Les licences adaptées en jeux vidéo ont toujours connu la vie dure. Si certains films Disney ont eu le droit, dans les années 90, à leurs jeux de qualité (Le Roi Lion et Aladdin en tête), les licences les plus fameuses ont toujours eu leurs adaptations des plus fumeuses. Des jeux dont nous avons tous forcément été confrontés un jour.
Pourquoi ? Simplement parce plus jeune, il était incroyablement difficile de lâcher un gros tas de billets pour s'acheter un jeu vidéo alors que l'on se battait avec ses 15 francs d'argent de poche par mois. Il fallait donc compter sur les grandes occasions et sur Papa et Maman pour donner à manger à notre pauvre console qui criait famine dans son coin. Et rien n'est plus rassurant qu'une licence connue lorsqu'on arrive devant un rayon plein à craquer de jeux vidéos aux jaquettes plus psychédéliques les unes des autres. C'est ainsi que nous sommes tous retrouvés avec des jeux que nous avons probablement aimé à l'époque mais qui se révèlent être de véritables croutes.
Bon, c'est facile de taper sur ses parents et il est vrai que nous avons aussi tous des faibles pour des licences particulières. Il devient difficile de résister lorsque l'on apprend que celle-ci aura le droit à une adaptation sur sa console préférée. Et c'est bien là toute la fourberie qu'ont toujours constitué les adaptations de licences en jeux vidéo. La légende veut que le coût de la licence soit en moyenne égale à la moitié d'un budget total de développement. Moins le café et les salaires de l'équipe, il ne reste plus que 3€ pour faire un jeu qui laissera finalement ses ambitions au placard.
2014. Si certains éditeurs ont difficilement compris qu'il valait mieux ne pas faire de jeu plutôt que de sortir des expériences à moitié finies comme The Amazing Spider-Man 2, d'autres commencent à prendre conscience qu'il serait peut-être intéressant de faire des jeux de qualité avec des licences fortes. Le calcul de base est pourtant simple : licence forte + jeu de qualité = beaucoup d'argent. S'il aura fallu attendre que la qualité de ces jeux soit au plus bas pour avoir ce genre de constat (je me souviens encore avoir pleurer de grosses larmes après l'achat de Star Wars: Le Pouvoir de la Force 2), il semble que la fin de l'année nous réserve quelques adaptations de licences à surveiller.
La Terre du Milieu: l'Ombre du Mordor
Annoncé en novembre dernier, La Terre du Milieu: l'Ombre du Mordor tombe relativement comme un cheveu dans la soupe puisque c'est sur un pan totalement inédit de l'univers créé par J.R.R. Tolkien que va s'arrêter le jeu de Monolith Studios. Évidemment, il n'y a rien d'anodin à sortir un nouveau jeu se déroulant dans l'univers du Seigneur des Anneaux en octobre prochain puisque Warner Bros. connait son calendrier et sait qu'à cette époque de l'année, le vent sera dans son dos avec la promotion du prochain film de Peter Jackson, The Hobbit: The Battle of Five Armies.
L'Ombre du Mordor promet d'être ambitieux et si Monolith Studios s'est clairement inspiré de Batman Arkham et d'Assassin's Creed -une polémique voulant même que des lignes de codes du jeu d'Ubisoft se soient retrouvées dans ce dernier-, le studio a compris qu'un bête copier-coller de quelque chose d'existant ne suffirait pas pour s'attaquer au terrain des jeux open world/action. Ainsi, Monolith mise sur un système de jeu qui jouera clairement dans la balance lors de la promotion du jeu.
Cette feature de gameplay majeure du jeu nommée le système Némésis permettra aux orcs ennemis qui croiseront le fer avec Talion, le mercenaire et héros malgré lui du jeu, de se rappeler de leur précédente altercation avec lui, si le combat ne se solde pas avec une tête en moins pour son opposant. Un système ambitieux qui permettra notamment, comme le montre la vidéo de gameplay ci-dessous, de pouvoir laisser intentionnellement un ennemi en vie dans un but stratégique.
Évidemment, il faudra attendre le résultat final pour véritablement se
faire un avis sur la qualité finale du jeu mais il faut avouer, que l'on
soit fan du Seigneur des Anneaux ou non, que la Terre du Milieu: L'Ombre du
Mordor est un jeu qu'il faudra surveiller. D'autant plus
qu'il devrait y en avoir pour tout le monde étant donné que le jeu
sortira le 7 octobre prochain sur PC, PS4, PS3, Xbox One et Xbox 360.
Alien: Isolation
Le hasard fait bien les choses (ou non, suivant l'état de son porte-feuille) puisque le 7 octobre verra aussi s'installer une autre adaptation ambitieuse, Alien: Isolation. Les Xénomorphes ont toujours eu la vie plus où moins dure en jeux vidéo et le seul moyen qu'ils ont trouvé pour s'en sortir était de s'allier avec leurs cousins Predators en 1999 avec Aliens VS Predator. Malheureusement, la dernière décennie n'a pas été en faveur de la bête designée par le regretté H.R. Giger, notamment avec le très moyen Aliens VS Predator de 2010 et l'abyssal Aliens: Colonial Marines sorti en 2013 et pourtant développé par Gearbox Software (Borderlands).
