1.
| Ayesha d’Ange
Ange est un duo d’auteurs emblématiques de la fantasy française des années 2000. Ayesha est unanimement considéré comme leur chef-d’œuvre et est pétri d’inspirations orientales et occidentales.
Marikani est la princesse héritière du fier pays d’Harabec mais une machination l’a conduite à endurer l’exil, lui faisant croiser la route d’Arekh, un galérien au passé trouble qu’elle sauve in extremis de la noyade. La princesse est traquée et doit faire reposer sa survie, et donc son trône, sur les épaules d’Arekh. La trilogie d’Ayesha est l’occasion pour les deux auteurs de développer un univers foisonnant aux côtés de Marikani et invitent à un voyage au cœur de l’Orient.
Le thème majeur de cette trilogie réside dans les superstitions que les Grands de ce monde essayent de faire avaler aux masses : qu’est-ce qui donne de la force à une religion, si ce n’est les affirmations que des prêtres proches du pouvoir ne cessent d’asséner au peuple prêt à trouver des échappatoires faciles ? Superstitions qui peuvent pousser le plus bas des hommes aux pires atrocités et à mettre en esclavage tout un peuple pour sa couleur de peau et une rancune lointaine ! Ce sujet épineux de la foi est incarné par le personnage d’Arekh, croyant et dont les sentiments religieux sont sans cesse remis en question par Marikani, ce qui apporte une profondeur à cet univers aux goûts de religions païennes pré-islamiques et pré-chrétiennes.
Des sonorités aux décors, Ayesha brille par ses inspirations orientales qui viennent se superposer à des références plus occidentales dans un cocktail très agréable à découvrir. Qui plus est, ce duo d’auteur a toujours su instiller une envie d’explorer les moindres recoins de leur univers dans l’esprit de leurs lecteurs, alors même qu’ils ne font que les effleurer dans leurs descriptions !
Un vrai classique de fantasy orientale en France !
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2.
| Shâhra de Charlotte Bousquet
Après l'Archipel des Numinées et sa menace rampante dans l’ombre de cités splendides, Charlotte Bousquet s’est lancée dans un cycle magnifique : Shâhra. Fresque envoûtante et personnelle de fantasy orientale, l’autrice apporte un vent de fraîcheur dans l’imaginaire français avec ce cycle.
Plusieurs femmes interviennent dans ce diptyque très rythmé : Tiyyi, une esclave recueillie par une tribu du désert et qui découvre des pouvoirs enfouis en elle en se confrontant à la fournaise du désert et aux esprits anciens ; Aya Sin, une chamane sous l’emprise d’un djinn prisonnier d’un corps vieillissant et qui la drogue afin de lui forcer la main ; Djiane, une jeune femme touchante dont la belle-mère n’a de cesse de la sortir de la vie de sa famille, au point de la livrer à un seigneur tyrannique, intéressé par le savoir mortel et ancestral de sa famille.
Le monde révélé par Shâhra est sublimé par le style parfois contemplatif de Charlotte Bousquet, qui sait nous guider à travers les cités et les dunes qui peuplent son continent sous une chaleur écrasante. Sa plume apporte une approche sensible et presque charnelle de la magie, qui est très tournée sur la pensée et l’énergie que son utilisatrice est prête à sacrifier.
Ajoutez à cela une intrigue qui devient explosive au deuxième tome et vous obtenez un dyptique dont les enjeux ne cessent de croître : un dieu fou cherche à siphonner le monde de la Vie elle-même et le djinn, Malik, au corps ravagé par le temps veut lui aussi regagner sa puissance. Evidemment, Charlotte Bousquet respecte cette culture orientale qui est fascinante et qui est parfois bien cruelle avec les mortels. Par ailleurs, un conteur intervient souvent pour chanter avec mélancolie les héros des temps anciens, instillant une profondeur à cet univers qui est de très bon aloi !
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3.
| Percheron de Fiona McIntosh
Avec Le Don, Fiona McIntosh avait fait sensation, mais c’est sa saga Percheron qui est, selon moi, sa plus réussie. Dans une ambiance aux inspirations clairement turques et byzantines, elle livre un récit poignant sur toute une civilisation qui est prête à tomber à cause de l’ambition d’une mère qui souhaite voir maintenu son fils sur le trône de Percheron, une cité flamboyante. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire : en effet, l’autrice adore superposer des intrigues pour leur donner une dimension presque divine.
Auparavant, Percheron était dominé par les femmes qui contrôlées chaque aspect du pouvoir. Aujourd’hui, ce sont les Zars qui règnent en maîtres et qui ont créés des harems afin d’assurer leur descendance. Mais, le dernier Zar en date vient de mourir d’une stupide chute de cheval, c’est alors à son jeune fils de reprendre le flambeau, lui qui est inexpérimenté (la trilogie de Percheron sera un véritable cycle d’initiation pour ce personnage qu’on verra grandir). Or, c’est l’ambition de sa mère qui lui permet de rester sur le trône, quitte à faire assassiner opposants et demi-frères… Problème récurrent quand on est un homme de pouvoir qui laisse plusieurs épouses et héritiers à sa mort…
Mais les personnages de pouvoir ne sont pas les plus intéressants : Ana, l’odalisque (esclave au service des femmes des harems) et Pez, le nain fou, sont de vraies pépites. Ana nous ouvre les portes du harem, qui n’a rien à voir avec les images que l’on s’en fait : lieu de pouvoir et de manipulations par excellence, le harem est dangereux pour les âmes fragiles. Tandis que Pez, conseiller et espion au service du Zar nous révèle les coulisses du palais…
Et que dire de Percheron ? La plume de Fiona McIntosh prête vie aux marchés aux épices et aux sculptures impressionnantes qui peuplent la cité. On respire les arômes de safran et le souk bruisse à nos oreilles. L’autrice réalise le tour de force de nous plonger dans cet univers extrêmement lumineux et vivant !
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4.
| Le bonus Young-adult : Le Faiseur de rêves de Laini Taylor
Laini Taylor revisite le conte de la Cité perdue et de l’Eldorado dans le désert. Une cité légendaire est nichée au centre du désert et elle est oubliée de tous depuis 15 ans, pourtant les légendes restent enfouies dans les souvenirs profonds des hommes et des femmes du désert. Lazlo, bibliothécaire de son état, rêve de savoirs anciens et de cette ville perdue.
Le style de Laini Taylor est merveilleux car il assouvit la quête de savoir de tout bon lecteur. Son texte est pétri de secrets que nous découvrons en même temps que son personnage principal, Lazlo, qui est particulièrement touchant dans son aventure au milieu des livres pour dénicher une cité secrète. On dirait le début d’une belle aventure et cela se confirme avec cette quête personnelle, quand des guerriers de cette cité oubliée sorte soudainement de leur réserve et cherche à rassembler les plus grands savants de leur temps.
Ni une, ni deux, Lazlo rejoint l’aventure et est embarqué dans une épopée où ses rêves vont se concrétiser (mais aussi se briser). Il va se frotter à des dieux, des démons, des anges séraphins mais aussi à des magies perdues et à des rêves étranges, qui viennent peupler un monde très maîtrisé par l’autrice, qui a su instiller us et coutumes dans ce monde oriental. Et c’est la profondeur de cet univers qui permet à l’autrice d’aborder des sujets comme le racisme ou la rancœur millénaire entre plusieurs peuples et ainsi forger des valeurs qui font grandir ses protagonistes. Un beau cycle de romans d’initiation en somme !
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