Si Guillermo Del Toro est aujourd'hui célébré de toutes parts pour son dernier film, La Forme de l'Eau, le succès semble attirer bien des convoitises.
On avait déjà entendu David Zindel, fils du dramaturge Paul Zindel, accuser le scénario de La Forme de l'Eau de plagiat : selon lui, le dernier métrage en date du réalisateur mexicain empruntait une longue liste d'éléments de l'un des travaux de son père, Let Me Hear You Whisper, une pièce de 1969.
Tandis que la Fox s'affaire à régler ce conflit de son côté, c'est une accusation moins directe ou moins juridique qui se manifeste aujourd'hui au sein de nos propres frontières. Le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, fier d'une longue carrière dans le cinéma de genre à la française, explique à Ouest France avoir contacté Del Toro pour lui pointer les similitudes de son métrage avec ses propres films, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain et Delicatessen.
"Je lui ai dit : 'Tu as beaucoup d’imagination, beaucoup de talent. Pourquoi aller piquer les idées des autres ?'. Il m’a répondu : On doit tout à Terry Gilliam. Selon lui, il ne vole rien aux autres, c’est Terry Gilliam qui nous a tous influencés. Mais bien sûr.
Quand il pique la scène du couple assis au bord du lit qui danse avec les pieds, avec la comédie musicale en arrière-plan à la télé, c’est tellement copié-collé de Delicatessen qu’il y a un moment où je me dis qu’il manque d’amour-propre."
Plutôt proche de Jeunet dans son style et l'emploi de certaines thématiques, Del Toro n'a pourtant jamais invoqué le nom du réalisateur français pendant la promotion de La Forme de l'Eau.
Comme aimait à le rappeler la Fox récemment, il n'aura jamais caché les nombreuses influences qui auront guidé sa main au travers de nombreux films hommages, et on ne sait ici qui croire entre un Del Toro qui vante Gilliam et un Jeunet qui s'attribue la paternité de ce style. Restera au public français à découvrir le métrage pour juger de lui-même, le 21 février.
