Critiques

Vous êtes certainement passé à côté de l'anime de 2023, et voilà pourquoi

Par Aetherys
4 min 23 juillet 2024
Vous êtes certainement passé à côté de l'anime de 2023, et voilà pourquoi

2023 aura décidément été une année avec de bons crus.

Des suites tant attendues (Vinland Saga, Jujutsu Kaisen, Demon Slayer) aux petits nouveaux dont l'arrivée aura marqué le genre (impossible de ne pas penser à la surprise qu'aura été Pluto, ou bien encore Frieren), il y en aura eu pour tous les goûts.

Mais certainement rien de semblable à  A Journey Beyond Heaven, ou Tengoku Daimakyou.

Sorti en SVOD sur la plateforme Disney +, cet anime n'a pas eu le succès mérité et le rayonnement suffisant des réseaux sociaux à sa sortie, raison de plus pour l'évoquer une nouvelle fois, afinde vous inviter à le regarder !

Le Paradis de Dante


Cet anime à la croisée des genres, flirt improbable entre Eden : It's A Endless World, Dragon Head ou encore The Promised Neverland, se révèle être LA surprise de l'année, dont les facteurs de sa qualité sont aisément identifiables.

 

L'histoire


Pour commencer, le matériau de base, qui est un manga seinen démarré en janvier 2018 par Masakazu Ishiguro. L'histoire prend place dans notre monde, après un cataclysme ayant fait s'effondrer la société sans pour autant amener l'extinction totale de l'humanité. Si l'on en apprend peu sur l'origine de cette destruction, le mangaka sème aussi bon nombre de questionnements avec ces deux récits alternés : d'un côté, celui de Kiruko et Maru, à la recherche d'un endroit baptisé le paradis, et de l'autre, celui de jeunes enfants enfermés au cœur d'un pensionnat haute technologie leur inculquant de ne jamais s'aventurer hors de ses murs.

 


En virevoltant d'un récit à l'autre, deux facettes d'un monde dévasté, mais en reconstruction, se dévoilent à nous : d'un côté, la dangerosité du monde extérieur aux côtés de notre duo de jeunes adultes face à l'humain et aux dévoreurs, créatures apparues après le cataclysme, et de l'autre la sécurité anxiogène du paradis avec ses pensionnaires n'ayant aucune notion du monde extérieur. Une aura de mystère plane ainsi tout au long du visionnage, nous laissant avec cette curiosité et cette envie de découverte en bouche.

 

 

Pourquoi c'est l'anime de l'année ?


Tengoku Daimakyou sait s'y faire pour nous faire passer du rire aux larmes avec une aisance désarmante. On passe ainsi d'un slice of life postapo léger, où les moments de complicités entre Kiruko et Maru sont nombreux, à des scènes dures, violentes, et parfois inattendus (à l'image de la transidentité, qui devient un des noyaux du récit), cimentant les bases d'une narration rythmée pleine de rebondissements et de rencontres touchantes.

La vaste galerie de personnages complexes que propose le manga amène une foule de sujets traités avec maturité, tout en mettant en résonance des thématiques d'actualité tel que la place de l'intelligence artificielle ou la quête de l'immortalité.

À vouloir embrasser autant de genres (cybernétique, fantastique, post apocalyptique, tranche de vie, comédie, action), on pourrait croire à une évidente saturation, qui amènerait l'œuvre à ne pas réussir à saisir pleinement ses thématiques et à les traiter de front. Pourtant, c'est l'inverse qui apparaît au gré de notre visionnage : les personnages révèlent une certaine profondeur et l'histoire sait garder ses zones d'ombre afin de conserver un mystère constant.

 

Production I.G., le studio d'animation mythique


Mais une adaptation n'est que peu de choses si un studio chevronné n'est pas aux manettes : c'est sûrement pour cela que cette tâche est revenu à l'un des cadors de l'industrie, le studio Production I.G, derrière Psycho Pass, Guilty Crown, Kukuro's Basket ou le récent Kaiju 8. Leur capacité à traiter avec maestria le cyberpunk (Psycho Pass, Ghost In The Shell : Stand Alone Complex, Guilty Crown), le sport (Haikyu) ou le slice of life (Kukuro's Basket) montre ainsi leur grande flexibilité artistique, mélange que l’on retrouve ici dans Tengoku.

Avec une richesse graphique surprenante et dépaysante, l’équipe de Production I.G dévoile les contours d’un monde dévasté, avec force de détails, tout en y intégrant de façon très fluide des scènes d’action à couper le souffle. Chaque séquence y est détaillée avec grande minutie, frame par frame, accompagnée d’une mise en scène lumineuse et soignée, dont l’influence filmique est plus qu’évidente. Cela va du changement de format d'image à l'usage de différents effets de focale, de tremblements de caméra, à des inserts macro sur de petits éléments du quotidien, le tout dans une volonté de rythmer le récit et d'offrir une expérience de visionnage unique.


Cette première saison de Tengoku Daimakyou, riche en rebondissements et en séquences splendides, pave ainsi la voie à un renouveau du Seinen postapocalyptique/cyberpunk, pour notre plus grand bonheur.