Si l'on se demandait quand est-ce que Label 619 allait arrêter de nous pondre des merveilles à la chaîne, voilà que débarque Guillaume Singelin et son nouveau bébé, Frontier...qui confirme une fois encore (ça en deviendrait presque risible), que la nouvelle génération BD française est très loin d'avoir à s'en faire, car oui : Frontier est une superbe BD de SF. Après The Grocery et PTSD, il s'attaque à l'espace.
L'histoire
L'histoire proposée par Guillaume Singelin est celle de trois personnages très différents : Alex, jeune homme ayant toujours vécu dans l'espace, Camina, une ex-mercenaire à la gâchette facile, et enfin Ji-Soo, une scientifique en quête de l'inconnu. À eux trois, ils vont vivre un voyage au travers d'un futur pas si lointain, dans lequel l'exploration spatiale prend des allures de ruée vers l'or capitaliste.
Notre avis
Frontier est donc un space-opera cozy que ne rechignerait pas Becky Chambers, où la douceur du trait et la rôdeur du monde dans lequel évoluent les protagonistes s'enlacent pour donner un récit touchant aux multiples facettes. Chaque personnage se cherche durant cette épopée colorée à travers le système solaire, que ce soit en cherchant ses origines ou en voulant combattre un système anxiogène voué à détruire l'humanité.
Côté dessin, Frontier est d'une générosité graphique chaleureuse, proche d'un hopepunk mêlant quelques éléments cyber. Ça foisonne de détails, que ce soit dans les tréfonds d'une station spatiale comme dans les rizières de Mercure. Cet aspect japonisant, déjà présent dans PTSD, le précédent ouvrage de l'auteur, appuie le propos de Singelin dans sa volonté de mettre en avant une humanité mélangée entre ethnies et culture, avançant vers un but commun. On retrouve aussi cette patte "manga" dans le chara global des personnages, presque chibi, si l'on y regarde bien.
Ses pistes de réflexion, si elles nous semblent déjà vues et revues, gagnent un éclairage nouveau durant l'acte final qui offre un semblant de renouveau pour notre société "agonisante".
Si l'on ne peut toujours pas aller parcourir les étoiles, au moins nous avons près de nous Frontier, et c'est déjà très bien.