À l'heure où la bulle culturelle s'installe confortablement chez les amoureux de Pop-Culture du monde entier, celle-ci connait ses premières crises de bulle informative, à l'instar de la pluie de Hoax autour des dates de Retour Vers le Futur 2 parue l'année dernière sur les réseaux sociaux (petit point pour ceux qui veulent faire les malins en soirée en lisant juste le titre d'un article facebook : c'est le 21 octobre 2015, et c'est pas autrement), des secret soi-disant cachés (sic) de Fight Club ou des générateurs de Buzz creux qui sont devenus la signature des spécialistes en la matière, quand ils ne chassent pas les clics à grands coups de debunk malhonnêtes de buzz nés chez leurs concurrents directs.
Pourtant, ce week-end, les lignes ont bougé. En effet, un site américain du nom de Retrozap (presque jamais sourcé, comme c'est toujours le cas quand l'eau virtuelle est pleine de sang et de requins) s'est attaqué au saint des saints, Sa Majesté Star Wars. Et si la prélogie est aujourd'hui encore la source de plus de bastons et de discussions agitées que l'éternelle question de savoir si le Picon-Bière surpasse la Bière, son Épisode III semblait être le seul à réunir un semblant de consensus global au regard de sa qualité et de son ambition. La preuve en est : celui-ci est aujourd'hui le sujet d'une nouvelle chaîne informative qui se répand aussi vite qu'un mauvais spam, et qui est surtout traitée façon téléphone arabe par des médias pressés de scriber, mais surtout pas d'expliquer, de détailler.
Au coeur de cette future traînée d'explication floue dans vos soirées entre passionnés ? Padmé, mère de Luke et Leïa, avatar de la plus pure beauté et centre de l'avenir de la galaxie, tant son emo-Jedi de mari semble prompt à partir au quart de tour à la moindre vexation. "Et si la reine Amidala n'était pas mort pendant l'accouchement ?" Voici le point de départ d'une théorie qui paraît loufoque pour les uns, complètement acquise pour les autres depuis la sortie du film en Mai 2005 - c'est le cas de mon cher Republ33k, qui semblait étonné que je lui énonce ce postulat qui m'avait absolument échappé, malgré mon amour pour les secrets d'Hollywood et les différents niveaux de lecture d'un film, dans son écriture comme dans sa réalisation.
Que cette théorie, qui s'appuie donc sur les dires de Palpatine face à Anakin, quand il lui parle de son mentor Dark Plagueis (un Sith tellement à l'aise avec la Force qu'il peut créer la vie, ou empêcher la volonté de vivre chez n'importe qui), soit plausible n'est pas tellement l'intérêt. On peut effectivement imaginer que Lucas, à l'écriture, ne laisse pas un tel indice (aussi pesant pour son univers étendu en matière d'échelle de pouvoirs) au hasard, et que c'est effectivement pour mieux justifier le constat du Droïde qu'il a laissé cette ligne de texte dans le montage final de son film. Pour rappel : "For reasons we can’t explain, we’re losing her. That reason is the Force! We don’t know why. She’s lost the will to live."
Là où le bât blesse, c'est quand ce qui démarre comme un leg d'un fan à d'autres, fruit d'une enquête et d'un lourd travail de synthèse, devient une machine à clics sur la toile, reprise par des sites qui copient/collent images et textes, souvent avec une traduction à peine plus fine que ce bon vieux traducteur Google, mais avec des pubs dans tous les sens, chose que n'osait pas le site aux origines du buzz. Pour rappel, le plagiat n'est pas que l'oeuvre d'artistes, et mettre un lien vers la source - quand c'est le cas - pour mieux justifier un article bâclé sur l'autel de la productivité, ce n'est pas bien fonctionner. Évidemment, je suis le premier à me réjouir de voir la toile s'enflammer pour un détail qui change pas mal de choses dans la mythologie Star Wars 10 ans (!) après la sortie d'un film, mais c'est là aussi que la responsabilité du lecteur rentre en jeu : si vous voulez respecter le travail de Retrozap - qui marge à beaucoup moins de partages et de lectures que ses collègues plagiaires prospecteurs d'audience sur leur simple nom, rendez-vous sur son site, partagez le-lui, et apprenez à condamner les pratiques fallacieuses des fermes de contenu où l'actualité est gérée comme un troupeau de poulets en batterie.
Inutile de le préciser, mais ce n'est pas cette situation en particulier qui (me) choque, c'est d'avantage une pratique qui est en train de se généraliser à partir d'articles au contenu généreux - les news et leur flot continu sont à ranger la catégorie de l'actu' chaude, sans qu'aucun lecteur ne se sente jamais engagé. C'est pourtant le cas, jusqu'à ce que les contributeurs abandonnent leur précieux travail face au gavage des "plus gros", bien contents que les limites de la reprise d'information sur le Web soient si floues. Quant à nous, nous vous parlerons de cette fabuleuse théorie dès ce soir avec le Popcast #23, afin de rendre hommage à ces "anonymes" qui font du Web le plus fabuleux espace de partage qui, comme la vraie vie, ferait bien de gagner en respect et en dignité. Comme dirait le grand poète Morsay : "Clique, Sal*pe."
Que la Force soit avec vous. ❤