Critiques

Briar : La Belle au bois sanglant

Par Alex Moon
5 min 14 mai 2024
Briar : La Belle au bois sanglant

Dans les contes de fées, tout le monde est heureux. Les princesses sont belles, les princes courageux et la guerre n’existe pas, sauf quand il s’agit d’un gros dragon ou d’une vilaine sorcière. La magie fait des paillettes, les animaux parlent et tout se termine toujours par : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
Mais la réalité n’est pas un conte de fées. 

Dans Briar : La Rebelle au bois dormant, Christopher Cantwell et Germán García réveillent la princesse endormie dans un monde violent, ravagé, habité par des hommes sans foi ni loi. 
Ici, point de prince charmant et de bien qui triomphe du mal grâce au pouvoir de l’amitié : il faut survivre.

 

 

L’histoire

Tout commence, comme il se doit, par une princesse entourée de marraines bonnes fées, aimée de tous, et qui ne connaît que la vie de château et ses plaisirs. Bien sûr, comme le destin l’avait prédit, elle se pique le doigt et plonge dans un sommeil profond, mais c’est lorsque le prince vient pour la sauver que l’histoire diffère. Pourquoi la réveiller ? Il suffit de l’épouser pour devenir roi, et une épouse inconsciente est bien moins contraignante lorsqu’il s’agit de mettre le royaume à feu et à sang ! Ainsi, Briar reste endormie. Les années passent, cent ans s’écoulent et le monde l’oublie. 

Lorsqu’elle s’éveille, le château dans lequel elle reposait est presque en ruines. Tout comme sa beauté : cent ans sans boire ni manger l’ont rendue cadavérique. Au-dehors, la première personne qu’elle rencontre est un soldat mort. À peine a-t-elle le temps de contempler cette horreur qu’elle est attaquée par une bête sauvage. Briar saisit l’épée du défunt, parvient, presque par accident, à tuer le monstre et, envahie par la peur et la folie, dévore sa chair et s’habille de sa peau. Elle dérive alors au hasard, encore perdue et hagarde, à la recherche de quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose du monde d’avant, celui des contes de fées.
Mais la réalité est loin d’en avoir fini avec elle…

 

 

L’avis d’Alex

Briar est sans doute la version la plus trash, la plus sanglante et la plus punk de l’histoire de La Belle au bois dormant !
Pas de créatures mignonnes ou de compagnons bienveillants ici. Le monde est plein d’esclavagistes, les fées sont réduites à de vieilles ensorceleuses habitant un marais putride, les tripes volent et les gnomes font du deal. Si l’héroïne doute qu’il puisse y avoir une fin heureuse, elle ne se laisse pas abattre pour autant : grâce à une équipe d’alliés aussi improbables qu’hétéroclites, elle est bien décidée à prendre sa revanche sur ceux qui l’ont laissé sur le carreau ! 

Germán García a parfaitement réussi à exprimer cette dualité entre conte de fées et gore. L’univers qu’il déploie donne le ton de cette fable qui passe régulièrement de l’humour au trash. Ses personnages au physique délicieusement imparfait se plaisent eux aussi à tordre les standards des contes traditionnels. Du côté du scénario, Christopher Cantwell nous propose une véritable Furiosa médiévale ! Rien ne sera épargné à cette pauvre Briar et lorsqu’on referme ce tome c’est avec la certitude que les suivants ne vont pas se montrer plus tendres avec la princesse déchue.

 

 

Délicieusement irrévérencieux, Briar ; La Rebelle au bois dormant s’inscrit dans cette volonté de briser les codes de la princesse candide et docile pour en faire une héroïne forgée par les épreuves qu’elle subit. 

 

À la fois drôle et violent, ce conte pour adulte est à découvrir chez Urban comics.

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