- L’histoire d’amour aussi craquante qu’un feu de bois (les connaisseurs utiliseront le terme de slow burn)
- L’ambiance quasi à huis clos
- Le manque d’aventure, qui trahit quelque peu la promesse initiale
Allison Saft est la nouvelle plume de chez Big bang, label young adult de Bragelonne. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle fait son entrée sous ses plus beaux atours. L’objet est absolument magnifique, habillé de dorures et d’un jaspage envoûtant. Et n’ayez crainte, le contenu est à la hauteur du contenant ! Cette histoire d’amour sur fond de chasse légendaire vous transportera dans un monde fantasy où l’alchimie est un mélange subtil entre raison et magie.
L’histoire
Margaret, jeune fille débrouillarde et solitaire, survit seule dans le manoir familial depuis le départ de sa mère, alchimiste de renom partie à la recherche d’obscurs secrets. Son univers se limite à son chien Balourd et à Wickdon, petite ville côtière sans histoire. Mais c’est là que le Hala, créature mythique à l’allure de loup, fait son apparition, annonçant le lancement de la chasse annuelle ! Le gagnant sera couvert d’argent et de gloire pour avoir sauvé la Nouvelle Albion des sombres pouvoirs de la bête.
La jeune fille est douée avec une arme, et une idée aussi folle que dangereuse naît dans son esprit : si elle parvient à remporter cette chasse, sa mère reviendra enfin. Mais le Hala n’a pas dit son dernier mot, car l’attraper requiert du courage, mais aussi l’assistance d’un alchimiste. Heureux hasard, Wes, apprenti dans cette discipline, vient frapper à sa porte. Parviendront-ils à remporter la chasse ? Et si celle-ci n’était qu’une partie du remède aux maux qui les rongent ? Débute alors une quête aussi héroïque qu’intime pour que les personnages trouvent leur place dans un monde qui ne veut pas d’eux.
Notre avis
Dans son livre, Allison Saft nous propose un monde assez simple centré autour de deux villes. Wickdon, petite bourgade aux plages charmantes, et Dunway, capitale bruyante et foisonnante. La Nouvelle Albion, région représentée dans le livre, est assez similaire au XXe siècle de notre monde, avec la démocratisation du train et du téléphone fixe. Néanmoins, la différence se trouve dans le modèle scientifique utilisé. Ici, l’alchimie est une véritable science, utilisée pour tout genre de maux. Elle s’étudie à l’université et auprès d'alchimistes de renom.
C’est d’ailleurs ce que vient chercher Wes en débarquant devant le manoir Welty. S’étant fait renvoyer de tous ses apprentissages, il cherche la mère de Margaret, qui est son dernier espoir de devenir alchimiste et de mettre à l’abri sa nombreuse famille. Mais voilà, celle-ci est partie il y a plusieurs mois, et sa fille le prévient : elle n’accepte aucun apprenti. À moins qu’il remporte la chasse et ramène la dépouille du Hala, utile à une formule particulièrement puissante d’alchimie.
Mais la préparation à la chasse sera longue et fastidieuse, car Margaret et Wes sont aussi différents que leurs villes d'origine. Fusil en main, Margaret garde furieusement l’accès à sa propriété comme à son cœur, réduit en lambeaux depuis la mort de son frère et le départ définitif de son père. Wes, au contraire, vient d’une famille haute en couleur où l’on se chamaille autant que l’on s’aime. Taquin et enjôleur, il court après les distractions qui lui feront oublier le poids qu’il a sur ses épaules depuis la mort de son père.
Si vous désirez un livre d’aventure, passez votre chemin ! Car c’est autour d’eux et de leur relation que tourne le livre, la chasse n’étant finalement qu’un événement secondaire. L’autrice préfère nous surprendre à décrire l’évolution des sentiments de nos protagonistes comme de véritables péripéties. Certains n’y trouveront pas leur compte, mais si la magie opère, vous lirez béatement les pérégrinations de nos jeunes héros, découvrant avec eux la profondeur de leur cœur et la force nécessaire pour écouter son écho.
Margaret et Wes sont donc le centre de l’histoire, ainsi que leur bagage émotionnel. Leurs origines différentes, toutes deux mal acceptées, leurs familles respectives, mais aussi leurs rêves. Simple, vous direz-nous ? C’est sans compter sur la plume de l’autrice, qui couche sur le papier des descriptions aussi inventives que captivantes. Un véritable régal à lire !
Néanmoins, les personnages secondaires manquent parfois de profondeur. Seule la mère et les nombreuses sœurs de Wes sont absolument réussies, et vous désirerez plus que tout être invité à dîner chez eux. Les autres sont des quasi archétypes de leurs rôles : le riche intolérant, la simplette qui rend jalouse Margaret, etc. Encore un signe que l’histoire raconte l’amour entre deux personnes, le reste du monde n’étant que l’arrière-plan de leur rencontre.
La Chasseuse et l’Alchimiste n’est donc pas tout à fait ce qu’en dit la quatrième de couverture, mais une réelle histoire d’amour sur fond de fantasy. Déception pour certains, cela sera une véritable découverte pour d’autres, qui plongeront avec plaisir dans les profondeurs du cœur de nos deux protagonistes.
Alors n’attendez plus, plongez !