Cette fois-ci, Stephen Graham Jones ne nous emmène pas au XVe siècle, mais 20 000 ans avant notre ère, dans la Floride préhistorique. Pas non plus de plan élaboré pour tenter de changer l’histoire puisque l’on suit désormais Tawny qui, partie à la recherche de ses enfants lors du tome 1, franchit elle aussi la mystérieuse grotte magique qui permet de voyager dans le temps.
Un volume moins sanglant que le précédent, mais tout aussi engagé.
L’histoire
Lorsque Tawny ouvre les yeux, elle comprend que quelque chose cloche. Ses connaissances universitaires en matière de préhistoire lui permettent rapidement de comprendre qu’elle a remonté le temps. Armée du courage farouche d’une mère à la recherche de ses enfants, elle va affronter mammouths et smilodons pour retrouver les siens, mais se retrouve rapidement prise au milieu d’une guerre primitive. Les Solutréens, un peuple venu de ce qui deviendra bien plus tard l’Europe, entre en conflit avec la communauté de Paléo-Indiens, dont Tawny a fait la connaissance à son arrivée. Y voyant les tristes prémices du massacre de son peuple et s’étant attachée à un jeune garçon rejeté par son clan, la jeune femme se lance dans une guerre personnelle contre l’envahisseur. Mais si elle parvient à s’adapter et à survivre, l’espoir de revoir un jour Martin et leurs enfants, et de quitter cette époque à laquelle elle n’appartient pas, devient de plus en plus ténu.
L’avis d’Alex
Afin de gommer les défauts reprochés à son premier tome, Earthdivers choisit cette fois-ci de limiter les allers-retours entre les époques et de les indiquer clairement lorsqu’ils interviennent, permettant ainsi une meilleure lisibilité. L’Âge de glace est presque une préquelle : il fait la lumière sur certains événements évoqués ou tout juste suggérés du tome 1, sans faire avancer la trame principale.
Si les aventures dans lesquelles Tad s’était lancé volontairement l’ont fait sombrer dans la folie, celles que subit Tawny alors qu’elle désire juste retrouver ses enfants vont, au contraire, être une véritable catharsis. La jeune mère va déployer des trésors d’astuce et de courage pour survivre dans ce voyage qui, elle le comprend vite, sera sans retour. C’est aussi une histoire qui met en avant la solitude, puisque l’héroïne est non seulement séparée des siens, mais prisonnière d’un monde au langage inconnu. D’ailleurs, pour ne pas sombrer et garder espoir, elle se parle très souvent toute seule, une attitude que certains auront tort de décrire comme peu réaliste. (Attendez bien sagement dans n’importe quel rayon d’une grande surface et appréciez le nombre de personnes qui commentent les produits pour elles-mêmes à voix haute !)
Bien sûr, la critique du colonialisme est toujours très présente, l’envahisseur étant représenté sous les traits du peuple solutréens, qui viennent de ce qui deviendra un jour la France. Le parallèle est loin d’être idiot, même si certains lecteurs pourront reprocher au message (parfois à raison) de prendre le pas sur le récit.
Enfin, si la cohérence et la lisibilité globales de l’histoire ont été fortement améliorées, l’action est encore parfois trop brouillonne, particulièrement lors de certaines scènes de combat. Néanmoins, il est agréable de voir que les dessinateurs, comme les scénaristes, ont revu leur copie afin de corriger les erreurs du premier tome.