Critiques

Valentin Sécher nous explique son travail sur Conan !

Par Maxime - Carraz
3 min 21 novembre 2022
Valentin Sécher nous explique son travail sur Conan !
On a aimé
- Une interview intéressante
- Par un artiste talentueux et des plus sympathiques.
On n'a pas aimé

À l'occasion de notre dossier sur Conan le barbare, nous avons demandé à Valentin Sécher de bien vouloir nous expliquer son travail - ce qu'il a généreusement accepté.

Nous vous retranscrivons ici notre interview.

Maxime : Tes choix graphiques me semblent correspondre, du moins en grande partie, à l’imagerie traditionnelle de la fantasy. As-tu envisagé d’autres manières d’illustrer La Tour de L'Éléphant ?

Plus généralement, peut-on imaginer pour Howard des univers graphiques qui auraient été radicalement différents ? Un qui aurait ressemblé au travail d’Alexandre Laclaverie sur Cosmogénèse par exemple, ou bien aurait-ce manqué de pertinence ?

Valentin : Non, je n'ai pas envisagé d'autres manières de faire, mais cela n'aurait rien eu d'absurde.

C'est que, venant de terminer un album de bande-dessinée avec Julien Blondel “Conan l’heure du dragon”, les choses se sont faites très naturellement. J’ai démarré “Conan la tour de l’éléphant” avec les acquis et les designs déjà entamés dans la bande dessinée. Cela s’est fait de manière très instinctive.

 

Maxime : Posons désormais la question en quelque sorte inverse : comment t’es tu emparé de l’imagerie fantasy pour ton propre projet ? Peux-tu le définir pour nous ?

Valentin : À la lecture de la nouvelle, je me suis tout de suite imaginé la scène comme un conte des mille et une nuits. Les premières couleurs sont apparues ainsi que les images d’architecture et de costume. Ces images étaient tournées vers l’art oriental, tel que les peintures de l’Égypte antique.

L’une des conditions donnée par Bragelonne étant de faire de la peinture traditionnelle, et de préférence de la peinture à l’huile comme Hugo Pinson ou Timothé Montaigne pour “The Witcher”, je me suis tourné vers des illustrateurs du début du 20ème siècle, comme Dean Cornwell. J’ai adapté ma technique en fonction de tous ces visuels pour faire ma soupe.

 

Maxime : Pourrais-tu nous parler du rapport qui s’est installé entre le texte et ton travail d’illustration ? Tes choix me paraissent vraiment faire écho au côté fantaisiste et joueur d’Howard, et tu reprends sa liberté, quitte presque à le trahir parfois ; je pense en particulier au vaisseau qui apparaît lors du récit de Yag-Kosha.

L’impression pour moi en a été un dialogue entre le texte et l’image, plutôt qu’une simple illustration : en quoi ce dialogue a-t-il consisté ?

Valentin : C’est très bien de donner cet exemple précis du vaisseau car le travail d’adaptation n’est pas le même en bande-dessinée. On peut trahir le texte car on refait les dialogues.

Ici, les textes sont mis sur l’image donc on ne peut pas trahir le texte. Si dans le texte il est noté que la tour est argentée, il faut faire une tour argentée sinon il va y avoir un décalage entre le texte et l’image.

Par contre, pour cet exemple précis, j’ai essayé de combler les vides. Il me semble qu’ici il y en avait un car Yag-Kosha parle à Conan, un barbare qui n’a aucune notion de l’espace et de l’astronomie. Je me suis donc imaginé, dans cette situation précise, que le personnage de Yag-Kosha expliquait les choses de telle manière à ce que Conan les comprenne. Mais, j’avais conscience avec mes illustrations, de m’adresser à des lecteurs qui vivent dans un univers où la science-fiction est très présente et qui sont beaucoup plus au courant par rapport à Conan.

Pour moi, il s’agissait de nourrir cet imaginaire-là, de montrer les choses telles que Yag-Kosha les racontaient et non comme Conan les comprenaient.

Ce qui est intéressant dans un travail artistique, ce sont les limites. Plus on a de limites, plus on a de liberté dans un sens, car on est cadré. Dès que j’avais une fenêtre telle que cette scène, j’aimais bien en quelque sorte trahir les attentes, pour trouver mon petit chemin de liberté dans ce travail très balisé.

 

Et l'interview s'achève ici - en espérant qu'elle vous aura plu !

Si vous souhaitez découvrir notre dossier sur Conan le barbare, et notre critique de La Tour de L'Éléphant,  c'est juste ici.

Sinon, pour retrouver cette belle édition illustrée, elle est là, sur le site de Bragelonne.