Napoléon fascine les français depuis bien longtemps, mais l’intérêt qu’il suscite dépasse les frontières de l’Europe. Un film lui est consacré, réalisé par Ridley Scott qui ne va pas tarder à sortir sur grand écran. Les lignes suivantes vont vous mener au devant d’un Napoléon hors du commun. Une uchronie mêlant poudre à canon et magie noire. Cette œuvre se nomme Ars Obscura et dans ses deux premiers tomes - sur quatre au total - elle nous propulse au cœur de la France impériale du début du XIXe siècle.
Ici, François Baranger joue de l’uchronie comme ses personnages jouent de l’épée et du pistolet. Dans une Europe sombre, ballotté entre les guerres et secouée par des apparitions de monstres sanguinaires, des personnages mystérieux arpentent la campagne française à la recherche de réponses. L'arrivée d'Elegast, seul magicien au monde et devenu le Sorcier d’Empire, le bras droit de Bonaparte, suscite beaucoup de questions. Qui est-il ? D’où vient-il ? Y-a-t-il un lien entre sa magie et les monstres qui hantent la France ?
Nous suivons ainsi de nombreux personnages au travers de l’année 1815. Un sombre mercenaire chasseur de monstres qui n’a peur de rien. Une scientifique qui s’est consacrée à l’étude de la magie. Un capitaine de la garde intérieure qui essaie de faire reigner l’ordre dans l’Empire. Un soldat de l’Hermétique, la garde personnelle du Sorcier d’Empire, qui profite de son statut pour accomplir ses propres dessins. Voici quelques unes des histoires que nous suivons dans ces deux ouvrages.
Le premier tome est pour l’auteur l’occasion d’intriguer le lecteur, de présenter ses personnages et tous les mystères qui englobent son univers. Ce roman choral alterne entre les protagonistes, permettant au lecteur de découvrir le point de vue de chacun d'entre eux, et de partager l'aventure à leur manière. L’habileté de ce premier volume est de garder secret, pendant un certain temps, le fil conducteur de l’histoire. On ne sait pas vraiment ce que les uns et les autres cherchent et quand ils se croisent, ils cachent leurs intentions. La quantité de personnages et de chemins différents peut perdre quelque peu le lecteur, mais cela fait également partie de la richesse du texte.
Le second tome est presque à l’opposé du premier. Il réunit et regroupe les destins, dévoile les secrets au grand jour et révèle un univers vaste et complexe. Les combats sont grandioses et la magie noire montre son plein potentiel. La saga prend toute sa place et appelle la suite de la meilleure des manières.
Parmi les forces de ces deux premiers livres, il faut souligner la construction d’un XIXe siècle cohérent et riche. On y rencontre avec plaisir les habitants de la campagne française, des bohémiens, des hors-la-loi ou même de simples paysans. L’idéologie impériale confrontée aux idées de la Révolution, les ambitions et les luttes de pouvoirs (magiques ou non), voilà le portrait d’une époque de troubles très proche de l’Histoire que l’on connaît.
En conclusion, ces deux livres m’ont été recommandés par un ami amoureux de la fantasy et je vous les recommande à mon tour. C’est profond, sombre, épique et magique. Une belle réécriture de la légende Napoléonienne, mais pas que…
