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En attendant Fury Road : Retour sur la première trilogie de Mad Max
Par -- David --
13 mai 2015
Les années 80 ont vu naître la première trilogie de Star
Wars, il en est une autre qui nous vient d’Australie qui a marqué
la culture populaire. George Miller, son réalisateur, a su
construire un univers singulier qui nous revient plus de vingt ans
plus tard sans que l’engouement en soit affadi. Revenons l’espace
de cet article, à l’origine de la série, le temps où Max
Rockatansky n’était pas encore une légende.
Attention,
l’article comporte un résumé des trois films.
1
- Mad Max (1979)
2
- Mad Max 2 : Le défi (1981)
3
- Mad Max 3 : Au-delà du Dôme du Tonnerre (1985)
4
- Bonus pour le bonheur des yeux et des oreilles.
1.
| Mad Max (1979)
On
croit connaître Mad Max par les images que le film a infusé dans
l’inconscient collectif. Un spectacle de feu et de métal tordu où
des machines vrombissantes sillonnent l’Outback australien. Les trailers du quatrième film Mad Max : Fury Road illustrent parfaitement
cette idée. Pourtant le premier opus ne se plie pas à cette
imagerie.
Le
premier film s’ouvre sur ces quelques mots : « A few
years from now. » ("Quelques années dans le futur."). On sait que
le monde tel qu’on le connaît a pris fin. Si l’histoire
s’inscrit dans le genre post-apocalyptique, le point d’orgue
n’est pas mis pour autant sur l’Apocalypse comme on pourrait
l’espérer. Savoir comment cette humanité arrive à survivre dans
ce monde d’après n’est pas le sujet. Ici, le point d’orgue est
mis sur le terme « post ». Les hommes ont survécu et ils
continuent leur existence de manière routinière. On les voit se
disputer pour une histoire d’amour ou manger ensemble dans un
restaurant. Le décalage entre le monde que l’on connaît et celui
de cette fiction est ténu. Le contraste sera plus important dans les
deux films suivants.
Le
personnage principal, Max Rockatansky est un jeune père de famille
qui aime sa femme. Rien de bien exceptionnel. Il porte en lui cette
normalité à un détail près, il officie comme policier au volant
d’un bolide. La voiture et la route cristallisent l’originalité de l’histoire. La première scène est
illustrée par une course poursuite entre un repris de justice qui
fuit au volant d’une voiture et la « Main Force Patrol. »
La mise en scène retranscrit cette impression de folie furieuse sur
ces grandes routes droites où vitesse rime avec mort. Deux véhicules
des forces de l’ordre finiront dans le décor avant que le
personnage joué par Mel Gibson n’apparaisse comme la figure du
héros providentiel qui conduit à la mort le fuyard.
Cette
notion de héros est soulignée quelques minutes plus tard par un
dialogue entre Maccaffe, le chef de la police, et un autre homme.
« –
Les gens ne croient plus aux héros maintenant.
–
Et vous, Maccaffe, vous voulez réactiver les héros. »
Ce
dialogue est la clé de la trilogie.
Tout
le long du film, Max se dérobe à son destin, la vie normale le
retient. Le film alterne entre ces espaces de normalité représentés
par la vie de famille et la violence des motards en quête de
vengeance. Le fuyard qui a péri dans l’introduction n’est autre
que le frère du chef de ce groupe de bandits. Le meilleur ami de Max
va catalyser leur vindicte. À sa mort, Rockatansky prend la décision
de quitter la police. Malheureusement pour lui, la fatalité le
poursuit lorsque sa femme se fait écraser par les motards. Une fois
dépourvu de toutes les choses qui le retenaient à sa normalité, Max va pouvoir enfin se réaliser. Comme un Berserker, la folie
vengeresse s’éveille en lui et il chasse un à un les hommes à
l’origine de son malheur. La voiture est son arme. Son dernier
ennemi mis à mort dans une scène d’anthologie, Max décide de
tourner le dos à la civilisation et de se perdre dans le désert.
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2.
| Mad Max 2 : Le défi (1981)
La
traduction malheureuse et convenue du sous-titre de ce film semble
s’adresser non à l’histoire, mais à son réalisateur qui devait
relever le défi de faire une suite à la hauteur du premier volet.
Si le premier opus se focalisait sur la naissance du héros, le
deuxième va poser les canons de l’univers. Dès le départ, le
film comble un blanc important en expliquant les raisons de
l’apocalypse appuyées par des images d’archives tirées de la
Seconde Guerre Mondiale ou de diverses répressions d’émeutes. On
retrouve dans la description qui est faite de ce monde antérieur les
angoisses laissées par la Guerre Froide et par la crise pétrolière
qui marqua les années 1980.
L’or
noir est l’enjeu du film : il symbolise ce monde qui ne vit
que pour nourrir les véhicules. À l’instar du premier Mad Max,
une course poursuite ouvre le film et illustre cette vérité. Max se
précipite pour récupérer l’essence sur les cadavres mécaniques
qui gisent sur l’asphalte, au mépris du danger.
