Les œuvres de Neil Gaiman, figure totemique de la fantasy moderne, ont en commun d'avoir pour personnage clé des figures marginales desaxées de leur environnement naturel.
Que ce soit la jeune Coraline ou le jeune Joey d'Entremonde, l'auteur aime évoquer la confrontation entre deux mondes, deux entités fortes que rien ne devrait réunir. Mais cette dualité des mondes ne date pas d'hier, et trouve même un point d'origine au cœur de ce qui était, à l'origine, un scénario pour une série TV. Nous parlons ici de Neverwhere, roman clé dans la carrière de l'auteur tombé quelque peu en désuetude par rapport aux autres titres du monsieur.
Upside Down
Véritable référence d'urban fantasy (sous genre imposant l'existence de créatures légendaires en lieu urbain), Neverwhere raconte l'histoire de Richard Mayhew, cadre ordinaire londonien, dont la vie bascule le jour où il sauve la jeune Porte de ses agresseurs. Ce qu'il ne sait pas, à ce moment précis, est qu'il est désormais banni de son monde d'origine, contraint à descendre dans les abîmes de Londres pour découvrir un peuple... Un peuple de marginaux, de laissés pour compte, construit sur un étrange modèle féodal.
La fantasy est politique !
L'aventure que propose Gaiman est un savoureux mélange d'humour anglais, préfigurant la gouaille sans pareille qu'on retrouvera dans Good Omens, et de fantasy sociale comme on aimerait en lire davantage. Car derrière le vernis de merveilleux se cache une couche de réalité froide et palpable : celle d'une misère sociale, invisible aux yeux de certains, mais qui vit pourtant sous nos ponts et dans nos ruelles... En filigranes de ce propos, Gaiman offre un page turner agréable dont l'univers original donne lieu à des séquences mémorables qui méritent de s'y attarder.
Neverwhere est disponible dans une nouvelle édition Au Diable Vauvert juste ici !