(Article écrit par l'agréable Symphliade)
Bonjour et bienvenue dans les Royaumes Oubliés ! Si vous n’êtes pas familiers avec Dungeons & Dragons, pas de panique, moi non-plus. Ce que je peux vous dire, c’est que la saga dont je vais vous parler prend place dans un de ses nombreux univers. Il est ici question de fantasy tout ce qu’il y a de plus brute , un catapultage pur et simple dans un monde exotique où elfes, hommes, nains et autres orques et goblins gambadent joyeusement, les armes à la main.
Mais c’est de la race la plus fourbe et la plus dangereuse dont nous allons parler ici : Les Elfes Noirs, aussi connus sous le nom de drow, hantent les pire cauchemar des peuples de la surface. La vérité est bien pire encore ! Sous l’égide de la reine araignée, ils vivent dans de grandes cités s’étendant en Outreterre, dans les profondeurs humides où le soleil est inconnu. Ce peuple vit dans un chaos organisé et violent, où les faibles n’ont pas leur place, tout comme la compassion.
La légende de Drizzt
C’est au sein de cette société matriarcale que Drizzt voit le jour. Cadet de la Maison Do’Urden, ses prédispositions pour le maniement des cimeterres le destinent à devenir maître d’arme comme son père. Mais s'il est doué avec des lames, il l’est également avec son esprit et son cœur. En désaccord avec le monde qui l’entoure, il va devoir trouver sa place dans les Royaumes Oubliés et se libérer des siens.
Voilà en quelques mots ce que raconte la première trilogie de La Légende de Drizzt écrite par R.A. Salvatore. Cette saga parle d’un elfe noir qui fait une crise d’ado et décide d’agir à l’inverse de la société. Pourtant on est bien loin d’une fantasy hippie où le pacifisme est une solution viable, puisque Drizzt est un guerrier redoutable. Dans les romans qui suivent, il est confronté à de nombreux ennemis, souvent très nombreux et très forts. Au vu du nombre de livres qui lui sont dédiés, 29 en français chez Bragelonne, près de 50 dans la version originale chez Wizards of the Coast, on peut en déduire qu’il s’en est sorti. On compte 13 tomes dans La Légende de Drizzt à proprement parler, le reste étant des trilogies ou hexalogies dont je vous épargne les détails. Si on devait en retenir deux importantes, Les Lames du chasseur et Transition valent le détour.
Qui tranche bien, chatie bien
Loin d’être un super-héros à la perfection irritante, cette paire d’oreilles pointues se paie le luxe de douter constamment de lui. Il essaie d’agir au mieux en sachant pertinemment qu’il n’est pas parfait, même en ce qui concerne le combat. Finalement il est très humain pour un elfe, encore plus pour un elfe noir. Cela fait de lui un personnage incroyablement touchant. Ses questionnements sur les races, le bien et le mal, les religions, le rendent très actuel et permettent à son auteur de produire une fantasy qui a l’apparence de la simplicité et la profondeur que peu de textes du genre atteignent.
Salvatore a une plume précise et qui va droit au but, il ne s’adresse pas aux amateurs de circonvolutions littéraires mais bel et bien à ceux qui aiment la fantasy classique. L’atmosphère du jeu de rôle est bien présente, on retrouve des familiers, des objets enchantés et des sorts chronométrés. Pourtant ce n’est pas là le centre du propos de l’auteur. Les intrigues et les quêtes, les alliés et les ennemis, tout est cohérent et plonge le lecteur dans les Royaumes Oubliés comme si il y était.
La saga de La Légende de Drizzt, qui compte treize romans, est à la fois l’histoire de notre chasseur à la peau grise, mais également celle de ses amis et compagnons d’aventure. Ils vont parcourir le monde, se protégeant et risquant leur vie les uns pour les autres. Si on peut y voir une forme de voyage initiatique, il est vécu par chacun d’eux différemment. D’un autre côté, vu la tête de leur équipe… Il est plutôt normal qu’un halfelin, Régis, habitué au confort de sa maison apprécie différemment une entrevue avec des orques que le jeune Wulfgar, un barbare fougueux élevé par un roi nain. Ce même roi nain, Bruenor, vétéran au caractère orageux, qui a adopté un barbare et une humaine. On terminera cette galerie de portrait avec la belle Catti-Brie, dont les cheveux de feu brûlent autant que son tempérament.
Ici, certains clichés, évoqués par Tolkien et bien appuyés par les jeux de rôles par la suite, jusqu’aux parodies comme Naheulbeuk, sont repris et questionnés. Quand Bruenor râle sur les elfes, Drizzt lui rappelle bien vite la forme de ses oreilles. Chacun de ces personnages est au final très singulier parmi son propre peuple, mais s’intègre très bien dans ce petit groupe d’originaux.
Cette saga fleuve oscille entre la métaphore introspective et sociétale, et les grandes odyssées de fantasy aux combats épiques et aux personnages riches et travaillés. J’ai été étonné de trouver tant de profondeur et de qualité à cette saga. Elle n’est bien-sûr pas exempte de défauts, on y trouve quelques longueurs, mais il n’y a pas ici de formule répétée ad infinitum, chaque aventure renferme un mystère qu’il faudra percer ! Sur ces belles paroles, je retourne à NeverWinter !
Bonne lecture bande de Goblours !