Critiques

Les Sentiers des Astres T2 : Shakti, qui est vraiment la Courtisane ?

Par Alex Moon
6 min 6 septembre 2023
Les Sentiers des Astres T2 : Shakti, qui est vraiment la Courtisane ?
On a aimé
- Une violence et un érotisme jamais racoleurs.
- Des adolescents crédibles.
- Une formidable aventure. Le talent de conteur de Stefan Platteau, skald du 21ème siècle, s'exprime pleinement.
On n'a pas aimé
- Rien à déclarer !

Après un premier tome particulièrement immersif, Stefan Platteau nous ramène dans les forêts glacées du Vyanthryr afin de poursuivre l’aventure auprès de Fintan Calathynn et des autres survivants de l'expédition à la recherche du trône du Roi-diseur. Cette suite reprend l’histoire là où nous l’avions laissée, les personnages acculés, désespérés rongés par les secrets et les doutes. Les véritables intentions de Manesh jetées comme un pavé dans la mare, dont les éclaboussures pourraient sonner le glas de leur camaraderie. Pourtant, des dangers bien plus pressants remettent à plus tard le sort de l’enfant solaire.

Nouveau conteur, nouvelle histoire.

Après quelques péripéties, voici que nos héros trouvent enfin un peu de sécurité et de repos. C’est le moment qu’ils choisissent pour pousser Shakti, dite la Courtisane, seule femme de l’équipée, à livrer ses secrets.
Quand vient le soir, elle leur raconte les souvenirs de l’époque ou elle vivait encore sur l’île du Fintami. Comment, à seize printemps, elle a rencontré celui qui deviendrait son amant. Comment sa mère lui a enseigné le chamanisme, le parler des esprits des bois et la médecine de la forêt. Et comment elle trahi tous ces enseignements par amour.

Si les hommes l’ont interrogée dans l’espoir de la compromettre, ils se retrouvent bien vite fascinés, avides de son récit qui rythme leurs soirées. Crue, amère, tendre et triste, la jeunesse de celle qui se nommait alors Nisû en dit long sur la femme qu’elle est devenue. Alors que les anciens géants noirs rôdent au-delà et que le chemin vers le Nord se fait de plus en plus incertain, les souffrances de Shakti pourraient être annonciatrices de celles qui les attendent tous ?

Un roman aux personnages émotionnels

Si Manesh prenait le temps de nous mener le long des rives de l’Angmuir, dans le cœur de l’Héritage, ses plaines et ses forêts baignées de soleil, Shakti nous plonge dans le rude hiver Firwane. Empreinte de traditions, de chamanisme, mais aussi marquée par une guerre perdue, l’île est le résultat d’un mélange de cultures que tout oppose. Si ce tome se concentre plus sur ses personnages, Stefan Platteau n’en oublie pas, comme toujours, de parler de la guerre et de ses conséquences, avec ce peuple au prise entre ses traditions millénaires et cet envahisseur conquérant qui ne les comprend ni ne les accepte.


Mais plus encore que son décors, que l'on pourrait croire sorti d’un conte scandinave, c’est ses héros qui donnent sa force à ce tome 2.


La jeune Nisû, aux prises avec ses premiers émois d’adolescente, tombe dans le piège de l’amour et se compromet pour le beau Meijo. Comment ne pas vouloir crier quand on la voit se flageller pour des actes que le garçon l’a poussée à commettre ? Quand il lui reproche des faits qu’il a lui-même provoqués ? Cet amour qui emporte sa raison de jeune fille, va la mener à s’opposer à sa mère, puissante seigneur et magicienne et à entreprendre un voyage douloureux, violent et sauvage. Une métaphore du passage à l’âge adulte cruelle et poignante.

Un roman qui fait office de répit pour ses héros

Si Shakti à le mérite de répondre à une question cruciale que se posait le lecteur après la fin de Manesh, il fonctionne néanmoins en duo avec le tome 3 Meijo. Préparez vous donc à devoir lire ce dernier pour connaître l’histoire de la Courtisane dans son intégralité.

Bien que l’aventure du Barde, de Pedrouan et des autres ne soit pas mise en retrait, elle prend ici un instant pour respirer afin de laisser plus de place à Shakti pour s’exprimer.

Plus court que son prédécesseur, ce tome n’en est pas moins prenant. Là où Manesh m’avait donné la sensation d’une douce langueur, d’une contemplation agréable et d’une curiosité qui s’installait progressivement, ce second livre à provoqué chez moi des émotions très fortes. Une envie de gifler certains personnages, de hurler face aux injustices qu’ils rencontrent et un désespoir face à leur propre peine. Une émotivité signe d’une grande implication qui prouve, une fois encore, que Stefan Platteau est un écrivain magistral.

Le tome 2 des Sentiers des Astres est disponible aux éditions Les Moutons Électriques, par ici !