«
Quelquefois je me dis que la preuve la plus certaine que la vie existe ailleurs dans l’univers est que personne n’a essayé de nous contacter.»
- Bill Watterson
L'espace est infini ! Cet étendu de possibilités sans fin doit forcément cacher quelque chose. Pourquoi serions-nous les seuls à squatter tendrement une planète alors que nous sommes la preuve vivante que la création d'une espèce intelligente est possible ? En attendant le premier pas d'un petit bonhomme vert (ou bleu, ou rouge, ou jaune, ou marron ou translucide) sur notre chère planète bleue, les auteurs de science-fiction; scénaristes; réalisateurs; game developers se sont donnés du mal pour créer leur propre représentation de l'Alien.
À chacun son image de l'extraterrestre et si, à titre personnel, je les imagine comme des écrevisses géantes, les différentes strates de notre culture ont permis d'explorer le mythe de l'extraterrestre pour finalement faire ressortir plusieurs types de ces bêtes venus du confin de la voie lactée. Ce mythe de l'inconnu a toujours plus où moins existé dans l'inconscient collectif et certains peuvent voir en Dieu une personnification de cet être spatial, venu des étoiles dans le but de créer la vie un dimanche. C'est vrai que le dimanche, on s'emmerde un peu. Mais existe t-il une forme plus pure de l'être extraterrestre que l'autre ?
Bien souvent les petits gris sont imaginés comme des conquérants de l'espace dont le but est de conquérir (bien vu !). C'est dans leur quête folle qu'ils vont forcément trouver notre adresse pour tout casser et nous asservir. Cela avant que l'homme décide, pour le bien commun, de s'allier pour afin de renvoyer ces créatures immondes dans le trou noir perdu. Et oui, car pour que le tout le monde s'aime ici bas, il faudra attendre qu'une menace pèse sur la tête de tous. Ce genre de scénario fait évidemment référence à des films comme La Guerre des Mondes, Independence Day ou même Mars Attack. James Cameron participe d'ailleurs à ce genre en renversant la tendance, plaçant l'humanité comme le méchant belligérant qui décide de prendre contrôle la planète des Na'vi dans Avatar. Les rôles sont inversés puisque nous sommes les conquérants mais tout se finit dans la (presque) bonne humeur parce que, dans le fond, nous sommes des gentils.
Mais le plus souvent, les extraterrestres sont la personnification de la peur de l'inconnu qui va avec la conquête spatiale. Si la connaissance de notre monde s'accroit au fur et à mesure des générations, l'espace est un recoin de notre univers que nous ne pouvons pas atteindre, contraints à zyeuter ce qui s'y passe à travers nos télescopes. L'humanité n'aime pas ne pas savoir mais l'inconnu nourrit l'inspiration de certains qui voient déjà un Empire Galactique en passe de nous conquérir. Dans le fond, qu'est-ce qui prouve que non ? Dans un registre similaire, Ridley Scott amène un nouveau prédateur dans notre basse cour, l'Alien (ou Xenomorphe). Dans son film sorti en 1979, l'humanité est encore en phase d'exploration de la galaxie et l'équipage du Nostromo s'arrête sur une planète, LV-426. C'est alors qu'une forme inconnue d'extraterrestre réussit à s'incruster sur le vaisseau d'Ellen Ripley, dévorant tout sur son passage. La créature, purement binaire au premier abord n'a qu'un seul objectif: anéantir les humains.
Mais il est aussi intéressant de noter que contrairement aux barbares auxquels nous l'assimilons, la vie extra-terrestre est parfois vue comme une figure presque sainte dont le but sera de guider l'espèce humaine à un prochain stade d'évolution. C'est un peu dans ce registre que l'humanité, toute jeune pièce de l'échiquier infini, réussira tout de même à se faire une place au sein de l'Alliance Galactique mise en place dans Mass Effect. Évidemment, les choses se corsent un peu par la suite puisque menée par le Commandant Shepard, l'humanité va rapidement devenir une des espèces les plus puissantes de la galaxie. Au point de prendre en main la bataille contre les Moissonneurs. Une vision probablement un peu trop américanisée de la question mais qui a le mérite de placer l'espère humaine comme adolescente au sein d'un univers qui ne l'a pas attendu pour évoluer. De quoi remettre à leur place les personnes qui oublient que nous ne sommes pas le centre du (des) monde(s).
Mais l'univers mis en place par BioWare ne fonctionne seulement qu'en partant du postulat de base que tous les extraterrestres parlent américain (fuck yeah!) ou que nous ayons trouvé un moyen de tout traduire avec une oreillette bluetooth. Possible. Mais comment imaginer une présence extra-terrestre sur notre planète ? Nous avons probablement tous en tête l'image de l'arrivée d'une soucoupe extraterrestre attendue par une délégation humaine, colombes en mains. Le vaisseau se pose, la rampe coulisse et nous découvrons le premier visiteur de l'espace. S'en suit évidemment une bonne poignée de mains et une bonne bouffe à la Maison Blanche (oui, les aliens se poseront forcément aux US) à laquelle François Hollande est convié. Pourtant, c'est hautement improbable, voire même impossible.
Si la science-fiction admet que la vie extraterrestre a pu connaître une évolution physiologiquement différente de la notre, il n'en serait rien de son évolution philosophique. Car la communication, c'est quand même important. Il arrive d'ailleurs dans certaines œuvres qu'humanité et vie extraterrestre n'arrivent pas à se comprendre du moins, dans un premier temps au moins. C'est d'ailleurs tout le propos du film de Steven Spielberg, Rencontre du Troisième Type, d'E.T., aussi, ou encore du brillant District 9 de Neil Blomkamp. Ici, les extraterrestres, bientôt surnommés les crevettes en raison de leur physique proche du Palaemonidae, arrivent sur Terre sans crier gare. Calés en plein milieu de Johannesburg, en Afrique du Sud, ceux-ci ne vont pas tarder à descendre de leur bus spatial pour errer. Sans but et sans connaissances de leur réel objectif, qui est finalement de rentrer chez eux, les humains vont devoir apprendre à gérer leur présence sans jamais apprendre à communiquer. Un point de vue assez intéressant d'autant plus que le réalisateur glisse habillement le spectateur du côté de l'humanité et des crevettes à travers le personnage joué par Sharlto Copley, Wikus Van de Merwe.
La question extraterrestre est donc passionnante et ouvre de nombreuses portes dans les différents pans de notre culture puisqu'elle est bien souvent la représentation des aspirations de l'humanité. Une chose est sûre, il est plus paradoxalement plus logique de croire à une vie extraterrestre que l'inverse. Et puis, si l'on en croit Alien Theory (Pro-tip : don't do this) et les plus grands illuminés de ce siècle, les humains et les aliens se seraient déjà croisés. Eisenhower aurait même claqué la bise à l'un d'entre eux et on leur devrait, selon la légende, les magnifiques statues de l'île de Pacques !