Chaque semaine, on doute un peu plus de l'industrie vidéo-ludique. Des portages PS4 et Xbox One dans tous les sens, des licences qui ne veulent pas jeter l'éponge, et des comportements pas toujours réglos envers les plus grand créateurs du milieu, en témoigne le récent scandale entourant Hideo Kojima, le créateur de Metal Gear. Va-t-on aux devants d'une période trouble pour nos consoles et PC ? Essayons d'en savoir plus en analysant les différentes licences qui font ou feront l'actualité vidéo-ludique.
Comme à Hollywood, ces licences sont à la fois source d'espoir et de lassitude. On les attend de manière presque schizophrénique : guettant le moindre trailer, la moindre info', pour mieux renier les titres quelques mois avant (ou quelques jours après) leur sortie. Et comme du coté du cinéma de divertissement, ces licences s'accrochent, elles connaissent notre névrose et souhaitent en profiter aussi longtemps que possible.
A ce titre, il n'est pas rare de constater le retour de certains titres cultes en pleine exploitation d'une "nouvelle" génération de consoles. Comme si les premières années, pleines d'espoir, s'étaient envolées pour laisser la place à la désillusion la plus totale : d'un côté, on retrouve maintenant des dizaines de portages pour PS4 et Xbox One, de l'autre, on doit trouver son compte dans l'énième épisode d'une licence déjà bien exploitée.
Prenons pour exemples Gears of War et Halo, assez symptomatiques de cette résistance des licences. Deux noms qui ont été abandonnés par leurs créateurs originaux (Epic Games d'un côté et Bungie de l'autre) et qui appartiennent désormais à leurs éditeurs, prêts à tout pour les faire durer, mais trop occupés par leur retour pour prendre le temps de les réinventer, de les repenser. Après tout, en dehors de leurs graphismes (et encore, ceux de Halo 5 n'ont pas l'air bien géniaux) qu'est ce qu'ont à apporter un nouveau Gears of War ou un nouvel Halo ? Sans doute pas grand chose. Et c'est pourquoi chaque épisode décevra un peu plus que le précédent, jusque qu'à ce que la licence soit vide de tout contenu. Et c'est plutôt triste à dire quant on sait qu'Halo a tout simplement révolutionné le FPS en ligne, par exemple.
Mais bien heureusement, le retour en demi-teinte de licences comme Gears of War, Halo, Killzone ou encore Infamous est progressivement nuancé par l'arrivée de nouveaux titres. Pour continuer la comparaison avec le cinéma de divertissement, on pourrait même dire que là où les licences semblent mener Hollywood dans une impasse, elles donnent au jeu-vidéo les armes pour se défendre. Reste à savoir si les joueurs, les studios et surtout les éditeurs décideront de les prendre pour proposer de nouvelles expériences.
Qu'à cela ne tienne, on notera l'arrivée remarquée d'outsiders, qui sont assurément capables de faire bouger les lignes. The Order 1886 par exemple. Qu'on soit d'accord ou non avec le traitement cinématographique du titre de Ready at Dawn, ce TPS propose une aventure semblable à aucune autre, qui se déroule dans une ambiance Steampunk aussi riche qu'impressionnante. On peut également citer Bloodborne, un Hack'n'Slash à la direction artistique tout à fait singulière, à mi-chemin entre le film de monstre et les romans de Charles Dickens. On pourrait aussi revenir sur Evolve, qui prend les paris du gameplay asymétrique et du coopératif à l'heure où les FPS font la part belle à l'exploit individuel et à l'action immédiate.
Mais le meilleur espoir est pour le moment Overwatch. Assez représentatif de la question des licences d'ailleurs, puisque le titre nous vient de chez Blizzard, qui s'apprête à tourner la page (au moins provisoirement) sur deux de ses titres phares : World of Warcraft et Starcraft. À la relève, Overwatch donc, un shooter compétitif aux airs de cel-shading, qui s'apprête à secouer le petit monde très disputé des FPS.
A supposer que ces licences parviennent à s'imposer, d'une manière ou d'une autre, on pourrait enfin vivre le tournant promis par la génération de consoles PS4 et Xbox One. En attendant, les vieilles recettes et les portages semblent étouffer le potentiel de ces machines, condamnées à faire tourner les même titres d'une année à l'autre.
Et comme dirait un certain maître Yoda, il y a peut-être un autre espoir, à trouver du côté du crossmédia, bataille menée par toujours plus de licences pour survivre. A l'heure où Star Wars s'apprête à revenir sur le grand écran, le changement pourrait venir de l'intérieur, et naître de grosses machines comme Battlefront, qui ont le potentiel pour imposer de nouvelles mécaniques de gameplay et des standards graphiques inédits. Des titres, qui en somme, seraient assez gros pour satisfaire les éditeurs et leurs financiers, et assez attendus pour que leurs originalités soient acceptées par les joueurs, progressivement endormis par des jeux trop neutres pour être remarqués. L'avenir est plein de promesses, et pourrait bien réunir créateurs et joueurs à l'aide de nouvelles et belles licences qu'on espère voir fleurir chaque semaine un peu plus dans les bacs de notre revendeur favori.