1.
| La Main de l’Empereur d’Olivier Gay
Conçu comme une préquelle à sa série phénomène Les Epées de glace, le diptyque de la Main de l’Empereur d’Olivier Gay peut se lire indépendamment et quel cycle ! Presque comme un Gladiator, le destin de Rekk, un gladiateur maître de l’arène est exceptionnel.
Intelligent, Rekk sait qu’il doit s’échapper un jour ou l’autre de l’arène et sait saisir les opportunités : l’Empereur envoie La Légende au front. L’Empereur souhaite le voir s’éloigner de la capitale car ses origines sont troubles (il serait le fils bâtard d’un gladiateur et d’une femme mariée influente). Il fait de lui la Main de l’Empereur et l’envoie aux frontières de l’Empire pour annexer une jungle dominée par des tribus barbares pleines de ressource.
Imaginez un Vietnam sans communication, sans médicament et sans réel entraînement de la vie en territoire hostile et vous toucherez du doigt ce que vont vivre Rekk et ses hommes. Olivier Gay sert ici une fantasy guerrière très efficace et qui sait manier la politique en toile de fonds. A la lecture, les complots feutrés des grandes heures de l’Empire romain semblent de mises, ce qui n’a de cesse de donner de la profondeur à l’univers.
Le rythme est palpitant et quand on connaît la plume d’Olivier Gay, le fait que La Main de l’Empereur soit un vrai page-turner doté de personnages aux personnalités plus complexes qu’il n’y paraît ne surprend plus tellement ! Que vous ayez déjà lu Les Epées de Glace ou non, vous apprécierez grandement ce cycle !
Jetez un œil à la première partie de ce dossier !
2.
| Alexandre le Grand et les Aigles de Rome de Javier Negrete
Et si ? Comme avec le cycle de Mithra de Rachel Tanner, Javier Negrete réécrit l’histoire : Alexandre le Grand n’est pas mort et il porte son regard sur l’Occident. Sur son chemin se dresse la jeune République romaine en pleine expansion. Seul bémol au réalisme de l’œuvre, c’est Caius Julius César qui s’opposera aux Macédoniens. Hormis ce fait, tout est crédible : les choix politiques d’Alexandre, l’organisation des légions face aux phalanges macédoniennes…
Evidemment, nous suivons de près Alexandre le Grand et Caius Julius César qui cherche à s’imposer dans la démocratie romaine. Mais aussi les hommes de rang, ceux d’en bas, la piétaille : Demétrios et son frère autiste Euctémon. L’occasion pour l’auteur d’être aux cœurs des batailles (où l’on sent une inspiration très Gemmellienne) et aussi de toucher du doigt le quotidien d’un homme durant l’Antiquité.
Les choix politiques sont parfaitement cohérents avec ce que nous connaissons de l’Histoire, comme le choix des avant-postes de campagne ou les lieux des batailles. Le travail de recherche de Javier Negrete est immense, rendant d’autant plus captivant ce choc de nations. Les éléments d'époque sont expliqués et décrits afin que le lecteur comprenne, quelles que soient ses connaissances en matière d'Antiquité, ce qui rend l’écriture extrêmement fluide !
Passionnés d’uchronie et d’Antiquité, foncez les yeux fermés !
Jetez un œil à la première partie de ce dossier !
3.
| Conan de Robert E. Howard
Quel oubli mais quel oubli dans la première partie de ce dossier : Robert E. Howard, père de Conan le Barbare et indéniablement un des pères fondateurs de la fantasy antique. L’Âge hyborien est un savant mélange entre Antiquité et Moyen-Âge, toutes civilisations confondues ! Une vraie pépite qui fait voyager au gré des nouvelles qui suivent ce barbare qui n’en a que le nom.
Loin du cliché des films avec Arnold Schwarzenegger, Conan est un combattant rude et intelligent qui use de son épée certes pour résoudre les situations critiques mais qui a aussi la langue bien pendue afin de se dépatouiller d’événements complexes. Et dans un Âge hyborien où la guerre semble régner partout, Conan a du travail. Chacune des nouvelles qui compose le cycle du plus connu des barbares est une plongée dans un univers fascinant et dépaysant.
La nouvelle de la Tour de l’Eléphant est, à mon sens, la meilleure de l’auteur car elle ouvre des perspectives étonnantes pour son univers. Conan cherche à se rendre au cœur d’une tour magique où l’on dit que tous les voleurs se sont cassés les dents. Dans une ambiance orientale, l’auteur glisse ici ou là des références à des peuplades aux mœurs étranges et à des cultures qui nous semblent proches dans notre imaginaire collectif mais qui sont, en vérité, un patchwork civilisationnel étonnant. Qui plus est, cette nouvelle est l’occasion pour Howard d’évoquer une fibre science-fictive qui remet en cause l’entièreté du cycle (mais je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la surprise). Il frise avec la science-fantasy et on adore !
Les Clous Rouges est son texte le plus personnel. Conan courre après une guerrière qui se refuse à lui (Simon Sanahujas dans notre podcast revient en détails sur la vie mouvementée de l’auteur) et tombe nez à nez avec une cité à l’ambiance aztèque où deux civilisations s’entre-déchirent. Howard manie ici la plume dans un style si immersif que l’on se croirait presque aux côtés de Conan face à des masques à plume et des sorciers maléfiques. Une vraie splendeur en termes de style et quand on connaît le lien avec la vie personnelle de l’auteur, on en est presque touché.
Howard a écrit plusieurs dizaines de nouvelles mettant en scène ce fier barbare qu’est Conan, je ne peux malheureusement pas toutes vous les citer mais elles mêlent lieux et époques dans un savant mélange, comme si Conan était un grand explorateur prêt à se frotter aux vikings, aux pirates des côtes africaines ou encore aux chevaliers en armure. Lisez et explorez l’œuvre du père de la fantasy moderne, cela vaudra toujours le détour !
Jetez un œil à la première partie de ce dossier !
4.
| Corum de Michael Moorcock
Les œuvres de Michael Moorcock sont un condensé d’heroic-fantasy où l’équilibre entre la Lumière et les Ténèbres est toujours sur le point de basculer. Loin d’un Elric, Corum se déroule dans un univers antique où les dieux conversent avec les Hommes et font parfois pencher la balance en leur faveur.
Les contrées sont de véritables fantasmes aux yeux du personnage principal, Corum, dernier de sa race, qui va arpenter le monde. Lui-même issu d’une culture aux inspirations celtes, il va se frotter à des créatures des Ténèbres qui ne sont pas sans rappeler des dieux de la mythologie nordique. Il rencontrera des sorciers, des nains forgerons qui lui viendront parfois en aide.
Mais attention, comme dans les grandes sagas nordiques ou celtes, le héros demi-dieu a souvent un destin tragique et Corum, bien qu’étant la réincarnation du Champion Eternel, ne fait pas exception à la règle. Attachez-vous à ses alliés et vous pleurerez ! En effet, l’écriture de ce cycle-là est plus humain, plus introspectif, plus solide dans le style. Les cordes sensibles vont être tendues dans cette saga !
A lire, pour ceux qui aiment les combats titanesques à la God of War ! A lire au moins une fois dans sa vie !
Jetez un œil à la première partie de ce dossier !