- L’enchaînement des épreuves qui donne un rythme soutenu au livre
- Le traitement naturel du sujet de l’interruption de grossesse
- Le manque de suspens à certains moments
- La résolution un peu trop rapide
Villa Anima de Mathilde Maras est publié chez les éditions Gulfstream. La couverture rouge tapante représente une jeune femme escortée par quatre hommes et entourée de statues à l’allule sollennelle, dévoilant parfaitement l’atmosphère de l’histoire. Dans celle-ci, la jeune femme sera effectivement au centre, et elle défiera l’autorité pour obtenir les droits dont elle est privée !
L’histoire
Magdalena, jeune fille d’un petit village pauvre, vit entourée de sa famille et de son petit ami. Son univers n’est pas fastueux, mais rempli d’amour. C’est là qu’un bouleversement vient tout changer : à seize ans, Madga est enceinte. Elle aime son petit ami et envisage d’avoir des enfants avec lui, mais pas comme cela, pas maintenant.
Une seule solution s'offre à elle : défier les épreuves de la Villa Anima et obtenir l’écharpe verte, qui lui octroiera un statut dans la société et le droit de mettre fin à sa grossesse.
Mais si les femmes peuvent officiellement relever le défi et s’élever dans la société, il ne faudrait pas qu’elles soient trop ambitieuses. C’est ce que Magda va découvrir, et cette réalisation va allumer en elle un feu intarissable. Débute alors une quête aussi héroïque qu’intime pour trouver sa place dans un monde qui la relègue au second plan.
Notre avis
Dans son roman, Mathilde Maras nous propose un quasi huis clos dans une villa aux pouvoirs étranges. Le monde est assez simple : l’Empereur vieillissant règne sur le pays à l’aide de citoyens hiérarchisés. Rouge, bleu, orange et vert sont les couleurs des écharpes qui donnent une place dans la société. Transmis par le père pour les hommes, les femmes doivent l’obtenir à travers des défis testant leur Esprit, une capacité vague qui semble avoir déserté la gente féminine.
Mais la jeune fille n’a pas le choix. Si elle veut mettre un terme à sa grossesse, elle doit obtenir la première écharpe. Ce qui commence par une nécessité deviendra un choix, car Magda comprend vite que rien n’empêche les femmes d’obtenir des droits, à part l’incitation à rester à leur place disséminée dans leur éducation.
Madga n’est pas de celles qui battent en retraite. Grâce au soutien de sa famille et de son petit ami, elle se battra jusqu’au bout, même si cela lui demande de risquer sa vie.
C’est là que l’autrice nous offre un aspect intéressant : l’héroïne choisit consciemment de défier la villa Anima. De plus, elle utilise son esprit critique pour comprendre la situation de l’Empire et réaliser que tout est mis en place pour la faire échouer. Loin de plier sous la réalisation, cela lui donne la force de continuer à se battre. Un bel exemple de résilience, une des forces du roman !
L'atmosphère est également intéressante. Une intrigue basée autour d’épreuves est toujours efficace, mais ici le jeu ne se termine pas lors de la victoire. Le véritable enjeu se trouve à l’extérieur, dans les couloirs de la Villa Anima où les complots pullulent. D’ailleurs, ceux-là rattrapent la simplicité parfois frustrante des épreuves.
L’on peut regretter que les personnages secondaires soient quelque peu survolés, mais certains sont marquants, comme Théodore, qui sera d’une aide inespérée pour la jeune fille, ou Reynes Degraives, maître manipulateur de la Villa.
Enfin, l’intrigue peut sembler cousue de fil blanc aux habitués du genre, pourtant l’envie de tourner les pages persiste. Comme l’écrit l’autrice, qui pourrait croire que la vengeance a la douceur d'une écharpe de soie ?
Conclusion
Villa Anima est une ode à l’audace, dépeignant l’histoire d’une jeune fille qui voit évoluer son envie de mettre un terme à sa grossesse en un brasier prêt à faire trembler l’Empire. De l’intime à la politique, il n’y a qu’un pas, ce que montre parfaitement l’histoire de Magda. Un beau portrait de l’ascension d’une jeune fille qui tentera de s’extraire à tout prix de sa condition.
Et vous, êtes-vous prêt à défier la Villa Anima ?