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Édito #18: Dark Souls, le plaisir coupable sadique

Par AlexLeCoq
9 juin 2014
Édito #18: Dark Souls, le plaisir coupable sadique

Avant de nous lancer joyeusement dans les hostilités de cet édito, je tiens à préciser que ce papier a été rédigé à partir de mon expérience de jeu sur Demon Souls et Dark Souls. Promis, j'attaque Dark Souls II dès que j'ai le temps !



À une époque où le monde crie partout que le jeu vidéo est devenu trop facile et trop casual, From Software décide de prendre les joueurs à contre-pied avec son jeu de rôle action qui débarque en 2009 au Japon et US avant d'arriver un an plus tard en Europe, Demon's Souls. La politique du studio à l'origine d'Armored Core de miser sur la difficulté extrême et la transpiration portera d'ailleurs ses fruits puisque Demon's Souls réussit à se démarquer de la concurrence et se verra souvent jugé au titre du "meilleur RPG de la PS3" car oui, ce premier épisode verra seulement le jour sur la console de Sony. Tout de suite pointé du doigt par les hardcore gamers comme LE jeu des "vrais", Demon's Souls a tout de même la particularité de proposer une expérience action/RPG, beaucoup plus attractive pour le plus grand nombre qu'un bon vieux RPG traditionnel. Le succès est au rendez-vous (1,7 millions de copies vendues) et le studio n'attend pas longtemps avant d'annoncer Dark Souls, la digne suite du premier épisode qui se paiera le luxe de s'installer aussi sur Xbox 360 et PC (sauf au Japon). Pourquoi un tel succès ?

L'I.P. de From Software est en fait un fantasme caché du gamer qui est en chacun d'entre nous: une expérience qui demandera de transpirer avant d'arriver à son terme. Mais attention, on ne parle pas d'un jeu comme Duke Nukem Forever où on l'on pleure des larmes de dégout pour arriver au terme de l'aventure. Non, Dark Souls est un jeu qui se savoure sadiquement. Proposé en vue TPS, le jeu permet d'incarner un héros dans un univers dark fantasy dont on ne sait rien en installant la galette. De quoi poser les bases principales du jeu : débrouille-toi et meurt. Car oui, la particularité de la saga, et qui lui vaut le statut de jeu hardcore, c'est qu'il faut se préparer (psychologiquement) à mourir, beaucoup mourir.



Pour autant, le jeu n'est pas frustrant pour un sou car From Software offre un gameplay aux petits oignons, certes lourd (il faut se coltiner les armures aussi) mais plus précis que la première prise en main ne le laisse penser. Tout est histoire de timing dans les jeux Souls, et une erreur, même contre un ennemi de bas-étage, pourra mener à un gros "VOUS ÊTES MORT" sur son écran (oui, on s'en souviendra de celui-là). Le studio place donc le joueur dans une situation qu'il ne maîtrise pas toujours ce qui renforce la tension tout au long de l'aventure. Et pour pousser le vice, le jeu se repose sur un le système d'âmes, servant comme monnaie au jeu mais pouvant être perdues dès lors que l'on meurt. Il sera tout de même possible de récupérer son butin une fois retourné sur son cadavre, à condition de ne pas mourir une deuxième fois entre temps.

La difficulté extrême des jeux au dénominateur Souls est bien souvent pointée du doigt par ses détracteurs mais c'est pourtant l'argument majeur du jeu. C'est un peu comme lorsque plus jeune, on nous disait : "Tu souffres maintenant mais tu en rigoleras dans quelques années !". C'est finalement la sensation d'accomplissement qui prévaut sur la difficulté et la pression constante du jeu lui offre une sensation d'immersion assez forte. Il faut réussir et pour réussir, il faut essayer et réessayer.



Mais il faut parfois se reposer et comme il n'y a pas que le sang dans la vie, Demon's/Dark Souls offrent une incroyable dimension contemplative. Et oui, qui a dit que la barbarie ne devait pas être liée à la poésie ? From Software a un sens artistique véritablement spectaculaire et alors qu'on transpire à grosses gouttes après avoir porté un dernier coup d'estocade à un ennemi coriace, il n'est pas rare de s'arrêter pour contempler l'univers qui nous est posé là. Les décors sont impressionnants et le bestiaire n'est pas en reste non plus avec des design qui respirent véritablement la fantasy bien noir et sale avec des références visuelles qui parlent aux Européens mais aussi aux Japonais, comme une version réussi de ce qu'aurait pu être Dragon's Dogma.

Le combo donne une formule qui se s'oublie pas et qui a d'ailleurs créé une communauté forte autour de la licence qui compte maintenant Dark Souls II dans le placard mais aussi et surtout le Project Beast qui est actuellement en développement et qui devrait être l'épisode du passage à la next-gen. Les premières rumeurs le nomment déjà Demon's Souls 2 et parlent d'ailleurs d'un retour à l'exclusivité Sony, pour la PS4 donc. En attendant d'en savoir plus (conférence Sony à l'E3 ?), je vous quitte avec le leak en qualité très moyenne du jeu, qui donne quand même l'eau à la bouche (beaucoup) :