Critiques

Event Horizon : Le space-opéra à mi-chemin entre Hellraiser et Lovecraft

Par Aetherys
4 min 16 novembre 2022
Event Horizon : Le space-opéra à mi-chemin entre Hellraiser et Lovecraft
On a aimé
- Une aura horrifique saisissante !
-La réalisation impeccable de Anderson
On n'a pas aimé
- Quelques effets un brin kistch, parfois.
-Comment cela puisse être un film de W.S Anderson ??

À sa sortie en 1997, le film Event Horizon, réalisé par le réalisateur Paul W.S Anderson et portant en têtes d'affiches Sam Neil (Jurassic Park, L'Antre de la Folie) et Laurence Fishburne (Matrix, Apocalypse Now, John Wick)...est un échec cuisant, au box-office comme dans les critiques presse.

Considéré comme un nanar où voguent autant de mauvaises performances d'acteurs que d'effets spéciaux numériques étranges, le film peine à l'époque à conquérir le cœur d'une foule peu friande d'une aventure Space opéra horrifique.

Et pourtant, il serait temps de rétablir une vérité, à l'horizon 2023 : Event Horizon raconte beaucoup plus de chose qu'il ne peut en laisser paraître au premier visionnage, et est en réalité plus proche du chef d'œuvre incompris que du nanar méprisé. 

Résumé

Le film nous narre deux histoires en même temps : celle d'une équipe de sauvetage venue enquêter sur la réapparition mystérieuse du vaisseau d'exploration Event Horizon dans les environs de Neptune, et la terrible destinée de son équipage, lui aussi porté disparu... 7 ans ont passé entre la disparation du vaisseau chargé d'aller dans les confins de l'univers et son retour imprévu, et la question qui brûle alors les lèvres du spectateur est : que s'est il passé durant cette période ? 

Notre Avis

 

En bon faiseur et surtout en connaisseur des grands maîtres, W.S Anderson délivre une plongée angoissante dans les intestins métalliques du Event Horizon, avec une énergie visuelle proche du Alien de Ridley Scott. Le spectateur se retrouve alors dans le même état d'incompréhension que l'équipage quand ils découvrent les traces d'un incident dépassant toute compréhension humaine : des amas de chair humaines sur les vitres, d'étranges journaux de bord aux propos sibyllins, et surtout une aura menaçante omniprésente, comme si le vaisseau lui-même les observait.

Le vaisseau porte bel et bien un lourd secret, enfermé dans son réacteur gravitationnel, au plus profond des entrailles de l'appareil.

Et si ce secret semble dépasser nos cauchemars les plus fous, nous en sommes en vérité, encore bien loin : véritable pandémonium d'acier, le réacteur gravitationnel semble permettre d'accéder à des dimensions abritant des secrets que l'esprit humain peut à peine concevoir, et dont l'équipage du Event Horizon n'a jamais pu se remettre.

À cet instant, W.S Anderson fait voguer son film entre deux inspirations majeures de l'effroi: l'auteur britannique Clive Barker, écrivain ayant notamment écrit Hellraiser et H.P Lovecraft, auteur de toute une cosmogonie de monstres anciens venus d'autres dimensions.

Ce qui permet de supposer cette inspiration double, c'est avant tout la structure de l'appareil permettant le voyage vers d'autres mondes, qui semble tout droit sorti de l'esprit de Clive Barker. En effet, son fonctionnement n'est pas sans rappeler la boîte-puzzle utilisée par les Cenobites pour permettre le contact avec leur dimension infernale et toutes les souffrances physiques qui y sont tapies.

Et ensuite, car l'idée du contact avec une autre dimension cauchemardesque ne peut que nous rappeler les récits de Lovecraft; on pense forcément à Dans L'abîme du Temps, avec sa Grand Race de Yith prenant le contrôle des esprits humains, mais aussi à Celui Qui Chuchotait Dans Les Ténèbres (nouvelle d'ailleurs présente dans une édition Intégrale juste ici !).

Ce mélange des styles de deux auteurs cultes, aimant mêler destruction des corps et de l'esprit, donne à visionner un métrage fascinant et angoissant, dont la dimension horrifique n'a pas pris une ride. Si les effets numériques sont présents à droite à gauche, ils ne sont jamais utilisés gratuitement, et l'on préféra plutôt contempler les décors faits mains donnant vie à cette antre de la folie qu'est l'Event Horizon. En film d'horreur efficace qu'il est, le métrage alterne les visions hallucinatoires de l'équipe de sauvetage et les journaux de bord de l'équipage au contenu effrayant indéchiffrable, afin de toujours garder le spectateur en attente de réponse, qui finiront par émerger dans une effroyable séquence finale d'anthologie.


Contempler la perdition des hommes au travers d'un space-opéra brillamment réalisé ,ce n'est pas une opportunité qui arrive souvent, et W.S Anderson nous le propose ici avec le brillant Event Horizon. 

Si vous voulez en apprendre un peu plus sur Lovecraft, nous avons ce dossier à vous proposer, écrit avec amour.

Event Horizon : Le space-opéra à mi-chemin entre Hellraiser et Lovecraft