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Alien Romulus : retour sur la franchise Alien depuis 1979

Par Aetherys
7 min 11 juillet 2023
Alien Romulus : retour sur la franchise Alien depuis 1979

Parmi les franchises iconiques du cinéma, entre Predator, Indiana Jones (dont on découvre en ce moment la conclusion au cinéma), Terminator, Jurassic Park ( et sa suite, World), ou encore James Bond, la saga Alien initiée par Ridley Scott occupe une place de choix dans l'échiquier hollywoodien.

 

Mais comme toute saga filmique financièrement rentable, Alien a aussi été un parcours du combattant, remanié de bout en bout par son propre créateur, et à l'heure d'aujourd'hui remise en question depuis Alien : Covenant. Avec l'arrivée prochaine de Alien Romulus, réalisé par Fede Alvarez, il peut être intéressant de revenir sur les pas de cette franchise iconique, afin de voir ce que peut encore raconter Alien aujourd'hui.

Doit-on y croire ? Doit-on accepter l'enterrement de la franchise ? 

 

L'histoire d'Alien

Devenue une référence majeure de la SF, la saga a démarré  fort dans le box-office, engrengeant 185 millions de dollars au box-office pour un maigre budget de 11 millions. L'histoire, nous la connaissons désormais tous et toutes, mais on connaît surtout très bien le monstre venu de l'esprit de l'artiste H.R Giger, devenu un des immanquables du bestiaire hollywoodien. La conception de ce premier volet installe Ridley Scott comme LE réalisateur d'une génération, chose qu'il confirmera à nouveau en 1983 avec Blade Runner, et tant d'autres chefs d'oeuvres par la suite... Mais en 1979, Alien est un bloc qui posera les fondations d'un pan de l'horreur SF et de l'histoire du cinéma, que ce soit par sa photo somptueuse ou par le soin aporté aux décors du Nostromo. La réception au box-office dissipe les doutes d'une réception critique d'abord tiède, la machine est lancée.

James "Machine Gun" Cameron

 

Face à un tel potentiel, les suites se succèdent et ramènent à la barre des réalisateurs mythiques : d'abord, le talentueux James Cameron, fraîchement sorti de deux Terminator extrêmement lucratifs.

Aliens, suite plus nerveuse et bourrine que l'horreur intimiste du premier volet, engrange un beau 131 millions pour 18 de budget, et étoffe la mythologie avec l'apparition de la Reine Alien. Pour la Fox, les voyants sont toujours au vert, il faut essorer le filon. 

 

 

La Spirale Infernale de Alien 3

 

Cependant, le troisième volet marque déjà un tournant dans la production chaotique et la volonté de constuire une continuité dans la franchise avec Alien 3, réalisé par nul autre que David Fincher. Premier film du tout jeune réalisateur qu'il désavouera ensuite tout au long de sa carrière, il se verra charcuté de long en large dans son montage, distillant massivement le postulat de départ, et ne laissant même pas à Fincher le bénéfice d'une Final Cut, elle aussi charcutée.  Durant la gestation, on retrouvera le célèbre auteur William Gibson à l'écriture du scénario,  qui claquera la porte à force de demandes de réécritures, pour être finalement remplacé par le duo Red/Twohy. Heureusement pour les fans curieux, Bragelonne a réédité la version papier du scénario remanié  de Gibson, afin de satisfaire votre curiosité de xenomorphes.

 

On vous épargne les multiples problèmes créatifs, que ce soit de choisir de concentrer l'intrigue sur le personnage incarné par Sigourney Weaver ou non, de placer l'histoire dans une prison spatiale ou non... La Fox met très clairement son nez dans le process créatif tout du long et n'épargne aucunement le novice Fincher, qui regrettera amèrement toute sa vie cette collaboration calamiteuse.  Si le budget gonfle la recette à 50 millions de dollars, le film remporte un certain succès commercial (150M), mais n'est pas non plus à la hauteur des espérances des grands pontes de la Fox. 

 

Jeunet et Alien : A Hollywood's Love Story ?

 

Après ce passage technique complexe, Alien 4 remet le pied à l'étrier créatif : le budget gonfle encore pour atteindre 70 millions de dollars, et c'est cette fois le réalisateur français Jean-Pierre Jeunet qui est dépêché par la Fox pour réaliser Alien : Résurrection. Refroidissons cependant nos ardeurs chauvines : la Fox avait d'abord prévu Danny Boyle, Peter Jackson ou même bryan Singer à la réal avant de contacter Jeunet.

 

Si le projet le tente, il y a cependant un point qui a refroidi tous les collaborateurs du projet : le retour de Ripley, malgré sa mort dans le troisième volet. Joss Whedon, scénariste du film, propose donc l'idée d'un retour sous la forme d'un clone, idée que Jeunet accueille tièdement. Finalement, il remanie à sa manière le projet, la Fox lui laissant carte blanche. Le projet propose donc un film Alien avec la patte du monsieur, avec même Caro à la direction artistique ! En résulte un film bardé d'un soupçon d'humour noir qui offre de nouveaux éléments au lore grandissant de Alien. Au box-office, c'est une nouvelle fois une réussite tièdasse, avec 160 millions de dollars engrangés pour un budget qui ne cesse de grossir.

