- Le rôle des Suivant(e)s : un statut, des droits et des devoirs complexes.
- Un recueil de nouvelles en troisième partie qui rend l'univers plus mature et particulièrement attrayant.
- Des personnages au caractère difficile à cerner. Pour lesquels on ne se sent pas nécessairement impliqué émotionnellement.
Avoir réuni les premiers tomes des Récits du Demi-Loup sous la couverture d’une intégrale, voilà une riche idée de la part des Moutons électriques ! Si le pavé peut faire peur (886 pages), il a le mérite de permettre au lecteur de plonger dans l’histoire, sans l’apprécier uniquement à l’aune de son premier tome, Véridienne, qui n’est qu’une très longue introduction.
Un récit que l’on aurait tort de juger comme adolescent.
L’histoire
Une tradition millénaire existe au royaume du Demi-Loup : chaque enfant de sang royal se voit attribuer un Suivant. Un enfant, né un jour après lui, qui l'accompagnera durant toute sa vie. Le Suivant n’est pas un serviteur, c’est un ami, un confident, un soutien, respecté et reconnu comme un membre de la famille royale à part entière, qui entre dans la ligne de succession au même titre qu’un enfant légitime.
Par la négligence de son père, la princesse Malvane se voit attribuer deux Suivantes : Nersès et Cathelle. Quand sa cousine Calvina vient vivre avec elle au château de Véridienne, après la mort de son père, elle est accompagnée de sa Suivante Lufthilde.
Ce sont les mémoires de ces trois Suivantes qui font les Récits du Demi-Loup, entre journal intime et échange épistolaire.
Elles nous narrent leur enfance dorée au palais, inconscientes des problèmes politiques qui secouent le royaume, tandis qu’une étrange maladie décime peu à peu la population. Mais le retour du prince Aldemor, parti en guerre contre l’Est plus de dix ans auparavant, pourrait bien faire voler en éclat leur petit monde d’insouciance.
L’avis d’Alex
De prime abord, les Récits du Demi-Loup pourrait être jugé avec une certaine condescendance comme l’histoire de cinq bécasses naïves et capricieuses. Des princesses qui se fâchent pour des robes ou des amourettes, comme des adolescentes trop gâtées. D’autant que cet aspect de leur vie, de l’enfance au début de l’âge adulte, constitue la plus grande partie du récit. Pourtant, arrivé au bout du roman, on réalise que c’est à la fois un pari audacieux et un choix extrêmement réaliste de la part de Chloé Chevalier d’avoir rendu ses héroïnes désagréables, parfois même odieuses, pour le lecteur. Leur plongée brutale dans le monde réel, loin du confort de la cour, n’en est que plus rude. Ironique également de constater que ce sont les mêmes attitudes, que l’on qualifie de puériles quand elles concernent des adolescents, qui ont plongé le royaume dans le marasme qui est le sien : amours, désirs irréfléchis et vanités.
L’autrice amène une réflexion que chacun devrait humblement méditer : Nous, adultes qui regardons de haut les problèmes des enfants comme des futilités, n’avons nous pas les mêmes inquiétudes que nous enrobons d’une couche de convenances et de manières pour les faire passer comme plus sérieuses ?
En conclusion
Si son univers est plus proche du médiéval fantastique que de la fantasy et qu’il se montre plutôt classique, loin de la violence exacerbée et des intrigues politiques profondes d’un Trône de Fer ou d’un Witcher, le monde du Demi-Loup offre une aventure épique, vaste et colorée. Et une sacré prouesse de la part de son autrice.
L'intégrale des Récits du Demi-Loup est disponible chez Les Moutons électriques