Critiques

La SF old school d'Edgar Rice Burroughs revient en BD chez Glénat !

Par Alex Moon
8 min 11 novembre 2023
La SF old school d'Edgar Rice Burroughs revient en BD chez Glénat !
On a aimé
- C'est beau et hyper instructif.
- Des couleurs qui collent parfaitement à l'ambiance.
- Un héros qu'on adore détester !
On n'a pas aimé
- Dur de croire que les auteurs vont réussir à conclure en 2 tomes tant il reste de choses à dire.

Si on le connaît surtout à travers Tarzan, sa plus grande œuvre, Edgar Rice Burroughs a pourtant lancé sa carrière grâce à un récit de science-fiction pulp : Une princesse de Mars. (D’abord intitulé Sous les lunes de Mars, lors de sa première parution en 1912.) 

Un western spatial ayant pour héros l’intrépide John Carter, qui posera les bases de toutes les futures œuvres de l’auteur et qui reste un formidable outil d’analyse et de compréhension des tropes littéraires des XIXe et XXe siècles.

L’épopée martienne

Après la guerre de sécession, le sudiste John Carter se lance dans la ruée vers l’or avec son ami James. Suite à une altercation avec des indiens, qui entraînera la mort de ce dernier, John entre en contact avec une étrange magie et se retrouve mystérieusement envoyé sur la planète Mars. La planète rouge a été bien nommée, selon le dieu de la guerre, puisqu’elle est le théâtre d’affrontement constant entre les autochtones et la faune monstrueuse qui l’habite. S’il gagne rapidement sa place auprès de ceux qu’il nomme “les martiens verts” John n’est pas au bout de ses surprises lorsque débarque la sublime Dejah Thoris, une humaine.

L’avis d’Alex

Entre Mad Max et Conan le barbare il y a John Carter, un héros à qui tout réussit, fort, séduisant, intrépide… Si le cliché est aujourd’hui éculé, il ne faut pas oublier que c’est sur ce dernier que s’est construit l’imaginaire des plus grands auteurs de SFFF. Car, disons-le tout net : John Carter est un gros beauf !
Si ses aventures symbolisent le rêve de son auteur, qui a dû abandonner sa carrière de cow-boy à cause d’une santé fragile, ses aspirations sont celles de la plupart des hommes blancs de son époque. Une époque durant laquelle le racisme était la norme et les femmes rien de moins que des trophés. De la même manière que Lovecraft est connu pour sa misogynie, Burroughs était un eugéniste et un raciste convaincu. Ainsi, Carter à fait la guerre du côté des confédérés, il domine sans difficultés les primitifs martiens et le regard lubrique qu’il pose sur Dejah, n’est pas sans rappeler celui de Mathayus sur Cassandre dans Le roi scorpion. (Que voulez-vous, on a les références qu’on a !)

Pour autant, n’en déplaise aux sensitives writters qui me liront, je trouve nécessaire de garder vivant des témoignages de cette époque aux mœurs révolus. Non pas pour les encenser, mais bien pour se souvenir. Plutôt que de recouvrir le passé d’un voile de pureté feinte en y gommant tout ce qui nous embarrasse, autant l’utiliser pour instruire, contempler le chemin parcouru et éviter de commettre les mêmes erreurs. N'oublions pas qu'un jour nous serons nous aussi jugés par les générations futures, à l'aune de critères qui nous semblent aujourd'hui d'une affligeante banalité.

D’ailleurs, il n’est pas impossible que Jean-David Morvan, qui scénarise cette nouvelle édition, torde le cou aux clichés. Il n’y a qu’à voir comment Dejah Thoris pose, seule, en guerrière surarmée et implacable, sur la couverture du tome 2 à paraître. Nul doute que son personnage risque de se révéler bien plus complexe que la demoiselle en détresse pour laquelle la prend John Carter !

Et la BD dans tout ça ?

Dans La princesse de Mars, le trait de Francesco Biagini sublime aussi bien la planète aride et mystérieuse, que son héros moitié dandy, moitié gladiateur. Il nous offre également un bestiaire des plus inventifs, tout en dents et en griffes, parfaitement raccord avec les descriptions de son auteur d’origine. Pas étonnant quand on sait que c’est la spécialité de l’artiste, déjà connu pour sa version d’Elric (celle de Panini comics) et qui trouve ici une histoire à la mesure de sa créativité.

Bourrée d’action, d’humour et de surprises, la bande dessinée offre un cadre idéal, à la mesure du personnage et de ses aventures.


Au même titre que Michael Moorcock, Robert E. Howard ou J.R.R Tolkien, Edgar Rice Burroughs n’a pas volé sa place au panthéon des auteurs qui font office de piliers fondateurs de la SFFF. Avec ce cycle en deux tomes, les éditions Glénat remettent au goût du jour, de la plus belle des manières, l’un des premiers voyages sur Mars de la littérature.

 

Une histoire à (re)découvrir chez Glénat !