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L'Étoile Noire, objet de culte

Par Republ33k
16 décembre 2016
L'Étoile Noire, objet de culte

Depuis son apparition dans le tout premier Star Wars en 1977, l'Étoile Noire est devenue l'un des objets les plus cultes de la saga créé par George Lucas. Pour l'anecdote, le premier plan impliquant un effet spécial réalisé par ILM a avoir été validé par le réalisateur concerne d'ailleurs la fameuse arme de destruction massive et ses tranchées pleines de canons. Un détail parmi d'autres, qui nous prouve que l'engin est intimement lié au succès de l'univers Star Wars et à son histoire devant, comme derrière la caméra.

Et avec la sortie de Rogue One, ce ne sont pas uniquement des personnages comme Dark Vador qui reviennent à la vie, mais également l'Étoile Noire elle-même, qu'on pourrait presque considérer comme un protagoniste récurrent dans la saga, tant son design et ses capacités ont marqué les films qui la composent, du centre de commande sphérique de la fédération du commerce dans La Menace Fantôme à la bio-technologique Starkiller dans The Force Awakens

L'Étoile Noire, objet de culte
1 - L'Étoile Noire originale
2 - L'Étoile de la Mort
3 - Starkiller, l'imitateur
4 - Un engin mystique ?
1. | L'Étoile Noire originale

Vous l'aurez remarqué au titre de ce dossier, je préfère utiliser le terme Étoile Noire pour désigner la première station spatiale de combat de la saga Star Wars, bien que la version originale et le nouveau canon l'appellent plutôt Death Star (soit littéralement Étoile de la Mort, en français) là où le second engin répond au nom de Death Star II (soit Étoile de la Mort II). C'est sans doute une question d'habitude - née des "erreurs" des traductions françaises de la saga - mais j'ai tendance à croire que ces deux noms traduisent aussi une hiérarchie entre les deux engins. On pourrait même voir le terme "Mort" comme un reflet de l'aspect squelettique (en réalité lié à sa construction et non à des dégâts) de la seconde Death Star. Mais cessons de théoriser sur son nom, parlons plutôt de l'engin lui-même.

Sa forme est déjà intéressante puisque fondamentalement, elle jure avec l'aspect anguleux de tous les autres designs impériaux, à l'exception du cockpit du TIE Fighter, peut-être. Un écart esthétique que George Lucas lui-même n'a jamais renié, expliquant que des concepts à l'allure plus anguleux ne fonctionnaient pas à l'écran, alors que le design sphérique était parfait. Notamment parce qu'il permet aux spectateurs et aux personnages de confondre cet engin avec une planète à part entière. En revanche sa couleur est bien plus impériale dans l'âme puisque notre Étoile Noire est en fait grise, dans des tons qui renvoient directement aux TIE Fighters et plus tard, aux véhicules terrestres de l'Empire comme l'AT-AT. Mais comme on peut le voir dans les premiers concepts de Ralph McQuarrie, dont nous reparlons très bientôt, ce gris n'a pas toujours été de mise puisque plusieurs dessins présentent l'Étoile Noire vêtue de bleu.

Le travail de Ralph McQuarrie nous rappelle d'ailleurs que si l'engin a rapidement eu une forme sphérique, plusieurs approches furent étudiées lors du développement de Star Wars. Notamment concernant le superlaser et sa position sur l'étoile artificielle. McQuarrie avait ainsi envisagé que l'arme la plus dévastatrice de l'Étoile Noire pointe vers le bas. Une image qu'on retrouve d'ailleurs dans Rogue One, puisque l'engin est présenté "à l'envers" dans plusieurs plans du film de Gareth Edwards, sans doute pour rendre hommage à son design originel. Mais le super-laser n'est pas le seul élément ayant connu quelques modifications puisque l'Étoile Noire aurait pu contenir une sorte de ville à son "sommet" qui devint finalement une "cité des nuages" au-dessus d'Alderaan, avant de prendre la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, Bespin, dans l'Empire Contre-Attaque. Cette idée de ville flottante fascinait visiblement Lucas et aurait servi d'étape intermédiaire entre le départ de nos héros pour Alderaan et la mort d'Obi-Wan Kenobi, si le budget avait été au rendez-vous en 1976. Il était même un temps question que Vador et Kenobi s'affrontent dans cette cité volante entre la planète et le gigantesque engin.

Plusieurs scénarios de Star Wars et quelques concepts auraient donc pu déboucher sur une Étoile Noire beaucoup moins iconisée. Le fameux "trench run" qui voit les pilotes rebelles tenter de placer des torpilles à protons dans un point faible de la structure n'a par exemple pas toujours été d'actualité, et il était un temps question d'une bombe placée par C3PO et R2-D2. Heureusement, les différents passages des chasseurs, inspirés de plusieurs films sur la seconde guerre mondiale comme Les Tigres Volants, Les Diables de Guadalcanal ou La Bataille d'Angleterre ont su amplifier les dangers incarnés par l'Étoile Noire, qui peut être analysée, symboliquement, de plusieurs manières.

Comme nous le disions il y a quelques jours, George Lucas était un temps destiné à réaliser le film sur la Guerre du Vietnam qui deviendra Apocalypse Now. Et il ne s'en cache pas, les complications qui l'ont éloigné de ce projet n'ont pas balayé ce qu'il comptait dénoncer dans le métrage. Simplement, ses opinions ont été transposées dans un univers de science-fiction. L'Étoile Noire incarne ainsi, et à merveille, la supériorité technologique des Etats-Unis lorsqu'ils partent en guerre face au Viet-Cong, qui tout comme les le rebelles, sont des guérilleros utilisant des techniques audacieuses pour l'emporter. Par ailleurs, en se révélant au public en pleine Guerre Froide, l'engin peut également être vu comme un reflet de la peur de l'arme atomique, bien que Lucas se soit d'avantage exprimé sur la métaphore avec le Vietnam que sur la comparaison avec la course à l'armement. Et pourtant, l'espionnage puis le sabotage des rebelles n'est pas sans rappeler la Guerre Froide, comme le prouve également Rogue One et la planète Scarif, sorte de Los Alamos de l'univers Star Wars, au climat qui n'est pas sans rappeler Cap Canaveral, haut lieu de la conquête spatiale. Comme quoi, les liens entre l'Étoile Noire et l'histoire continuent de s'écrire encore aujourd'hui.

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