Critiques

Il était trois vieilles dames : Un hommage au roman noir gore

Par Louis - CINAK
3 min 1 avril 2021
Il était trois vieilles dames : Un hommage au roman noir gore
On a aimé
- Le sens de l'image
- Les scènes de folie
On n'a pas aimé
- La description parfois lourde du macabre

Et le rire s’élève. Un rire grinçant, démoniaque, qui emplit la rue et les oreilles d’Albert. Il hurle de terreur, fait demi-tour, reprend sa course folle.

 

Christian Robin est initialement un auteur de polar et s’est essayé plusieurs fois au fantastique, avec une nouvelle publiée chez Malpertuis (la référence en France). Il était trois vieilles dames est un savant mélange des deux : une jeune femme mène l’enquête sur plusieurs meurtres commis dans sa résidence et découvre une machination quasi-divine et mortelle !

Il y a deux récits imbriqués dans ce court roman des Moutons Electriques. Il s’ouvre sur un fils éploré qui vient d’enterrer ses parents décédés dans un incendie aux circonstances étranges. Une vieille folle lui hurle que le Destin le frappera également, mais il n’y prête pas attention… Du moins au début, car parmi les affaires ayant réchappé à l’incendie, il trouve un livre : Il était trois vieilles dames… Il va se laisser happer par le récit de Janique qui vient de s’installer avec son mari dans une barre d’immeuble qui semble bien sous tous rapports sauf que les meurtres commencent à s’accumuler : les cadavres sont laissés les yeux crevés, à la vue de tous. Très vite, Janique soupçonne trois vieilles dames qui font froids dans le dos et dont les noms rappellent étrangement celles des Trois Parques, ces déesses grecques du Destin et de la Mort.

Il était trois vieilles dames est réellement conçu comme un hommage au roman noir gore, avec une touche de fantastique mêlant mythologie grecque et mythologie lovecraftienne. Tout le monde y trouvera son compte car la folie meurtrière fait appel à tous ces codes. De plus, le couple terrorisé, le flic sans indice et une secte meurtrière viennent pimenter l’aspect thriller enquête qui attise notre curiosité tout le long du récit. En ce sens, Christian Robin est proche d’un Fred Vargas qui réalise l’alchimie entre étrange et rationnel, enchâssés au cœur une histoire intrigante.

Lestyle est parfois lourd dans la description des scènes macabres mais il sert parfaitement l’action et les questionnements intérieurs des personnages, rendant la majeure partie du livre extrêmement fluide. Les scènes de folie collective sont portées par un suspens qui monte et monte jusqu’à l’explosion finale avec un sens de l’image très poussé.

Il était trois vielles dames est un bon thriller, dans la lignée de Fred Vargas et des romans gore, qui amène à un final explosif grâce à un style globalement fluide et très imagé. C’est une vraie plongée dans le macabre au cœur d’une banlieue française qui cache de lourds secrets…

 

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Crédit Illustrateur : Arthur Rackham