SEGA, qui possède la licence, a décidé de faire table rase du passé et a confié le développement d'Alien Isolation aux équipes de The Creative Assembly, connues pour leur travail sur la licence Total War. Un studio pas véritablement habitué au genre du FPS. Et ce regard plutôt neuf sur la licence offre un jeu qui s'annonce assez prometteur puisqu'il promet de s'orienter plus du côté horreur que du côté action. En puisant ses inspirations du côté de jeux d'horreur à la première personne de ces dernières années comme Amnesia, Slender ou encore Outlast, le studio tape dans le mille.
Fortement inspiré du premier film de Ridley Scott (1979) dans son ambiance, Alien: Isolation ne porte pas son titre pour rien puisqu'il mettra le joueur dans la peau de la fille d'Ellen Ripley, Amanda, alors qu'elle se retrouve seule à bord d'une station spatiale. Il faudra réussir à survivre en passant une difficulté moindre, la présence d'un seul Alien dans la station. Pour s'en sortir, la meilleure solution sera de se fier à son fameux détecteur qui ferra de plus en plus de bips au fur et à mesure que le cousin de Freezer (dans sa troisième forme) se rapprochera de notre héroïne pour mettre un terme à sa fuite.
La solitude sera donc au premier plan dans le jeu qui promet d'allier habilement des phases de courses poursuites haletantes avec des parties de cache-cache dans une station vide qui pourrait faire penser à ce pauvre Isaac Clarke. Le tout dans des décors rétro-futuristes dans la droite lignée de l'idée qu'on se faisait du futur à la fin des années 70. Des tubes cathodiques partout !
Star Wars
Enfin, il ne faut pas oublier un (très) gros morceau. Star Wars a toujours plus ou moins réussi à esquiver le problème de l'achat de licences puisque George Lucas, en grand fan de jeu vidéo et probablement en visionnaire, décide dès 1982 de créer son propre studio de jeu vidéo, LucasArts. Malheureusement, celui-ci aura à peine fêté ses 20 ans que Disney décide de le fermer en avril 2013, quelques mois après avoir racheté la licence.
Si beaucoup ont pesté à l'époque, il ne faut pas oublier que cette fermeture était clairement un mal pour un bien puisque LucasArts n'était plus à la hauteur de sa "grande époque". Il faut avouer que le studio a traversé sa plus grande crise en 2010, alors que Paul Meegan prend la direction du studio et enchaîne les décisions incompréhensibles comme l'arrêt du développement du Pouvoir de la Force 2 et l'annulation pure et simple du troisième épisode. Le premier épisode avait clairement divisé mais était globalement bon et constitué la seule licence forte du studio à l'époque.
Il était donc plus facile pour Disney de fermer le studio plutôt que le conserver avec ses difficultés et confier Star Wars à un éditeur qui en avait sous la pédale. Et quel éditeur puisqu'il s'agit d'Electronic Arts, qui annonce le deal en mai 2013. Avec des studios comme BioWare, DICE ou encore Visceral Games, Star Wars a véritablement de beaux jours devant lui en jeux vidéo. D'autant plus que récupérer la licence n'a pas du être facile pour l'éditeur qui a sûrement fait quelques sacrifices économiques pour plaire à Disney, notamment en annonçant qu'il n'y aura pas de jeux tirés des films principaux. L'éditeur promet de la qualité et la meilleure preuve reste de mettre ses studios phares sur des projets se déroulant il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Ainsi, Star Wars: Battlefront III dont le développement chaotique a commencé il y a (aussi) longtemps chez les studios de Free Radical, avant de passer chez Rebellion puis chez Pandemic, studio qui disparaîtra avec la sortie de The Saboteur. Finalement, le jeu disparaîtra dans les limbes du jeu vidéo avant de miraculeusement réapparaître l'année dernière avec une vidéo teaser dévoilant que les équipes de DICE (Battlefield) travaillent sur le titre qui pourrait arriver en fin d'année. Ceci pendant que Visceral Games, à l'origine de l'excellent Dead Space, travaille aussi sur un jeu qui sera écrit par nulle autre que Amy Hennig, précédemment à l'œuvre sur Uncharted. Et entre vous et moi, BioWare travaille clairement sur Mass Effect 4 mais mon petit doigt laser me dit que l'après Star Wars: The Old Republic est déjà en marche dans le studio...
Ces projets donnent clairement envie de croire que les éditeurs ont enfin compris qu'une adaptation de licence en jeu vidéo méritait un soin aussi minutieux que n'importe quel autre jeu. Évidemment, il y aura toujours des expériences médiocres d'éditeurs qui compteront plus sur la rentabilité d'un jeu pas cher à développer et rapportant un paquet de billets verts sur son nom. Cependant, les choses semblent clairement en mouvement et il faut croiser les doigts pour que cette perspective de fin d'année se précise pour les années à venir. La meilleure façon d'être fixé est d'attendre deux petites semaines pour l'E3 qui montrera les tendances du média vidéoludique pour les mois à venir !