1.
| Le Vieil Homme et la Guerre de John Scalzi : une Humanité pas toute blanche
John Perry a désormais 75 ans. Sa femme est morte, il est vieux et fatigué. L’armée lui propose une seconde chance : rajeunir pour servir l’expansion de l’Humanité dans la galaxie, puis après quelques années, avoir le droit de s’installer dans une nouvelle colonie. A travers toute la saga, Perry va affronter des espèces extra-terrestres (parfois bien plus avancées technologiquement que les humains). Affrontements qui ouvrent sur une galaxie riche et très (très) peuplée ! L’univers, l’organisation militaire, la colonisation… tout est crédible et l’intrigue nous permet d’explorer ces différentes facettes au cours des 6 tomes de la saga.
Côté action, John Scalzi est un maître des séquences de tirs à pleine bourre et de métal hurlant ! Nuançons tout de suite le propos, nous sommes loin du « je vois, je tire ». En effet, son personnage est réfléchi et l’auteur associe très souvent une séquence de violence à une réflexion philosophique ou à une prise de recul du personnage face à la stratégie globale de l’armée et de l’Humanité.
La psychologie n’est pas le fort de l’armée décrite par Scalzi, ce qui offre un sacré contre-point quand on lit les cas de conscience de John. L’Humanité n’est pas sans reproche dans les guerres qu’elle mène et cela l’auteur l’aborde abondamment en jouant constamment avec les notions manichéennes de Bien et de Mal.
John Scalzi est aussi un excellent humoriste et cela se sent dans le Vieil Homme et la Guerre où l’autodérision, les traits d’esprits et l’humour noir amènent beaucoup de fraîcheur. Qui plus est la cure de jouvence que vivra le personnage principal le fait avoir un regard de « vieux » dans un corps de jeune. La tempérance, la bêtise et la maturité vont se croiser dans un cocktail très savoureux !
Le Vieil Homme et la Guerre est un beau condensé d’action et de philosophie guerrière, servie par une plume savoureuse !
2.
| Honor Harrington de David Weber : Les loups de mer dans l’espace
Les sagas en mer sur notre bonne vieille Terre sont ce qu’est Honor Harrington à la galaxie. Grande fresque ambitieuse où l’on suit l’amiral Honor Harrington, ce cycle est centré sur le conflit lavé entre l’Empire de la Manticore et la République du Havre. Honor, au service de sa majesté l’Empereur, débute sa carrière assez mal : elle humilie un grand amiral et se retrouve en charge d’un système éloigné à bord d’un navire presque obsolète et aux côtés d’un équipage qui l’accuse d’être la cause de leur exil (et à raison !).
Tout au long d'une douce montée en pression, nous allons découvrir le fonctionnement de l'univers, de la flotte et du vaisseau commandé par Honor. David Weber a su, par un style fluide, non dénué d'humour, rendre particulièrement passionnant les déboires à bord, les préparations avant de grandes batailles au même titre que les déluges de feu des combats spatiaux !
Le premier tome se concentre essentiellement sur la présentation de l'équipage d'Honor et se déroule autour de la station de Basilic avec un rôle prépondérant accordé aux aspects militaires, les suivants explorent de plus en plus la dimension politique dont les enjeux s'entremêlent toujours davantage, la carrière d'Honor grandissant. Elle est une véritable meneuse d’hommes et est capable de tirer le meilleur de chacun des membres de son équipage (qui se prendra rapidement à l’aimer !).
Le reste de la saga s’aventure dans d’autres coins de la galaxie, face à des gouvernements fortement inspirés de nos cultures existantes (Japon, Union Européenne, mélange entre impérialisme américain et empire romain, république des pirates…). De quoi être dépaysé très souvent !
Amateurs de space opera, d'action militaire, de bravoure foncez sur ce divertissement passionnant !
3.
| Les Fantômes de Gaunt de Dan Abnett : une mort annoncée
L’univers de Warhammer 40.000 est le péché mignon de beaucoup de lecteurs de SF et de peintres en herbe. Très violent, mythe arthurien des temps modernes avec de très gros fusils et de très gros vaisseaux spatiaux, il est notamment incarné par les Space Marines, des guerriers de prêts de 3 mètres qui ne quittent jamais leurs armures et qui combattent chaque jour les menaces Xenos (démons, orks, eldars…) qui pèsent sur l’Humanité. Mais, aux côtés de ces demi-dieux marchent des hommes et des femmes qui apportent leur pierre à l’édifice qu’est l’Imperium humain : les Fantômes de Tanith font partie de ces hommes et de ces femmes.
Tanith a été détruite par les armées du Chaos (comprenez des humains corrompus par des dieux anciens dont la galaxie est le terrain de jeu). Les seuls survivants sont ceux qui ont été enrôlés dans le Premier et Unique, le régiment qui sert dans la croisade de Sabbat. Pour motiver les troupes, le Haut Commandement a promis à ces soldats qu’à la fin de la croisade, l’Imperium leur offrirait une nouvelle planète sur laquelle s’installer ! En attendant, ils doivent être prêts à mourir pour l’Imperium !
Désespérés mais fiers, ils servent sous l’autorité du commissaire Ibram Gaunt, un étranger, qui va rapidement devenir aussi Tanith qu’eux. Cet énorme cycle au cœur de l’univers de Warhammer 40K est une superbe introduction à ce monde, sans tomber dans les poncifs « Space Marines Vs Grosses bêtes maléfiques ». En effet, nous y suivons de nombreux soldats (et plus tard soldates) avec leurs peines et leurs moments de gloire. Le fait de savoir qu’ils sont les derniers représentants d’une culture et d’une planète rend chaque perte extrêmement dure et importante pour le récit et le régiment tout entier.
Qui plus est, les Fantômes vont se frotter au Chaos, cette entité corruptrice, et offrent un regard nuancé sur le Bien et le Mal, avec notamment quelques missions d’infiltration en territoires ennemis. Mais cela je vous laisse le découvrir…
Les Fantômes de Gaunt est un cycle qui vous prend aux tripes et qui vous rapproche du quotidien de ces militaires perdus dans l’espace. Chaque perte va vous secouer, cela, je vous en fais la promesse !