Critiques

Bleu à la lumière du jour : un conte gothique à lire la nuit !

Par Manon V
3 min 28 juin 2024
Bleu à la lumière du jour : un conte gothique à lire la nuit !
On a aimé
- Les planches poétiques et contemplatives
- La modernité qui émane de l'intrigue
On n'a pas aimé
- Les personnages qui se confondent à cause de leurs visages identiques

Une jeune femme assise au bord de la fenêtre, rêvassant. Quatre oiseaux bleus jouent dans les arbres sombres. Si la couverture de Borja González semble illustrer une histoire douce et mélancolique, ce n’est qu’une illusion. Dans Bleu à la lumière du jour publié aux éditions Dargaud, l’auteur explore le genre de la heroic-fantasy pour mettre en scène un cortège féminin brutal. 

 

L’histoire

Les hommes sont partis à la chasse, laissant les femmes seules dans le château. Lorsqu’ils reviendront, ce sera inévitable : un sacrifice sanglant aura lieu. Elles se préparent toutes pour cela. Des sentiments de jalousie émergent, au même titre qu’une tension palpable, des gestes et des mots violents.

Matilde, elle, vagabonde dans le château. Sonnée et muette, elle suit l’oiseau bleu. Ce volatile qui, un jour, changera probablement le cours de son destin.

Une BD singulière et moderne

 

Il ne faut pas avoir peur du peu de dialogues et des traits minimalistes, car là fait toute l’originalité de cette bande dessinée. Elle soutient le pouvoir qu’ont les images de transmettre des émotions : lorsque les mots échouent, les planches monochromes parviennent à emporter le lecteur dans un enchevêtrement moderne et sanglant. L’atmosphère y est pesante. Sombre. Les personnages vivent sous une constante menace. Celle de la mort. Ils sont violents entre eux, physiquement et verbalement. Leurs visages dénués de toute expression n’aident pas à compenser cette noirceur. Pour autant, sans que l’on puisse l’expliquer, une certaine fascination pour cet univers apparaît. Les pages muettes n’appellent qu’à être examinées et contemplées.

La douceur paradoxale de Matilde nous charme.

Un conte étrange et gothique qui transpire la violence et cache une sombre poésie. Les femmes ne sont pas autorisées à aller chasser avec les hommes, qui souvent « meurent endormis » entre les arbres. Pourtant, Borja González brosse le portrait d’héroïnes fortes, cruelles, quoiqu’un peu aliénées. Leur objectif : avoir une fin heureuse où elles seront libres.  Mais comment l’atteindre dans un monde si froid et cruel ?

 

 

J’ai aimé cette bande dessinée décalée, inquiétante et mystérieuse. Elle plaira sans conteste aux férus du genre qui sont en recherche d’une nouvelle pépite littéraire moderne sortant des clous.

Bleu à la lumière du jour, à retrouver juste ici !