica Fong qui font office de couverture pour chacun des 6 chapitres de ce tome 1. Un tome qui peut tout à fait se lire comme un one shot, de quoi convaincre les plus frileux de s’y essayer !
Féministe et éco-militante Poison Ivy devient l’égérie des préoccupations qui secouent le monde actuel. L’on peut néanmoins reprocher aux auteurs de ne pas avoir voulu froisser une partie de leur lectorat, en refusant de radicaliser totalement leur personnage, qui se lance dans un pamphlet hors de propos sur les vegans (qui ne sont pas tous des bobos consommateurs de sirop d’agave, qu’on se le dise !) Cependant cela n’empêche pas ce tome d’être une franche réussite et de promettre le meilleur pour la suite.
Et pour les fans les plus curieux, en plus des traditionnels artworks (d’une beauté à couper le souffle au demeurant) les dernières pages du comics se voient agrémentées d’une histoire des origines de Poison Ivy, publiée en 1985 et scénarisé par le grand Neil Gaiman.
Poison Ivy Tome 1 (DC, Urban Comics)
Poison Ivy Infinite, une nouveauté disponible chez Urban Comics !