Le steampunk est un genre littéraire codifié n'ayant jamais connu d'âge d'or, contrairement à bon nombre d'autres genres littéraires. Si son ambiance visuelle et ses références dans lesquelles il puise sont connues, notamment via ses cités construites sur des rouages et de la vapeur, il est plus complexe de définir des récits marquants du steampunk, et encore plus d'y trouver des incursions hors des sentiers battus du genre.
On citera volontiers les fondateurs, comme Tim Powers et ses Voies d'Anubis, qui cherchaient avant tout à se moquer de la Hard-SF en parodiant le genre dans une version plus mécanique. Il y a eu d'autres œuvres plus récentes comme L'Empire Électrique de Victor Fleury, ou même Les Temps Ultramodernes de Laurent Genefort.. mais le steampunk reste limité dans ses possibilités, tant visuelle que scénaristique. Mais le steampunk reste pourtant un sous-genre qui parvient à offrir de belles créations sorties d'esprits fertiles.
Et c'est ce dont nous allons parler en allant du côté de l'animation japonaise, avec le film Steamboy de Katsuhiro Otomo, sorti en 2004. Car s'il est essentiellement connu pour son œuvre maîtresse qu'est Akira,il est pourtant bien loin d'avoir posé les armes ! Après des essais dans la réalisation de films en live-action comme Mushishi, il a notamment offert à nos yeux ce film d'animation colossal, lui ayant pris 10 ans de sa vie.
L'histoire
Le film prend place dans un Londres gouverné par la vapeur, durant un XIXème siècle houleux, où les tensions entre les nations sont à leur paroxysme. On y suit un jeune garçon, Ray, qui reçoit une mystérieuse sphère de la part de son grand père porté disparu. Ce que ne sait pas encore Ray, c'est que cet objet pourrait bien révolutionner le monde, ou l'emmener dans un chaos total... Alors que l'exposition universelle de Londres est en plein préparatifs, Ray essaie d'échapper à une étrange organisation désireuse de récupérer la sphère ainsi que ses propriétés pour le moins étonnantes…
Notre avis !
Steamboy est l'aboutissement d'un travail minutieux de la part d'Otomo à rendre grâce au moindre engrenage, au moindre élément mécanique qui compose cette fresque victorienne. Si les personnages principaux sont vite supplantés par le chaos écrasant des nations belligérantes, Otomo reste maître de son orchestre et offre à voir de somptueuses séquences d'animation, à peine vieillies par l'usage de CGI (le film date de 2004, après tout !). En grand amateur de destruction, Steamboy offre son lot de scènes épiques où se confrontent des forces dépassant nos propres personnages, écrasés par le poids des événements. C’est d’ailleurs finalement le seul point faible que l’on pourrait mentionner dans ce métrage : son manque de développement de personnages au profit d’une symphonie destructrice.
Steamboy ressemble sans s'y méprendre à son aîné, Akira, tant Otomo y déverse les mêmes craintes envers des technologies incomprises de l'Homme, créateur voulant supplanter le divin...à la différence que l'on passe de la bombe atomique à des trains à vapeur. Pourtant, le message reste le même, et est toujours aussi percutant : la volonté de l'Homme à user de la science pour aller de l'avant est une chose.
Mais il faut parfois savoir revenir sur ses pas, afin de vérifier que le chemin emprunté est le bon, car la technologie doit être, selon Otomo, un moyen de pacifier l’esprit des Hommes, pas de l’emmener davantage vers des temps sombres…