En furetant sur Internet pour voir ce qui se disait de Snowpiercer, j'ai été surpris de voir qu'à aucun moment ce film ne rentrait dans la (sacro-sainte) catégorie du "post-apo", c'est à peine si cela est évoqué. Pourtant, dès que le journaliste en culture pop peut placer "univers dystopique" ou "monde post-apocalyptique", il ne va se pas gêner, nous les premiers. C'est la nouvelle mode geek, le nombre de films de science-fiction qui font référence à un "Grand Cataclysme" sont en pleine expansion, rien que sur l'année écoulée, nous pouvons en dénombrer un certain nombre.
D'Oblivion à After Earth en passant par Pacific Rim qui n'échappe pas à la règle avec son Hong Kong dévasté, le monde en a encore pris plein la gueule. Le futur nous laisse entrevoir de beaux spécimens du genre avec entre autre le retour très attendu de Mad Max par George Miller. Mais ce dernier est peut-être la cause du problème évoqué plus tôt. Pourquoi, alors que nous ne pouvons qu'admettre que Snowpiercer est un film post-apocalyptique, il n'est pas traité comme tel ? Parce qu'il ne répond sans doute pas aux standards visuels d'Hollywood quand il s'agit de montrer une Terre qui a été dévastée, le plus souvent par une bonne vieille Guerre Nucléaire.
Car souvent, sur les collines de Los Angeles quand on veut bien démontrer que nous avons un monde ravagé par la folie des hommes, on nous montre la bonne vieille étendue désertique. Oui, Oblivion remplit les critères et paye sa dîme à un Mad Max trop ancré dans l'imaginaire des faiseurs de blockbusters, tandis que Le Transperceneige et ses paysages glacés à perte de vue ne rentrent pas dans des conventions tacites. Pourtant ce dernier est sans doute plus proche de ce qui pourrait se passer après un holocauste nucléaire où les masses de poussières soulevées par les explosions cacheraient durablement le Soleil, nous entraînant alors dans une nouvelle ère glaciaire
L'exactitude scientifique n'est cependant pas aussi forte qu'une tradition visuelle qui montre encore une fois la frilosité de producteurs qui se réfèrent trop souvent à leur glorieux passé plus qu'à une véritable exploration de leur œuvre. Pourtant, Mad Max faisait lui-même référence au Mother Sarah de Katsuhiro Otomo, cherchant ses inspirations ailleurs. Car il est assez dangereux pour un Art de s'auto-alimenter, l'Ouroboros culturel consistant à toujours s'appuyer sur ses prédécesseurs ferme les frontières de l'imaginaire.
Bien sûr, cela n'influe pas directement sur la qualité d'une œuvre, mais si l'on creuse toujours dans le même sillon, alors quelle sera la découverte ? Nous aimons forcément revenir vers nos classiques, et oui, faire un Fallout de temps en temps, comme se refaire un Mad Max (le 2 comme une évidence), c'est toujours plaisant (bon en vrai, c'est quand même l'éclate totale). Mais est-ce que pour autant nous avons envie de revoir encore et encore les mêmes univers ? On parle tout de même de cultures de l'imaginaire. Si on arrête d'imaginer, ce n'est plus du comble, c'est de la paupérisation du genre.
Alors certes, nous répétons souvent qu'Hollywood est dans une crise d'originalité. Ce n'est cependant pas sa première, et ils ont toujours su rebondir pour se réinventer. C'est tout de même lors d'une de ces périodes de renouveau que des Francis Ford Coppola, des Steven Spielberg et des Martin Scorcese ont débarqué et révolutionné plusieurs genres, comme ça. C'est le moindre mal que l'on souhaite à un cinéma qui a toujours su survivre (pas comme la Cinecittà par exemple) à ses périodes de doute(s). Tiens, je me ferais bien Waterworld moi...