L’univers construit par J.R.R. Tolkien tout au long de sa vie, a longtemps été regardé sous le prisme de la mythologie scandinave ou de l’imaginaire médiéval. Si on ne peut ignorer que Beowulf et la Matière arthurienne aient été de grandes influences pour le Professeur, l’Antiquité a longtemps été une source d’inspiration ignorée par la recherche. Dimitri Maillard et son équipe de chercheurs internationaux comblent ce vide avec Tolkien et l’Antiquité : Passé et Antiquité en Terre du Milieu, une publication des éditions Classique Garnier.
Cet ouvrage est d’une grande érudition, l’œuvre de Tolkien a été passée au crible, tout comme ses lettres et un grand nombre de textes qui n’ont pas encore été traduits. Chaque partie se concentre sur un aspect précis du chef d’œuvre littéraire : la nature, la nostalgie, le passé, les ruines, le langage, le passage du temps. Virgile, avec son Age d’Or est au centre de bon nombre de comparaisons, car les elfes disparaissent en emportant le souvenir d’un passé merveilleux. Nous découvrons comment le Professeur joue sur nos propres fantasmes d’une antiquité idéale en construisant l’Histoire de son propre monde.
Une étude passionnante, cependant la moitié de cette dernière est en anglais. Cela peut être un frein à la compréhension des sujets particulièrement pointus qui sont abordés. C’est précisément là que ce trouve l’intérêt de ce livre, la capacité des chercheurs et chercheuses à révéler la force de l’œuvre de J.R.R. Tolkien au regard des grands textes de l’Antiquité. Comprendre l’impact qu’Homère a eu sur l’auteur du Seigneur des anneaux donne envie de relire L'Illiade et le Silmarillion en parallèle afin d’y trouver soi-même des accointances.
Une invitation à la recherche
Afin de cerner au mieux les intentions de ces chercheurs, il me parraît important de citer l’introduction de Dimitri Maillard :
« L’idée que le bloc historique de l’Antiquité constitue une inspiration est ordonnée autour de ces trois idées principales : les âges internes, l’évocation du passé antique et les transpositions d’ères de l’Antiquité. Celles-ci n’épuisent pourtant pas le sujet, et on se satisfera que de telles recherches puissent en inspirer d’autres. »
Cet ouvrage est donc un essentiel pour les amoureux de la Terre du Milieu, mais il peut être abrupte pour les novices.
Bonne lecture bande de Hobbits !
