- Une histoire qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
- Un auteur capable de passer d'un registre à un autre sans jamais trahir son œuvre.
Ils sont rares ces auteurs capables de vous arracher à votre canapé pour vous attirer entre leurs pages. Vous laisser si absorbé par leurs mots que vous en oubliez de vivre. Pourtant, force est de constater que Stefan Platteau (dont vous pouvez découvrir l'interview dans notre podcast) est de ceux-là. Difficile de croire qu’il s’agit-là du premier roman de l’auteur tant le style est maîtrisé, la forme sublimée et le scénario haletant.
Saga en quatre tomes, nantie de deux préquelles, les Sentiers des Astres aime se montrer sous un jour poétique, à travers ses paysages bucoliques, pour mieux nous frapper de sa brutale violence lorsqu’il traite de ses personnages.
Mais que nous narre donc cette épopée, à mi-chemin entre la saga nordique et le conte hindouiste ?
L’histoire
Narrée par le Barde, qui à embarqué sur la grande gabarre sous les ordres du capitaine Rana, c’est l’histoire d’un pays déchiré par la guerre civile, d’antiques géants aux pouvoirs mystérieux, de forces sombres et de batailles millénaires. C’est l’histoire d’hommes partis remonter le fleuve Framar afin de se rendre au nord, là où se trouve le Roi-Diseur, un oracle mythique, peut-être le seul capable de les aider à apaiser le conflit qui déchire leur nation. Une mission secrète, dangereuse, en ces terres de magie et de légendes.
Mais c’est aussi l’histoire du bâtard de Marmach, Manesh, trouvé à demi-mort sur les eaux du fleuve et repêché par ces gaillards. Cette histoire-là, il la conte chaque nuit au Barde qui lui a prodigué des soins et sauvé d’une mort certaine. Il lui parle de sa naissance miraculeuse, de son adoption par le seigneur de Marmach, des fabuleuses aventures qu’il vécut sur les rives de l’Angmuir. C’est ce récit, digne des contes de la Shéhérazade des mille et une nuits, qui tisse la trame de l’aventure. Tandis qu’au-dehors de la tente où Manesh recouvre peu à peu ses forces, les bateliers affrontent les méandres du fleuve, la magie des forêts du Vyanthryr mais aussi les démons qui assaillent leurs âmes fracturées.
Une sublime mise en abyme, un conte dans le conte, haletant, surprenant, beau et cruel.
Qui est vraiment le bâtard de Mamarch ? Et quels secrets cache le capitaine Rana à ses hommes de confiance ? Et si cette expédition avait un but tout autre ?
Notre avis
Que ce soit à travers les mémoires du bâtard ou celles du Barde, on est hameçonné par le récit, fasciné par cet univers étrange et mystique où la magie est omniprésente. Capable de passer d’une plume au lyrisme envoûtant, à un texte crû, vulgaire et violent, l’auteur se distingue aussi par une maîtrise du suspense et du bouleversement qui frise la perfection. On s’attache à ces personnages, on partage leurs doutes, leur colère et leurs peurs.
Jusqu’au bout, Stefan Platteau sait conserver le mystère qui entoure ses protagonistes pour nous servir un final grandiose et… terriblement frustrant ! L’implication émotionnelle est telle que j’ai vécu les dernières pages comme un deuil, jusqu'à ce final, ces derniers mots, cet espoir qui revient et cette privation du dénouement tant espéré. Loin de moi l’idée de vous dire ici que la fin est mauvaise, ce n’est absolument le cas. Mais bien qu’elle résolve beaucoup de choses, elle laisse également tant de questions en suspens qu’il m'était impossible de ne pas ouvrir le tome 2 dès la fin de ce premier livre.
Ce n’est absolument pas le signe d’un défaut d’écriture mais bien au contraire celui d’une réussite : celle que parviennent à accomplir certaines œuvres lorsqu’elle vous laisse ainsi, pantelant, avide d’une seule chose : la suite.
Avec Les sentiers des Astres, les éditions les Moutons Électriques signent une saga incroyable, véritable monument de la littérature.
Une saga dont je ne peux que vous inviter à découvrir le premier tome, en suivant ce lien.