1.
| La Nuit des temps de René Barjavel
Qui ne connaît pas Barjavel, ne serait-ce que de nom ? C’est avant tout La Nuit des Temps qui l’a fait connaître dans le monde entier grâce à ses personnages venus du passé qui rejouent pour nous le drame de Roméo et Juliette !
Une expédition en Antarctique découvre, ahuri, les ruines d’une cité et un énorme objet doré ovoïde renfermant en son sein un homme et une femme, dont les crânes sont recouverts de casque d’or ! Lentement mais sûrement, on en apprend davantage sur ces quasi-aliens qui sont touchants car découvrant la fin de leur civilisation. Eléa, la femme et la première à être réveillée, est perdue dans un monde qu’elle ne reconnaît pas. Evidemment, un des scientifiques tombe éperdument amoureux de cette femme sublime et exotique par son histoire…
Le voyage dans le Temps est assez particulier ici car il se base sur les canaux de télévision mondiaux ! En effet, Eléa, à son réveil, va « transporter » les Humains de notre époque à travers une épopée télévisuelle. Chaque foyer a alors l’occasion de remonter le Temps, des milliers d’années en arrière pour contempler la chute d’une civilisation très avancée, Gondawa ! Savant mix entre la chute de l’Atlantide et de celle de Rome !
En toile de fonds de ce roman, Eléa se rappelle son premier et unique amour, Païkan et c’est cette amour qui la porte encore et qui la pousse à s’empoisonner pour éviter de vivre avec l’homme qui devrait devenir son époux et qui était dans la capsule avec elle. Barjavel arrive à magnifiquement bien dépeindre la détresse et la rébellion d’une femme face à une situation qui la déchire (d’autant que sa séparation avec son ancien amour est encore fraîche pour elle qui s’est endormie il y a 90 000 ans).
La Nuit des temps est un classique de la science-fiction, temporelle ou non. Une vraie pépite qui n’a pas pris une ride !
2.
| La Machine à explorer le temps de H. G Wells
H.G. Wells s’est frotté à l’avenir lointain et à la rencontre du troisième type ! Avec La Machine à explorer le temps, il esquisse une Terre 800 000 ans après notre ère où les Hommes ont muté en deux espèces distinctes : les Eloïs, des êtres parfaits vivants sur une surface paradisiaque, et les Morlocks, des singes mutants travaillant sous terre pour rendre le paradis possible. Pour Wells, le Temps fera des ravages sur nos sociétés, conduisant à un nouvel ordre (qu’il voit clairement d’un mauvais œil) et à une hiérarchisation des nouveaux Hommes.
Parmi les premiers récits de science-fantasy (avant même que l’étiquette ne voit le jour), La Machine à explorer le temps traite avant tout d’un avenir où les restes de notre civilisation ont été oubliés au profit d’une vie à l’image de l’Eden de la Bible. La classe laborieuse a muté en quelque chose d’effroyable, tandis que les riches bourgeois (Wells appuie là où cela fait mal pour son époque – le roman est publié en 1895) sont devenus des êtres parfaits et oisifs qui n’ont aucunement conscience de comment leur monde est maintenu en vie (les Morlocks s’occupant de faire fonctionner une machinerie complexe).
Evidemment pour l’époque, une romance doit forcément advenir entre le savant réussissant à voyager dans le futur et une jeune et innocente femme du beau peuple de ce monde. Les clichés ont la vie dure mais l’image de la femme n’en ai pas fortement dégradé non plus. Le roman n’est que le reflet de son époque avec son aventurier masculin prêt à tout pour sauver la veuve et l’orphelin…
Nous vous invitons fortement à lire La Machine à explorer le temps, ne serait-ce que pour votre culture littéraire !
3.
| Les Temps parallèles de Robert Silverberg
Plus connu pour son cycle de Majipoor, Robert Silverberg s’est amusé avec Les Temps parallèles ! En 2059, nous pouvons voyager dans le passé et apercevoir les grandes heures de l’Humanité grâce à un guide temporel. Guide qui vous rappelle de suivre exactement ses pas sinon gare aux paradoxes temporels !
Dans les Temps parallèles, nous suivons la trace de Jud, un jeune guide temporel passionné par l’histoire de Byzance. En bon étudiant faisant ses devoirs, il prend des notes sur la foultitude de paradoxes temporels qu’il pourrait déclencher au cœur de la Byzance romaine. Entre deux jeux du cirque et explorations des églises d’antan, il rencontre une de ses ancêtres. Dommage, car il a le coup de foudre pour son arrière-arrière-…-grand-mère et c’est réciproque... De quoi mettre le bordel dans le fil inextricable du temps ! A l’image d’un Douglas Adams, Robert Silverberg vous promet des dialogues complètement loufoques et savoureux.
Mais le tout sera toujours mâtiné d’un fond de sérieux. L’auteur a réalisé de nombreuses recherches autour de la ville de Byzance/Constantinople et la précision se ressent dans l’ambiance qu’il nous décrit tout autour de ce tourisme temporel ! Qui plus est, le ridicule s’appuie sur la science : les séquences de formation de Jud sur les différents paradoxes temporels partent toujours d’un bon fond, avant de déraper et de se conclure par « bon ok, admettons ! ».
Les Temps parallèles est une très jolie entrée en matière dans la SF temporelle car l’humour est au rendez-vous !