- les quêtes qui nous invitent au voyage
Aujourd’hui, chez SyFantasy, nous allons parler mythologie nordique (encore !), mais cette fois sous la forme de romans graphiques, édités chez Ali Ribelli.
Jason R. Forbus est diplômé de sociologie et passionné de littérature sous toutes ses formes. Il écrit divers ouvrages pour petits et grands inspirés des mythologies européennes, publiés aux éditions Ali Ribelli et illustrés par différents artistes.
La Mémoire d’Odin
Dans ce roman graphique, Munin, le corbeau détenteur de la mémoire du dieu Odin, a disparu. Son compagnon Hugin part à sa recherche. Dans sa quête, il voyagera aux confins des Neuf Mondes, à la rencontre de créatures et de personnages légendaires. Pendant ce temps, Odin dépérit lentement sur son trône en attendant la fin du monde prophétique, le Ragnarök…
Cette lecture est idéale pour les lecteurs qui, comme moi, ne sont pas très connaisseurs de la mythologie nordique et souhaitent s’y initier. En revanche, si vous avez creusé le sujet plus loin qu’en regardant les quatre films Thor, vous resterez peut-être sur votre faim, car le récit balaie différents mythes et introduit des personnages sans pour autant nous bombarder de détails.
Hugin nous invite à le suivre dans son voyage jusqu’au bout de l’univers connu. Il va croiser sur sa route un couple de géants affamés, les jeunes Líf et Lífþrasir rescapés du massacre de leur village, ou encore un écureuil messager entre un aigle et un dragon ennemis, qui passe sa vie à parcourir le grand arbre Yggdrasil de l’un à l’autre.
Loyal à Odin, le courageux corbeau sait que sans son compagnon Munin, l’équilibre est rompu et le monde au bord du chaos. L’humanité s’entretue déjà, barbarisée par la malice du dieu Loki, tout comme s’entretuent les géants et les animaux mythiques. Après tout, la mythologie n’est-elle pas le reflet de nos sociétés, toujours en proie à des conflits et des guerres sanglantes ?
Âmes sensibles s’abstenir, car le coup de crayon de l’illustratrice Martina Gianello sait dépeindre les scènes de violence. Tantôt précis et coloré, tantôt volontairement brouillon, son style change au gré des pérégrinations de Hugin et des différents mondes visités.
L’Enfant lointain
Plus onirique encore, L’Enfant lointain est un conte pour enfants. Ici, Jason R. Forbus reprend la thématique du voyage aux confins du monde connu. L’enfant lointain est un garçon rêveur, persuadé que la Terre est plate et non pas ronde. Pour le prouver, il va s’aventurer en mer jusqu’à la chute d’eau qui marque le bout du monde.
L’enfant va rencontrer autant d’alliés que d’ennemis, et se soumettre aux caprices de l’océan pour révéler sa valeur et son courage. Loin du décor nordique de La Mémoire d’Odin, le trait de l’illustrateur Pompeo di Mambro nous plonge dans l’ambiance irréelle et colorée des fonds marins. Il ne représente pas toujours ses personnages, s’attardant souvent sur coquillages et crustacés, comme pour nous inviter à nous émerveiller des petites choses, des trésors de la mer sublimés.
La morale me paraît libre d’interprétation. “Il faut tout mettre en œuvre pour atteindre ses rêves” ? “Ce n’est pas parce que tout le monde est contre moi que j’ai tort” ? “Je dois garder mon âme d’enfant en vieillissant” ?... À vous de décider.
Avec ces deux ouvrages, la maison d’édition italienne Ali Ribelli tente de s’exporter à l’étranger avec des traductions internes dans d’autres langues. Notons toutefois que, malgré la beauté des dessins, la qualité de la traduction française laisse encore à désirer. Si vous en avez la possibilité, nous vous conseillons plutôt de découvrir le catalogue de l’éditeur dans sa langue d’origine.
