1.
| Rewind Time !
Rewind Time !
Après les événements de John Wick 3 : Parabellum, John Wick continue son errance fantomatique à travers le monde, en quête désespérée d'une porte de sortie lui permettant d'enfin fuir cet ancien monde de mercenaire auquel il ne désire plus appartenir. Pourtant, l'arrivée d'un personnage nommé Le Marquis pourrait bien lui mettre de sérieux bâtons dans les roues, et compromettre sa quête d'absolution. L'histoire de John Wick 4 ne se permet clairement pas de grandes envolées, disons le d'emblée. On y suivra, encore une fois, les déconvenues musclées du personnage, entrecoupés de quelques dialogues ne volant pas très haut. Cependant, le lore continue, malgré ses faiblesses, de s'enrichir de personnages toujours plus iconisés, que ce soit dans leur accoutrement comme dans les lieux dans lesquels ils évoluent.
2.
| Hotline Wick : Miami
En effet, le personnage increvable de Wick prend ici une tournure encore plus appuyée, assumant désormais pleinement le fait qu'il ne puisse jamais véritablement mourir... Un autre exemple qui illustre cette narration empreinte de vidéoludisme, c'est aussi les combats menés contre certains antagonistes qui, dans leur façon d'être annoncés, rappellent les séquences de combats de boss (on pensera ici à celle, mémorable, de Killa, homme à la carrure proche d'un Kingpin, interprété par le truculent Scott Adkins)
Enfin, une scène filmée en plan-séquence vu du dessus fera clairement un rappel évident au monument Hotline Miami, tant dans la manière de filmer que dans l'usage d'une bande-son synthwave/techno explosive. John Wick est clairement une figure vidéoludique, semant la mort sur son passage.
La musique est d'ailleurs une nouvelle fois un support clé durant les affrontements, tant d'un point de vue rythmique en coordonnant l'action et les mouvements de nos protagonistes, que d'un point de vue stylistique. De nombreuses scènes de combat reprennent cette dualité entre danse et castagne dans des ballets diaboliques à en faire pâlir le cinéma hong-kongais. C'est d'ailleurs durant ces affrontements dansants, au milieu d'une foule impassible, que l'on se rendra le mieux compte de la maestria technique de ce quatrième volet.
3.
| Wick en perdition (?)
Wick en perdition (?)
Après ses presque 3h d'action effrénée, on ressort profondément vidés tant ce film ne se permet aucun temps mort. Mais c'est justement dans son envie de pousser le bouchon toujours plus loin que John Wick 4 trouve toute sa félicité : d'abord dans sa patte visuelle, qui ne cesse de cumuler effets néons et fumée dans des décors industriels et urbains, puis dans sa trame narrative qui ne se permet aucune concession et où la violence fait loi.
On s'accorde une lourde suspension d'incrédulité face aux failles béantes de la structure scénaristiques de La Table, mystérieuse structure régissant les agissements des mercenaires du monde entier, car on ne désire finalement qu'une chose en regardant cette saga : s'atomiser les mirettes devant des combats exceptionnellement bien chorégraphiés tout en regardant John Wick survivre à quantité de coups, sans jamais choir.
Le voyage de notre boogieman nous emmène ainsi aux quatre coins du monde : une incursion colorée au Japon, où l'on retrouvera Hiroyuki Sanada en duo avec l'envoûtante Rina Sawayama (qui signe d'ailleurs un morceau de la bande-son). Puis après un rapide passage dans les terres ensablées de l'Arabie, nous arriverons dans les rues de Paris, avec en guise d'antagoniste Bill Skarsgard, cantonné à être le méchant français. Freiné par cet accent anglais venu des enfers, il lui fera perdre toute sa crédibilité durant les scènes phares, tout en s'offrant une conclusion déplorable. Mais qu'en est-il du reste ?
L'interprétation de Keanu Reeves, bien qu'effroyablement monolitihique, reste après tout en adéquation avec le personnage voulu par Chad Stahelski : une faucheuse parmi les vivants. Celui qui offre cependant une impressionnante performance, c'est bien évidemment Donnie Yen (Ip Man, Blade II, Rogue One, xXx : Reactivated...) et son personnage d'aveugle intouchable, à la classe inébranlable.
Dans sa globalité, John Wick 4 n'est pas une simple pierre ajouté à l'édifice du mythe : il détruit les fondations, reprend tout à zéro, et s'érige aussi haut qu'une Babel vertigineuse, nous faisant nous demander ce que pourrait donner un cinquième volet.
Mais est-ce possible d'aller encore plus haut ?
Réponse d'ici quelques années !