Dans une volonté de rendre la bande dessinée plus accessible, Glénat s’est lancé dans la création d’une collection poche. Cette dernière propose de nombreuses œuvres de son propre catalogue et de celui de Vent d’Ouest dans un format revisité, proche des codes du manga. Des éditions plus petites, dotées d’une couverture souple et à un prix plus attractif, idéales pour emporter sur la plage avec soi.
L’un des titres de lancement de cette collection c’est L’Été fantôme, d’Elizabeth Holleville, initialement publié en 2018. Une histoire à la fois mystérieuse, douce, triste et intrigante.
L’histoire
Louison vient passer les vacances d’été chez sa grand-mère, au bord de la plage, avec sa sœur aînée. Cette dernière, pleinement entrée dans l’adolescence, ne partage plus leurs jeux d’enfants et la cadette attend avec impatience l’arrivée de ses cousines pour s’amuser. Pourtant, elles aussi ont grandi. Fini les châteaux de sable et les glaces, elles s’intéressent désormais aux garçons, fument en cachette et s'échappent de la villa la nuit pour traîner sur le port. Louison se sent rejetée.
Le réconfort, c’est Lise qui va le lui apporter.
Lise, c’est le fantôme de sa grand-tante, morte il y a soixante ans, alors qu’elle avait à peu près le même âge que Louison. Les deux fillettes vont se lier d’amitié et partager confidences et jeux d’enfants, jusqu’à la fin de cet été que les pouvoirs de Lise rendront magique.
L’avis d’Alex
L'Été fantôme, ce n’est pas seulement l’histoire d’un passage vers l’adolescence, mais celle du temps qui s’écoule pour tout le monde, sauf Lise. Si cette dernière nous paraît d’abord heureuse, éternellement jeune, immuable, elle est prisonnière de son état, là où Louison va grandir, changer et évoluer. Il y a aussi Juliette, la grand-mère de Louison, dont la vieillesse se traduit par des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes.
L'Été fantôme, c’est aussi cette ambiance estivale et maritime parfaitement retranscrite. On y sent le parfum de l’embrun et la saveur des crèmes glacées. On y retrouve ces soirées passées sur la plage et le dur moment où il faut retourner à la réalité, lorsque les vacances sont terminées. À ce titre, choisir cette période comme contexte pour illustrer cette étape particulière de la vie d’une jeune fille s’avère fort judicieux.
Quelque chose meurt, quelque chose commence.
Il y a cette ambiance douce-amère, cette mélancolie ensoleillée. Pas seulement celle de Lise, prisonnière de cette demeure familiale depuis sa mort, mais aussi celle de Louison qui tente de garder les pieds fermement enfoncés dans le sable de l’enfance quand son corps la tire petit à petit vers le monde des adultes. Ce monde qu’elle voit par le prisme de sa sœur et de ses cousines, désormais plus intéressées par les garçons (ou les filles) et les sorties nocturnes que par les joies simples des jeux dans le jardin familial.
Sans jamais se montrer condescendante, l’autrice nous parle aussi des tourments de l’adolescence, des cœurs brisés et des punitions injustes, de cette période où chaque émotion se trouve exacerbée jusqu’à en devenir douloureuse.
L'Été fantôme est un album plein de justesse. Parfois triste, souvent nostalgique, mais dont on ressort, tout comme Louison, grandi.