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Édito #59 : Wes Craven, un héritage entre VHS et Pop-Corn

Par Sullivan
31 août 2015
Édito #59 : Wes Craven, un héritage entre VHS et Pop-Corn

Déjà chargée des disparitions de Leonard Nimoy et Christopher Lee, 2015 perd de nouveau un grand nom du cinéma Pop' aujourd'hui après l'annonce de la mort de Wes Craven, réalisateur reconnu pour ses trois sagas majeures : La Colline a des Yeux, Les griffes de la Nuit et Scream. 

Dépositaire des soirées Pop-Corn / VHS, Wes Craven sonne chez moi comme ce souvenir précieux de soirées où l'on découvrait le cinéma, son histoire moderne vaguement transgressive et ses rouages scénaristiques primaires entre amis, bravant les interdictions aux moins de 12 ans chez Video Futur et découvrant la notion même de "plaisir coupable", boissons gazeuses dans une main, biscuits au chocolat dans l'autre (remplacez-les par le fameux combo bière / burgers x pizzas plus tard). 
 
Pourtant, à l'heure de livrer un regard sur l'immense carrière d'un réalisateur sous-estimé par ses pairs et son propre public, il est évident de donner à Wes Craven cette reconnaissance face à un cinéma old-school, pourtant jugé trop moderne et trop générationnel par ses pairs à bien des reprises. Craven, c'était l'amour de faire peur, voire même d'affronter sa peur si l'on en croit ses dires : "it gives us a way of thinking rationally about our fears. Horror films don't create fear, they release it-"

De La dernière Maison sur la gauche à Scream 4 en passant par 29 films derrière la caméra et plus d'une centaine de projets écrits et/ou produits, retour sur la carrière d'un second papa pour tous ceux qui ont saigné leur magnétoscope dans les 90's.
 

 
C'est en 1972 que commence la carrière de celui que ceux qui l'ont côtoyé considèrent comme "un homme doux", avec un film qui fera sensation auprès de la critique américaine bien rangée, The Last House on the Left. Mettant en scène Sandra Peabody, une actrice à la carrière éphémère mais culte pour les fans de séries B des années 70, le film sera remaké des années plus tard, en 2009, à l'image de nombreux classiques de Wes Craven.
 
Surtout connu pour son travail artistique en tant que scénariste ou réalisateur, Craven n'a pourtant pas oublié d'être un producteur malin tout au long de sa carrière, lui qui mettra toujours un point d'honneur à se faire financer ses films pour mieux investir sur d'autres projets auxquels il croyait, se servant de son nom de "gars sûr de la K7" pour mieux rassurer les studios au moment d'allonger le chéquier.  S'en suivront bien sûr la saga des Griffes de la Nuit (qui compte aujourd'hui beaucoup trop de films et de suites médiocres pour être totalement culte au delà de son statut de premiers frissons pour de nombreux spectateurs), La Colline a des Yeux et La Créature du Marais, trois créations sur lesquelles il va s'appuyer pendant toutes les années 80. Alors ami et collègue de John Carpenter (pour qui il réalisait un caméo aux côtés de Sam Raimi dans le cultissime Body Bags, une jolie triforce), Wes Craven a toujours présenté la particularité de proposer un classicisme bienvenu dans sa réalisation, particulièrement au moment de choquer les spectateurs, peu habitués à la violence graphique et à la démence de ces films. 
 
C'est d'ailleurs avec cette recette qu'il connaîtra son plus gros succès dans les 90's, alors qu'il se reconverti déjà en producteur prêt à laisser remaker ses propres films par des jeunes talents de l'horreur à Hollywood (dont son fils spirituel Alexandre Aja). Ce succès, c'est Scream, saga culte auprès des 15 - 35, pour qui Ghostface Killer n'est pas qu'un rappeur, mais bien une figure majeure de l'horreur et d'un de ses genres, le slasher. Et si personne n'arrive à savoir quel est le meilleur opus, c'est bien à cause de cette notion de plaisir coupable face à des films à la structure identique, aux confins du thriller et pourtant si classiquement slashers, tous portés par des blondes qui se font gratuitement poignarder. Parce qu'avec des Pop-Corn, de la boisson, des amis et une TV Cathodique, pas besoin de constamment réinventer le cinéma, juste de le servir avec une recette bien maitrisée. 
 

 
Produit d'une époque où un réalisateur et son film étaient les parfaits alibis pour justifier les faits divers les plus sordides à la TV, Wes Craven a toujours su se mettre à l'écart et protéger sa vie privée, à tel point que son nom est devenu au fil des années synonyme d'un type d'horreur bien particulier, parfois trop moderne pour ses contemporains, et pourtant ô combien old school à travers le prisme actuel. Et c'est avec ce nom en forme de Label du bon slasher que le réalisateur va revenir aux affaires en 2011 avec Scream 4, désireux de montrer qu'il n'est pas cet ex-futur géant de l'horreur des 90's, capable de livrer un petit bijou d'humour méta' parfaitement dans son temps, et dernière pierre d'une fabuleuse carrière. Atteint d'un cancer depuis plusieurs années, celui qu'on pourrait appeler Tonton Frisson laisse derrière lui un bagage inestimable, celui d'avoir fait vibrer des millions de spectateurs à travers le monde, dans la pénombre d'une pièce illuminée par des tubes cathodiques et ambiancée par les cris de victimes innocentes et des fans aux mains tremblantes.