 

Prometheus : les origines d'un mythe

 

Annoncé pour 2012, Alien : Prometheus annonce le grand retour de Ridley Scott aux manettes de la saga qu'il a initié : le rêve de tous les fans qui attendaient sagement depuis 1997 la reprise de cette franchise. Avec un budget de 130 millions de dollars, Ridley Scott explore et remodèle entièrement la mythologie de l'alien en l'inscrivant comme une préquel au premier volet afin de répondre à la grande question des origines du xénomorphe. En plus de compter de grands acteurs confirmés dans ses rangs, tels Guy Pearce ou Charlize TheronPrometheus fait tourner deux révélations : Michael Fassbender (ShameX-Men: Le CommencementA Dangerous Method) et Noomi Rapace (saga MilleniumSherlock Holmes 2).

En résulte un métrage ayant glané un joli 400 millions de dollars, mais qui aura autant divisé qu'un Baman VS Superman. Le film, s'il prend parti de renouveler le mythe de l'alien et d'offrir une réflexion plus poussé sur le concept même de la création démiurgique, se voit aussi blâmé de film "pompeux" s'éloignant trop du concept original de la franchise.  

 

Alien : Covenant, le mythe de trop ?

 

Le généreux box-office de Prometheus conforte sans soucis les pontes de laisser Ridley Scott continuer son remaniement complet de la franchise avec Alien : Covenant, suite de Prometheus sorti en 2017.  Toujours axé sur les Ingénieurs et dans une volonté de faire le lien avec le film de 79, Covenant propose un retour aux sources en revenant à l'essence même de Alien : un dérivé de slasher SF bien sanglant. 

Avec un budget un poil plus léger de 110 Millions, la réception finacière est glaciale, avec  240 millions au box-office, bien loin des espérances de la Fox. La tourmente se confirme dès la deuxième semaine avec une baisse de fréquentation de plus de moitié, ce qui ne fait qu'enterrer le métrage dans les limbes de l'oubli populaire.

A cela s'ajoute surtout une promotion autour du film cryptique, à base de segments du film proposés sous la forme de vidéos Youtube, qui à défaut de combler les trous entre Prometheus et Covenant, continue de semer le doute quant à la filiation entre les deux oeuvres.

 

Le Alien 5 que vous ne verrez jamais

 

Avec l'échec Covenant s'ajoute celui d'une franchise développée et lié à l'univers Alien, qui n'est autre que Predator.  Si les deux films dérivés que sont les Aliens Vs Predator ont rapporté un box office tiède, l'accueil du dernier Predator, réalisé par Shane Black, a été encore bien pire avec un pauvre 106 millions au box office.

Ce double échec confirme alors les craintes de la Fox : la franchise Alien bat de l'aile et n'a finalement eu pour hit absolu que Prometheus. Pas non plus de quoi se vanter face à un MCU enchaînant les milliards aisément. Parmi les tentatives de porter la franchise à l'écran, citons bien sûr le projet du réalisateur sud-africain Neil Blonkamp de donner naissance à Alien 5, tout ça pour être finalement écarté par Ridley Scott, qui ne voit pas d'un bon oeil que d'autres personnes touchent à sa franchise.  

 

Et maintenant ?

Après la douche Covenant, la Fox ne va cependant pas lâcher aussi aisément sa poule aux oeufs d'or. En témoigne l'arrivée en 2024 de Alien : Romulus, réalisé par le tout jeune Fede Alvarez. Ce réalisateur hispanique a pour l'instant opéré sur trois métrages d'horreur : le reboot Evil Dead de 2013,  reconnu comme étant le plus mauvais de la franchise de par son ton bien trop sérieux, le huis-clos Don't Breathe, qui a convaincu le public de par son approche horrifique originale, et enfin producteur sur le dernier Massacre à la Tronçonneuse sorti sur Netflix (très clairement un des grands navets de l'année). 

 

Une carrière en demi-teinte, qui ne doit cependant pas refroidir nos attentes quant à la possibilité pour Alvarez de proposer une excursion intriguante dans le vaste lore d'Alien, et d'au moins passer un bon moment devant un slasher SF à l'ancienne.

 

Mais une problématique reste en suspens : à quel point Romulus sera t-il en retrait par rapport au lore des deux précédents volets réalisés par Scott ? Reverra t-on les Ingénieurs ? Le synopsis proposé sur Wikipedia semble annoncer un casting de teenager et un plot centré sur la planète Terre devastée que l'on retrouve à la fin de Alien Resurrection, mais il y a encore beaucoup de remaniements possibles pour ce film avant sa sortie officielle, donc croisons les doigts...