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Salammbô : la figure de Carthage, aux éditions Callidor

Par Aetherys
8 min 3 avril 2023
Salammbô : la figure de Carthage, aux éditions Callidor

Quand on observe dans sa globalité l'œuvre de Gustave Flaubert et que l'on regarde plus en détail le soin apporté à ses recherches précédant chacun de ses récits, on se rend davantage compte de la densité titanesque du monument Flaubertien. Pourtant, si l'on ressort à volonté moults analyses sur l'incipit de Madame Bovary ou sur L'éducation Sentimentale, il est important de parler de son œuvre phare : Salammbô. 

 

 

Si ce récit, écrit en 1862, synthétise toute la puissance et la passion de l'auteur pour l'exercice de l'écriture, il montre aussi, au travers d'un mélange entre récit historique et tragédie romantique, ce qui se présente comme la parfaite antithèse des romans feuilletons, à savoir de véritables romans incarnant la lenteur digne d'une épopée. Mais surtout, c’est le personnage de Salammbô, parangon de vertu et de beauté déchirée entre guerre et amour, qui deviendra le réceptacle d’inspiration dans lequel s'abreuveront des générations d’artistes, peintres, illustrateurs, cinéastes…

 

Salammbô, bien plus qu’un livre, est une figure iconique de la littérature ayant durablement marqué au fer rouge l’imaginaire artistique et littéraire, dépassant les frontières du réel pour s’octroyer une place dans les imaginaires, comme dans son adaptation par Philippe Druillet, en 1980.

 

Aujourd'hui, nous lui avons dédié un dossier entier, centré à la fois sur l'œuvre en elle-même, mais aussi et surtout sur sa réédition au sein du catalogue des Editions Callidor, dans son label Collector. Cette version beau-livre sera analysé sous toutes ses coutures afin de voir quels sont ses apports par rapport aux autres éditions.

 

Salammbô : la figure de Carthage, aux éditions Callidor
1 - Un peu de contexte
2 - L'histoire
3 - Notre avis
4 - Ce qu'apportent les éditions Callidor
1. | Un peu de contexte

Si l'œuvre phare de Flaubert prend son envol après le procès de Madame Bovary, Flaubert rêve déjà, dès 1853, d’Orient et de voyage : « J’ai des prurits d’épopée. Je voudrais de grandes histoires à pic, et peintes du haut en bas. Mon conte oriental me revient par bouffées ; j’en ai des odeurs vagues qui m’arrivent et qui me mettent l’âme en dilatation » , dit-il à Louise Colet dans une de ses correspondances.

 

La genèse de cette fresque épique commence donc dans les recoins de l’esprit de l’auteur, avant l’étape clé de sa réflexion pour délivrer Salammbô, à savoir un travail de documentation acharné et un voyage en Tunisie.

 

 

Flaubert passe ainsi quelques mois à se documenter auprès d'archéologues, de musées, et bien sûr de grands auteurs grecques comme Plutarque ou Hippocrate, le tout afin de dépeindre le plus soigneusement possible, l’antique Carthage. Le voyage, d’Algérie à Constantine, lui permet durant deux mois de s’imprégner des paysages, de l’histoire et du folklore antique, à un tel point qu’il révisera entièrement son projet initial, donnant lieu au Salammbô qu’on connaît. Le projet est alors davantage que l’écriture d’un roman : c’est à la renaissance de Carthage que s'attèle Flaubert durant cinq ans de sa vie, pesant minutieusement chaque mot, chaque pensée, afin de délivrer une fresque à la fois historique et romantique. 

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