La
rencontre avec le Capitaine Gyro le conduit jusqu’à une raffinerie
encerclée nuit et jour par une cohorte d’hommes. Les assaillants
veulent s’accaparer du pétrole que garde la communauté qu’ils
harcèlent. L’ancien policier leur vient en aide sans agir par
altruisme : il convoite lui aussi leur précieux liquide. Il
leur propose de ramener un camion pour leur permettre de fuir les
lieux à la condition qu’à son retour il remplisse le réservoir
de son Interceptor. Sa mission se révèle un succès et il permet
aux assiégés de reprendre espoir. Sa part du contrat honoré, Rockatansky reste indifférent à leur sort et décide de quitter la
raffinerie. Sa fuite n’est que de courte durée, car il se retrouve
nez à nez avec les assaillants. Il perd son chien et sa voiture
héritée du premier film,
comme si les
lambeaux de Max Rockatansky avaient besoin de disparaître pour
qu’apparaisse la légende. Mu
par l’idée de vengeance,
il décide d’aider la communauté à fuir dans
une course-poursuite finale grandiose.
Le
film emprunte les codes du western, autant dans les détails (des
flèches fichées dans la portière d’un camion évoquent de
manière évidente l’attaque d’un convoi par des Indiens) que
dans la structure même du récit. L’histoire est plus sèche que
dans le premier long-métrage, l’accent est mis sur l’action. La
mise en scène, les chorégraphies de courses-poursuites, la
photographie magnifient le récit et créent une imagerie qui va
perdurer jusqu’à aujourd’hui.
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3.
| Mad Max 3 : Au-delà du Dôme du Tonnerre (1985)
Le
deuxième film a su magnifier les éléments de l’histoire ;
le troisième opus, quant à lui, se perd dans la caricature. Il
applique de manière trop scolaire la recette qui a fait sa gloire en
y apportant des petits détails supplémentaires qui le dévoient
plus qu’ils ne l’enrichissent. Il accepte consciemment dès la
première scène de ne pas jouer le jeu de la suite, mais plutôt de
la variation d’un même thème.
Même
si d’un point de vue contextuel, il affirme se situer trois années
après le précédent long métrage, l’élément qui marque
l’absence de cohérence d’univers : l’acteur qui jouait le Capitaine Gyro revient dans un rôle différent. Max se trouve
dépourvu des éléments qui le qualifiaient auparavant. Il ne porte
plus son attelle qu’il
portait parce qu’une balle lui avait explosé la jambe à la fin du
premier film.
Il ne possède plus sa voiture Interceptor, sacrifiée pour le bien
de la communauté qu’il défendait dans le second. Seul le décor
perdure : l’Outback qu’il sillonne dans un véhicule tracté
par des chameaux.
Dans
les premières minutes de film, le héros se fait agresser puis
dérober son attelage. Il va poursuivre ses voleurs jusque dans une
ville dédiée au commerce, dirigée par Entité (Aunty Entity) jouée
par Tina Turner. Afin de récupérer ses biens, Rockatansky doit lui
proposer ses services. Sa mission consiste à affronter un colosse
dans une arène qui se nomme le Dôme du Tonnerre. Après avoir
emprunté les codes du Western, le réalisateur George Miller
s’inspire du péplum pour le combat dans la seule scène mémorable
du film. Tous les conflits dans la cité se règlent dans une
demi-sphère grillagée. La règle : deux hommes entrent à
l’intérieur, un seul peut en sortir vivant, mais Max refuse
de l’éliminer, car il découvre que le colosse est en fait un attardé
qui est utilisé comme jouet dans le conflit qui oppose son maitre à
l’ambition d’Entité. La miséricorde de l’ancien policier est
un élément de plus à sa valeur de héros.
Cet
acte de rébellion contre la loi qui régit la cité ne peut rester
impuni. Le sort du héros est laissé au destin représenté par une
roue comme dans les jeux télévisés. À partir de ce point, le film
glisse vers un autre genre et vise un autre public. Max se retrouve
banni dans le désert, attaché à un âne. À demi-mort, il sera
recueilli par un groupe d’enfants qui évoquent l’univers de Peter Pan.
Plus
le film avance et plus il tourne le dos à son essence. Il cherche
bien à retrouver un peu de son ADN avec la grande course-poursuite
qui le clôture comme dans les deux précédents volets, mais il ne
fait que se singer lui-même et se laisse aller à la caricature.
C’est au volant d’un train que Max et les enfants essaient de
fuir leurs assaillants. Même si ladite scène nous donne à voir
quelques prouesses visuelles, elle reste moins spectaculaire que
celle qui clôture Mad Max 2.
Peut-on
en conclure pour autant que Mad Max 3 est un mauvais film ?
La réponse est non, il offre un spectacle agréable, une variation
bon enfant du mythe de Mad Max qui a préféré brader sa nature au
profit d’un plus large public.
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4.
| Bonus pour le bonheur des yeux et des oreilles.
L’univers de Mad Max a essaimé son influence dans beaucoup de
médias, je ne peux m’empêcher de vous en montrer deux. Cette
sélection est bien évidemment parcellaire et ne représente qu’une
infime partie de l'influence qu’a eue la trilogie sur la culture populaire.
Hokuto no Ken reprendra toute l'imagerie et l'ambiance. Dans un monde post-apocalyptique qui singe l'œuvre de George Miller, le manga de Buronson et Tetsuo Hara construit lui aussi le mythe du héros.
Le clip California Love de Tupac Shakur lui emprunte ses
influences au troisième film.