Mélangeant un style de comic rétro et une ambiance digne d’une série télévisée fantastique des années 2000, Memphis détonne. À travers une intrigue qui monte progressivement en intensité, le récit tient son lecteur en haleine jusqu'à sa dernière page, se permettant même quelques sursauts dramatiques bienvenus. Si l’histoire évoque des mystères tels que ceux d’American Elsewhere ou de Wayward Pines, elle aborde aussi, en filigrane, des thèmes comme l’amitié, la curiosité évolutive naturelle de l’humain et la peur de l’inconnu.
On vous ment ! C’est un complot ! Tout est faux !
L’histoire
La vie de Louis bascule le soir où il croise son ex-petite-amie et que cette dernière ne le reconnaît pas. Elle prétend même ne plus s’appeler Maë, mais Abigail. En la suivant, Louis découvre une résidence étrange, hautement sécurisée, dans laquelle les habitants semblent être plongés dans un état végétatif. Avec l’aide de son ami Roosevelt, un adepte des théories du complot et du paranormal, il décide de mener l’enquête. Petit à petit, le duo enchaîne les découvertes étranges : Pourquoi personne ne semble pouvoir quitter la ville de Memphis ? Pourquoi aucun avion ne traverse jamais le ciel ? Et pourquoi les archives de la mairie sont-elles aussi vides ?
A mesure que les phénomènes inexpliqués se multiplient autour d’eux, les deux amis commencent à se demander s’ils ne seraient pas victimes d’un complot, d’une machination à grande échelle visant à cacher une mystérieuse réalité au reste des habitants de Memphis. D’autant que l’arrivée de Kate, une jeune femme sceptique, mais qui tient pourtant à les accompagner dans leurs recherches, pourrait semer le trouble entre Louis et Roos. Au-delà des mystères et des événements absurdes, une autre question les taraude, et si c’était eux qui devenaient fous ?
L’avis d’Alex
Orchestrée de main de maître, Memphis propose une aventure fantastique intrigante et mystérieuse, qui parvient à accrocher son lecteur comme seuls les meilleurs thrillers savent le faire. Avec sa galerie de personnages crédibles (dotés d’une beauferie d’époque) et l’excellent rendu de son ambiance américaine des années 1960, la BD fascine et interroge tout du long.
En lisant Memphis, on pense à LOST, Alan Wake ou encore La Quatrième Dimension. Lorsque Rodolphe, le scénariste, nous lance sur une piste, c’est pour mieux permettre au dessinateur Bertrand Marchal d’en cacher une autre dans ses cases. Jamais avare en rebondissement, l'œuvre se dévore d’une traite, comme on binge watch une série TV. Et si l’on se plaît à tout imaginer lorsqu’il s’agit de résoudre le mystère de la ville de Memphis, on regrettera que sa révélation finale manque quelque peu de panache. On retient cependant son ambiance, sa manière de jouer avec les clichés et ce désir qu’elle suscite de connaître la vérité.
