Et si, Louis XIV, le roi soleil qui baigna la France dans une lumière prospère ne meurt pas, le 1er septembre 1715 à l'âge de 76 ans ? Qu'adviendrait-il de l'Histoire et de cette France qui, au lieu de basculer sous le règne de Philippe II d'Orléans, sera à jamais gouvernée par ce roi bien aimé qui a pactisé avec les Ténèbres pour goûter à la vie éternelle ? Sa peau, autrefois chaude comme le soleil, s'est glacée et s'est constellée de fines veines bleues parcourues d'un sang inhumain dotant son hôte d'une incroyable force surnaturelle. Ses yeux n'ont plus cet éclair de vitalité et de chaleur qu'ont les rois aimés par ses sujets, mais sont semblables à des puits profond de désespoir au sein desquelles se tapissent les monstres les plus abominables,. Ainsi, ses sujets n'obéissent plus que par terreur devant ce Louis XIV, plus mort que vivant, changé en vampire, tout comme ses nobles pupilles qui garantissent la survie de cette monarchie absolue.
C'est au sein de ce royaume fracturé entre les humains et les vampyres que Jeanne Froidelac, jeune roturière, évolue. Issue d'une famille aimante et dévouée à la cause, son train-train quotidien, – dont elle se plaint régulièrement –, chavire, lorsqu'une visite impromptue de l'Inquisiteur conduit au massacre. Arrachée à sa famille, Jeanne est propulsée à la cour du roi où dissimulation, coup bas et faux semblants sont de rigueur.
Si l'univers vampirique auquel s'oppose traditionnellement le monde humain n'a rien d'original, l'uchronie imaginée par Dixen ajoute une plus-value à cette histoire, dont on pense connaître tous les rouages et subterfuges, mais qui ne finit jamais de nous surprendre. Dans cette partie de poker, le jeu de Victor Dixen frappe là où ne s'y attend le moins. Cette déroute implacable m'inspire un profond respect, car en s'emparant de cette thématique vue et revue, l'auteur propose une décoction inédite et subversive à laquelle vous ne serez pas insensible.
Car, quoi de mieux qu'une réécriture de l'Histoire pour initier son lecteur aux machinations de la cour, aux conflits qui ont fait rage, à cette hiérarchie qui subsiste entre les nobles et les roturiers, aux révoltes qui menacent le royaume d'extinction. En d'autres termes, les vampires ne seraient-ils pas la représentation politique de ceux qui oppriment le peuple au nom d'un principe universel qu'est l'argent ? Profitant de la misère pour s'enrichir, du manque d'éducation pour asseoir leurs suprématies, ces nobles terriens rendus fortunés et vampires par la monarchie profitent du labour du peuple pour se livrer à des bagatelles.
À l'aune de ce constat, Jeanne Froidelac ne peut rester passive devant le spectacle de son peuple qui meurt à petit feu pour assurer le bon plaisir du roi. Cette héroïne valeureuse, déterminée et d'un caractère fougueux manifestera plus d'une fois ses valeurs au cours de ce récit riche en rebondissements. On regrettera seulement les hasards bienheureux qui sauvent le personnage in-extremis du danger et les revirements de situation qui m'ont plus d'une fois heurtés en raison de leur rapidité et de leur soudaineté. Je pense également aux dilemmes que le personnage résout si facilement que cela paraît irréel. Toutefois, nonobstant ces désagréments, j'ai pris plaisir à découvrir la perversité, la noirceur qui entourent cette cour, et les autres personnages dont la singularité apporte de l'ombre et de la lumière à ce tableau. En intégrant la Grande Écurie, cette roturière se hissera jusqu'à la fine fleur de la noblesse où l'apparence d'unité et d'homogénéité qui se dégage de cette école élitiste n'est que mirage.
Intrigué.es ? Lisez Vampyria, de Victor Dixen, un roman dans lequel vous voyagerez dans le passé pour y découvrir les instigations et les insurrections qui secouent la France du XVIII, une France baignée dans un halo surnaturel qui ne la rend que plus mystérieuse. Profitez de l'offre découverte proposée par Robert Laffont à 9.90€ pour vous lancer dans la lecture de cette saga originale !