Afin de faire perdurer un peu la semaine que nous avons consacrée à Blade Runner, nous avons posé quelques questions à Étienne Barillier sur Philip K. Dick. Il nous explique comment est né son amour pour l’œuvre de l’auteur d’Ubik.
L'enseignant, critique et essayiste nous parle aussi de ce qui fit la particularité de cet écrivain singulier dont l’œuvre a marqué à la fois la littérature de science-fiction, le cinéma et peut-être même notre réalité...Je vous connais à travers votre site Dickien et à travers votre livre comme Le Petit Guide À trimbaler de Philip K. Dick, je voudrais savoir comment vous avez rencontré les œuvres dickiennes?
Grâce à un libraire qui un jour, alors que j’étais adolescent, m’a conseillé de lire Dick. Pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression que l’auteur écrivait pour moi. Après, j’étais fichu, j’étais dickien !
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous spécialiser sur cet auteur ?
Le goût du partage et de l’échange. Nous sommes très nombreux à travailler l’œuvre de Dick. J’ai aimé faire le Guide Dick parce qu’il était pensé pour le grand public et non pas pour les amateurs éclairés. J’ai créé dickien.fr quand le Paradick de Gilles Goullet est entré en sommeil avec la même idée de partage et d’échange.
Dans certaines œuvres de Dick, je pense à Ubik notamment, il est parfois question de la notion d’identité. Ma question est simple qui est Dick ?
Un fou pour certains, un auteur majeur pour d’autres, un ami pour bien de ces lecteurs. Philip K. Dick doit toujours être compris en séparant l’homme de sa légende — le drogué, le parano, le mystique. On ne doit pas le réduire à une seule facette.
Philip K. Dick (1928-1982) est aujourd’hui l’auteur de science-fiction américain le plus adapté au cinéma. L’intégralité de ses textes de fiction a été traduite en français, puis a été retraduite afin d’en améliorer le texte qui avait été un peu malmené lors des premières éditions.
Dans toute l’œuvre de Dick apparaissent des thématiques dominantes. Pourriez-vous, nous rappeler quelles sont-elles ?
Le thème du double, celui de l’inquiétude face au réel, de la définition de l’humain, mais aussi l’humour, le surréalisme, la quincaillerie science-fictionnesque. Je n’ai jamais rencontré deux amateurs de Dick qui l’aiment pour exactement les mêmes raisons.
Philip K. Dick peut se targuer d’avoir eu beaucoup de ses textes traduits au cinéma. D’après vous, quel est le film le plus fidèle à son œuvre ?
Plus que la question de la fidélité, je pense que les bons films sont plus importants que les adaptations littérales. Blade Runner, Total Recall, Minority Report marquent tous des dates dans l’histoire du cinéma. Après, quand on se penche sur les textes, on constate l’écart considérable qu’il y a avec le film. Mais Confessions d’un barjo, Radio Free Albemuth sont des adaptations très fidèles.Parlons un peu de Blade Runner. D’après vous, Deckard est-il un replicant ?
Cela dépend de quel montage on parle. Pour moi, je préfère qu’il n’en soit pas un. Parce que cela lui donne une progression, une évolution beaucoup plus subtile. D’un autre côté, j’aime aussi l’idée que l’on ne puisse pas répondre de manière définitive à la question. Cela la rend plus belle, non ?Il y a chez Dick un questionnement sur la réalité, sur la vérité, sur le faux semblant. Au cours des dernières élections américaines, la notion de fake-news a été au cœur de l’actualité. Aujourd’hui le milliardaire Donald Trump est devenu président des États Unis. Pensez-vous que notre réalité est tirée d’une fiction de Philip K. Dick ?
Comme le dit Ariel Kyrou, nous vivons dans les mots d’un auteur de science-fiction.Philip K. Dick n’a pas pressenti notre présent. Mais son œuvre est au cœur de nos interrogations actuelles. C’est peut-être nous qui l’avons rattrapé, finalement.
Merci pour ses réponses !
J'invite tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’auteur de Blade Runner de lire le petit guide à trimballer de Philip K. Dick qu’Étienne Barillier a écrit. Je vous recommande aussi de suivre le site dickien.fr qu’il consacre à cet écrivain. On le remercie en tous cas une dernière fois pour nous avoir éclairé sur la question K.Dick.