1.
| Le Commonwealth et Peter F. Hamilton
Considérée comme son chef-d’œuvre, la saga du Commonwealth de Peter F. Hamilton est la quintessence du nouveau space opera, qui se veut épique mais réaliste : l’auteur se joue des limites scientifiques qu’il impose à ses personnages. Le Commonwealth regroupe un ensemble de planètes reliées par des trous de ver qui permettent une libre circulation des personnes et des biens avec une particularité majeure, l’immortalité. En effet, tous les 50 ans les classes moyennes et supérieures se voient octroyer (monnayant des espèces sonnantes et trébuchantes) un rajeunissement complet des cellules, voire un effacement partiel des souvenirs afin de commencer une nouvelle vie.
Caractéristique essentielle du space-opera, la Saga du Commonwealth brille par son ampleur : l’immortalité permet de suivre des personnages sur plusieurs décennies/siècles tandis que les trous de ver permettent d’étudier les répercussions d’un événement sur des planètes distantes de plusieurs années-lumière. Nous suivons ainsi la maison Sheldon, dont le patriarche, Nigel, est le créateur de la technologie des trous de ver et donc l’homme le plus puissant du monde ! Mais comme dans de nombreux space opera, il n’y a pas qu’un seul personnage principal, ni une seule et même intrigue. Le fil rouge principal de cette saga est la découverte d’un système peuplé d’une espèce extra-terrestre, les Dysoniens, qui cherchent à effacer l’Humanité de la galaxie afin d’assurer sa pérennité en tant qu’espèce ! Avec ce simple enjeu, Peter F. Hamilton promet des combats spatiaux de grande ampleur, en plus d’enjeux titanesques !
Pour les aficionados de la science, vous n’êtes pas en reste car en plus de l’immortalité, l’auteur aborde évidemment la question de l’intelligence artificielle : le Commonwealth a créé une entité robotique intelligente dont les motivations personnelles sont parfois floues mais qui sont principalement orientées vers ses créateurs. En plus des bonds technologiques qu’impliquent ces avancées, l’auteur imagine surtout les conséquences sociales et sociétales que représentent l’immortalité (mais seulement pour une majorité des citoyens du Commonwealth).
Cette trilogie a de nombreux niveaux de lecture et présente une galerie de personnages gigantesques (mais toujours claire et bien amenée, Dieu merci !) qu’il faudrait présenter un à un afin de bien saisir toute leur importance dans cette saga… Retenez juste que cette saga peut être relue sans modération car on en tirera toujours quelque chose de nouveau !
2.
| Laurent Genefort et les portes de Vangk
Créateur de mondes et quasi-ethnologue de ses propres civilisations, Laurent Genefort est l’étoile brillante du space-opera français. L’auteur imagine un futur contrôlé par des conglomérats économiques qui régissent vie politique, aides sociales, emplois, guerres… Mais ce n’est qu’un pan de sa galaxie remplie de portes de Vangk (imaginez les relais de Mass Effect) qui permettent à l’Humanité de se lancer dans la conquête spatiale et d’essaimer sur diverses planètes aux environnements bien différents.
Introduit par son cycle d’Omale, où l’Humanité est enfermée sur une planète titanesque avec d’autres espèces extra-terrestres aux mœurs bien différentes de nos coutumes terriennes. Imaginez une sphère de matière ultra-dense, englobant un soleil. Et à l'intérieur de cette coquille de dizaines de millions de fois la surface terrestre, de l'air et des espèces intelligentes. Là, sous un soleil à jamais immobile, les Humains, arrivés il y a des millénaires sans être repartis, ont fait grandir leur civilisation en repartant de zéro. Au fur et à mesure des âges, alors que l'univers extérieur se muait en simple mythe, ils ont dû tisser une histoire avec leurs voisins extraterrestres : les Chiles, grands et puissants, et les sages Hodgqins. Et cette histoire s’est faite à travers le commerce, la guerre, les alliances et les trahisons de chacun dans l’intérêt de son peuple.
Dans un autre registre, Lum’en aborde la question de la colonisation et de la conquête d’un monde inhospitalier. Récit de lutte, de diplomatie et de sociologie, ce roman ne laisse jamais indifférent ses lecteurs qui en ressortent avec un arrière-goût d’amertume car d’entrée de jeux l’on se doute que cette colonie va décliner et pourtant on s’attache à chaque personnage et à leur descendance. Ici, l’auteur montre tout son talent d’écrivain avec ses personnages forts, complexes et profondément humains !
On pourrait s’attarder sur chaque roman de ce cycle que l’auteur n’a de cesse d’enrichir depuis près de 20 ans mais ce serait vous surcharger d’information : tous les genres s’y retrouvent, l’action nerveuse avec Les Peaux-Epaisses, la contemplation et les conflits spatiaux avec Spire… Vous pouvez commencer par n’importe quel bout, vous ne serez pas déçu !
3.
| Gareth L. Powell et Braises de Guerre : Faire revivre l’âge d’or
Fut un temps où le space opera n’était que métal hurlant dans le silence de l’espace, vaisseaux contre vaisseaux, humains contre aliens… Gareth L. Powell et son cycle de Braises de guerre est un vrai retour aux sources avec tout le meilleur du space opera moderne (on dit oui à la complexité des personnages !).
La galaxie connue est divisée en 3 sphères d’influence : 2 factions humaines et le reste. L’auteur nous plonge dans un corps de sauvetage stellaire composé d’un équipage d’anciens membres de ces factions et qui apprennent à cohabiter avec les ennemis d’hier (car oui, qui dit factions humaines, dit guerres quasi-fratricides). Les personnages sont pétris de doute et sont lourds en souvenirs traumatisants, ce qui apporte une profondeur bienvenue !
Qui plus est, la plume de Gareth L. Powell remplit parfaitement son rôle de metteur en scène de combats spatiaux ! Chaque vaisseau est doté d’une IA qui peut s’incarner, donnant l’impression que les salves de canons sont autant de coups d’épée entre deux demi-dieux ! Et le reste de l’équipage n’est pas en reste, en étant ballotés par les remous des attaques dans les salles de commandement (avis aux fans de Star Trek, voire de Babylon 5 !)
Le cycle est encore en cours d’écriture mais les deux premiers volumes esquissent une fresque dotée d’une jolie galerie d’espèces et de civilisations immémoriales qui viennent chambouler cette jeune et fringante espèce qu’est l’Humanité !