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Critique - La Route d'où l’on ne revient pas (Andrzej Sapkowski) – Des nouvelles de l’auteur du Sorceleur !

Par Louis - CINAK
3 min 11 mars 2021
Critique - La Route d'où l’on ne revient pas (Andrzej Sapkowski) – Des nouvelles de l’auteur du Sorceleur !
On a aimé
- L'adaptation des histoires connues façon Sapko

- La nouvelle les Musiciens et Cratère de bombe
On n'a pas aimé
- La nouvelle Tarandaï

Ces nuits-là, les chats avaient peur. Ces nuits-là, les chats sentaient le Rideau trembler. Ils enfonçaient leurs griffes dans le sol et ouvraient sans bruit leurs gueules moustachues. Ils attendaient. 

La Route dont l’on ne revient pas est un recueil de nouvelles d’Andrzej Sapkowski (Monsieur Sorceleur) qui met en lumière d’autres de ses créations que celles liées à l’univers de The Witcher. Même si l’une de ces nouvelles aborde la rencontre entre les parents de Geralt ! L’auteur polonais s’essaye à l’horreur, à la geste de Bretagne, au Pays des Merveilles et aux sorcières de Salem !

Trait très amusant de ce recueil, chaque nouvelle débute par un avant-propos de Sapkowski lui-même qui nous brosse le contexte de l’écriture de la nouvelle. En plus de cela, on y découvre l’envers du décor de l’édition polonaise qui parfois plaque des illustrations absurdes sur des nouvelles qui n’ont rien à voir !

Comme il s’agit d’un recueil de nouvelles, je vais réaliser un focus sur chaque nouvelle indépendamment. (sans spoil EVIDEMMENT)

La Route dont on ne revient pas : Préquelle au Sorceleur, on y apprend la rencontre entre les parents du célèbre sorceleur à la blanche chevelure ! L’auteur nous explique, dans son avant-propos, qu’initialement cette nouvelle n’avait aucun lien et que c’est à la rédaction de la grande saga qu’il a reconnecté toutes les histoires ! Visenna, la future mère du sorceleur, est un druide missionné pour mettre fin aux agissements d’un monstre. Mais comme de coutume dans la saga du sorceleur, le monstre n’est parfois pas le plus à craindre : trop souvent les intentions les plus louables ont des fonds malsains et inavouables. Cette nouvelle ravira les fans de la série qui y verront des références glissées ici ou là !

Les Musiciens : Dans une ville où les hommes adorent faire du mal aux animaux, le Voile qui sépare ce monde de celui des Enfers se fait de plus en fin et des animaux musiciens tentent de garder ce voile intact. Le point de vue de cette nouvelle est très rafraîchissant, tantôt celui des animaux que celui des hommes confrontés à l’horreur qui vient. Des deux nouvelles « terreur » du recueil,Les Musiciens est la plus réussi. Elle brosse un portrait cruel de l’homme et de son égoïsme (2 thèmes chers à l’auteur dans The Witcher), tout en revisitant le conte pour enfants des Musiciens de Brême à la sauce Lovecraft.

Tarandei : Une jeune femme mal dans sa peau va se retrouver à invoquer des puissances dangereuses par inadvertance en récitant des poèmes anciens. Frisant avec l’horreur et le thriller, cette nouvelle est assez décevante. Le récit est confus et les actions très décousues. Et problème plus technique, comme le texte est rempli de poèmes anciens (donc pas en français), l’obligation d’aller voir l’index à la fin de la nouvelle, coupe la fluidité de la lecture.

Cratère de bombe : Nouvelle SF de l’auteur qui, avec un ton délirant et humoristique, réinvente l’histoire de la Pologne. Dans une ville en perpétuelle guerre entre différentes factions religieuses, politiques ou nationalistes, un gamin cherche à rejoindre son école mais se fait toujours arrêter par l’une ou l’autre des factions qui sont décrits de manière savoureuse ! Le rythme est extrêmement rapide, avec unhumour noir qui donne son sel à la nouvelle, ce qui en fait la nouvelle la plus amusante de tout le recueil.

La Maladie : Dernière déception pour ce recueil qui, pour le reste, est réellement excellent. Dans un texte au rythme confus, l’écrivain polonais traite la légende du grand amour entre Tristan & Yseult. Le lecteur adopte le point de vue d’un chevalier noir vaincu par Tristan et qui vient assister à sa mort. Il est pris par le tourbillon de la légende qui se créé mais pas nous… L’idée est intéressante mais les dialogues sont hachés et la pensée des personnages n’a parfois ni queue ni tête, rendant un style habituellement très sobre en quelque chose de flou. Dommage.

Un bel après-midi d’été : Cette fois, Andrzej Sapkowski revisite le conte d’Alice aux Pays des Merveilles, avec le point de vue sarcastique du Chat du Cheshire sur son arbre qui découvre une gamine perdue. Tantôt avec humour, tantôt avec sérieux, l’auteur réfléchit sur le sens caché du conte pour enfants (l’analyse freudienne du Lièvre de Mars est hilarante !). Sapkowski adore briser notre innocence dans cette nouvelle !

L’affaire de Mischief Creek : Dans une Amérique puritaine du 18ème siècle, des hommes traquent une « présumée » sorcière et tombent sur une communauté de femmes où des choses étranges semblent se passer… Ici, Sapkowski revisite le mythe de Salem et de ses sorcières, tout en critiquant le puritanisme et le machisme des curés de l’époque. L’action semble assez lente au début puis soudainement tous les éléments s’assemblent pour un final rempli d’action et d’enchaînements très forts. Une belle nouvelle.

Le plus souvent, les recueils de nouvelles sont d’une qualité variable. Ici seules deux nouvelles m’ont laissé assez froid. Les autres sont magnifiquement orchestrées tant au niveau du rythme, du style ou du thème ! Les Editions Bragelonne ont réalisé une belle sélection de nouvelles de cet auteur que l’on ne présente plus.

Le livre chez l’Editeur :https://www.bragelonne.fr/catalogue/9791028117542-maladie-i-inne-opowiadania/

Où le trouver : https://livre.fnac.com/a15186675/Andrzej-Sapkowski-La-Route-d-ou-l-on-ne-revient-pas-et-autres-recits

Crédit d’illustration : Didier Graffet pour les Editions Bragelonne