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Histoire et Imaginaire, un devoir de mémoire

Par Exosk3let
10 minutes 26 juin 2024
Histoire et Imaginaire, un devoir de mémoire

Histoire et imaginaire sont intrinsèquement liés

 
Impossible d'ignorer à quel point la Seconde Guerre mondiale à inspiré Hayao Miyazaki, tandis que la première a servit l'imaginaire de Tolkien. Quand Gilberto Villaroel écrit Zona Cero, c'est pour parler de la dictature argentine. Le Cycle des fondations, d'Isaac Asimov, transpose la chute de l'empire romain et la montée de nouvelles civilisations, à la science-fiction et la conquête spatiale. Quant à Dune, le succès de Frank Herbert, il puise son inspiration dans le combat des algériens pour l'indépendance , l'Islam et la décolonisation, de l'aveu même de l'auteur, font partie des thèmes forts du roman.

L'histoire à toujours été réinterprétée, réutilisée, adaptée, transposée... et il nous paraissait important de rappeler à quel point certains grands combats de l'humanité, ont donné lieu à de grandes histoires de l'imaginaire.

Car le plus grand ennemi de l'histoire, de toutes les histoires, c'est l'oubli.

 

Un dossier écrit avec passion par Exosk3let (Warhammer 40.000), Alex Moon (La Ferme des animaux et V pour Vendetta), Dragonarcane (Nausicaä), Enlivresse (Babel) et Matiou (Dune).

Histoire et Imaginaire, un devoir de mémoire
1 - Les Fauteurs d'ordre : Jaworski déconstruit l'embrigadement et la désinformation
2 - Le Château des animaux : La Ferme d’Orwell a toujours des leçons à nous offrir
3 - Warhammer 40.000 : L'Imperium ou l'avatar des totalitarismes
4 - V pour Vendetta : mort pour la liberté
5 - Nausicaä : le danger du passé au futur
6 - Dune : l'imaginaire et les décolonisations
7 - Babel : les langues au service des colons
8 - Quelques ressources pour aller plus loin
1. | Les Fauteurs d'ordre : Jaworski déconstruit l'embrigadement et la désinformation

 

 

L'avis d'Exosk3let

Ce texte écrit par Jean-Philippe Jaworski à la demande des éditions Denoël Lunes d'encre, forme la pierre angulaire de ce dossier et apporte un regard et une distance au réel nécessaire à la bonne compréhention de ce qu'est un régime autoritaire voire totalitaire.

En 30 pages, le célèbre auteur de fantasy nous plonge dans une ville en mutation. Le régime politique a subitement changé et est devenu incroyablement répressif.

Des abhérations du racisme à l'aveuglement bureaucratique, en passant par les ambitions aux conséquences désastreuses, c'est un chaos qui couve dans ce court récit. Une sombre déconstruction qui s'organise autour des puissants que les fidèles adulent. Ces star à l'art mortifère se moquent ici comme ailleurs du zèle et de l'horeur que leur reigne entraîne.

Gardant son vocable désuet et poignant, Jean-Phillipe Jaworski nous plonge dans un passé qui nous rattrappe et dans les horreurs de l'Histoire que nous voudrions éviter de revoir.

 

L'avis de Dragonarcane 

Comment parler au présent sans être redondant ? Alors que tous parlent de politique, que les discours se ressemblent, comment ne pas se confondre, ni être confondant ? Comment parler juste et fort ? Comment être un auteur d'imaginaire dans un monde réel, trop réel ?

Jean-Philippe Jaworski relève le défi avec le panache de la plume qui est le sienne. Son réalisme cru, ses descriptions cruelles s'épanouissent dans ce monde au bord du précipice, ou plutôt déjà dans sa chute, alors que les vautours ont déjà saisi ses entrailles, en criant à l'ordre et à la morale. En quelques pages, il montre le plomb sous l'or, la faim sous les mots, les loups qui s'en prennent aux loups sous les oripeaux du bien, et du droit.

Le dénouement est plus convenu que dans ses autres écrits : un problème de temps, aussi bien dans l'écriture que dans le récit ? Plutôt le rappel que la mort appelle la mort, la douleur la douleur, et que nul n'y échappe jamais, dans les histoires ou l'Histoire. Celui qui a vécu par l'épée... Et celui qui a vécu par la torture, la dénonciation et le malheur ?

Ce n'est pas une belle morale, il n'y a pas de solution à ce récit, la chape souveraine est en place et restera : l'auteur n'a pas voulu offrir de lumière ou d'espoir à ce monde qui sonne terriblement familier, qu'on sent proche sans être capable de le situer dans le temps ou l'espace. Le mauvais périt comme le bon, mais le bon ne règne pas comme le mauvais. De toute façon, il n'y pas trace de cette espèce dans ce récit, où l'on va du gris sombre au noir profond. Les héros viendront peut-être, mais pas maintenant.

Autrement dit, une fois commencée la descente, il faut l'achever, et la lie sera amère. À bon entendeur !

 

L’avis d’Alex

Court mais intense. C’est l’une des nombreuses éloges que l'on pourrait faire à Les Fauteurs d’ordre, cette nouvelle dystopique de Jean-Philippe Jaworski. En une trentaine de pages, l’auteur dépeint une société autoritaire, obsédée par la pureté de la race, qui se sert de l’ostracisation et de la répression pour s’arroger des biens et des privilèges.
Mais, l’histoire l’a prouvé, l’autoritarisme s’accompagne bien souvent d’un jeu de chaises musicales politique. C’est ce que va vivre le personnage principal, le magistrat Hiero Praetor, qui ne manque pas de zèle lorsqu’il s’agit de punir la pauvreté et le désaccord au nom de l’ordre et de la sécurité. 

En quelques mots, Jaworski nous offre une lecture glaçante, saisissante de réalisme, de la machine à fabriquer des ennemis politiques que peut devenir un Etat. Si l’histoire prend aux tripes, c’est parce qu’elle est si crédible, parce qu’elle nous renvoie aux pires instincts de l’humanité.

Plus que jamais, il est temps d’aiguiser nos esprits critiques et de remettre nos croyances en questions afin d’éviter qu’un jour le pire de l’histoire ne se conjugue au présent.

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