-Une galerie de personnages hauts en couleurs !
L'univers des comics amène parfois des collaborations explosives, comme par exemple avec celle entre la dessinatrice Fiona Staples, ayant surtout eu pour fait d'armes North 40, et le scénariste Brian K.Vaughan, l'homme derrière Y, Le Dernier Homme, Paper Girls, Runaway ou encore Ex Machina.
À eux deux, ils se sont lancés depuis mars 2012 sur l'un des space-opéra les plus explosifs que la sphère comics ait pu connaître, à savoir SAGA.
Après une pause d'un an, le comics reprenait de plus belle, et en octobre sortait le 10ème tome. Cependant, l'aventure est encore loin d'être finie, puisque Vaughan annonçait n'en être en fait qu'à la moitié de son histoire !
Aujourd'hui, chez SyFantasy, on vous parle de robots à tête de télévision, de sexe, de mort, de religion... en même temps, dans une seule et même œuvre.
Bienvenue dans l'univers de SAGA, où l'amour ne s'obtient qu'au prix d'un long combat dans l'espace.
Le résumé
Ce que raconte ce comics est digne des plus grandes épopées fantastiques : deux amants, Marko et Alana, s'aiment éperdument au point d'avoir un enfant, Hazel. Le problème (et il est de taille), c'est que cette union est formellement interdite par leurs factions respectives, en guerre depuis des décennies à travers l'univers. Traqués comme des criminels, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour survivre aux assauts des pires mercenaires de la Galaxie, afin d'espérer voir éclore un avenir pour leur progéniture.
En même temps qu'est déroulé le fil des aventures de nos Roméo et Juliette de l'espace, Hazel, alors adulte, nous déroule le fil de son enfance condamnée au travers d'une narration rétrospective. C'est sans une once de jugement qu'elle nous dévoile les débuts d'une naissance compliquée, car elle sait ô combien que le combat de ses parents dépasse de loin sa propre personne. Si l'on pourrait se dire qu'il n'y a aucun suspens à savoir à l'avance que Hazel deviendra adulte, détrompez vous : Vaughan et Staples sont fourbes, et savent très bien comment conserver un climat de tension permanente en posant çà et là de maigres indices sur la tournure des événements.
On ne lâche jamais un tome avant d'avoir eu droit au fin de mot de l'histoire, et c'est à chaque fois avec la même envie de découverte que l'on ouvre le suivant : la narration percutante de Vaughan permet de traiter une foule de sujets au travers du space-opéra, et montre le récit d'un amour interdit pris en étaux entre les conflits raciaux et les superstitions culturelles. SAGA est une œuvre dense, avec une galerie ahurissante de personnages qui ne cesse de grandir tome après tome, au point que l'on découvre l'univers jusque dans ses moindres recoins, et qu'on en redemande.
Le comics mélange avec beaucoup de générosités les créatures de la mythologie grecque et les technologies d'un futur lointain dans un cocktail graphique assumé, et c'est via le trait sobre et efficace de Staples qu'il prend son envol, au point que même si l'on peut être déstabilisé par l'originalité du trait, on prendra une sacrée claque face à une intrigue délirante.
Et quelle intrigue ! Si deux volumes nous brossent à peine le tableau d'une traque à travers les planètes, on comprend très vite que la naissance de Hazel implique castes religieuses et gouvernements militaires, au point qu'on se demande s'il n'y aurait pas un secret de taille derrière tout ça... Les parents de cette pauvre fille sont loin d'avoir vu le bout du tunnel.
SAGA, c'est donc un comics bourré d'action et d'amour, qui fonce à 200km/h à travers les étoiles tout en nous proposant un melting-pot de personnages et d'environnements variés, sur fond de complot politique.
C'est une œuvre sulfureuse et sale gosse qui n'attend que vous juste ici !
